[INTRIGUE 1.1] En perdition

Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

En perdition

Intrigue # 001 ▬ Animée par Aura·

1er juin 1000

Il en a fallu, des négociations acharnées, pour que la matriarche Gaïane accepte la présence d’un zeppelin touristique au-dessus de Déméria ! Mais ça y est, l’autorisation a fini par arriver : l’Astrolabe, aéronef de croisière très réputé pour la qualité de ses séjours, a officiellement la permission de promener ses passagers dans les cieux démérians. Lui qui d’ordinaire effectue des circuits oisifs entre l’Ancrage et Sombreciel a cette fois adapté son parcours. Une partie de ses riches passagers a embarqué à Euphoria pour le départ le 17 mai ; d’autres à l’Ancrage, entre le 20 et le 23 mai ; et d’autres enfin à Edenia, à l’issue d’une escale exceptionnelle de trois jours entre le 26 et le 29 mai pour permettre à tout le monde un tourisme très profitable aux commerces du coin.

Les passagers viennent de tout Arven. C’est si rare, de pouvoir découvrir Déméria depuis les nuages ! Pour l’occasion, l’Astrolabe prévoit de remonter le Dragon jusqu’à la jungle, de la survoler pendant une journée en allant vers le nord, puis de suivre la bordure des montagnes jusqu’à la frontière cielsombroise ; avant de redescendre en contournant Arhab, jusqu’à la frontière ansemarienne, puis de revenir au point de départ à Edenia. Un trajet d’une bonne quinzaine de jours, ponctuée de multiples haltes ici et là afin de découvrir le folklore local.

Ils sont nombreux, à bord : une vingtaine d’hommes et femmes dans l’équipage, et une trentaine de passagers très fortunés (ou avec des connaissances très bien placées). Pour le moment, il est midi au troisième jour de la croisière démériane, et sur le pont certains se détendent en profitant d’un soleil de printemps, menant leurs petites affaires privées…

Tour 1

Consignes

▬ Juste pour le plaisir

▬ Récapitulatif des participants :

Spoiler:

▬ Temporalité
• IRL : Ce tour commence le dimanche 5 avril et prendra fin le samedi 11 avril (tant qu'on est encore samedi sur votre fuseau horaire, c'est bon).
• IRP : Troisième jour de la croisière, nous somme le 1er juin. Le tour commence à 12h précises et se termine lorsque votre personnage part dormir.

▬ Limite de mots et mise en forme
• Votre premier post (et seulement lui) ne comporte aucune limite de mots.
• Les posts suivants sont limités à 700 mots maximum selon ce compteur.
• Merci de bien vouloir indiquer, sous spoiler en fin de post, votre compteur de mots et un résumé succinct de vos actions.
• Afin d'éviter les cafouillages, indiquez précisément à quelle heure se déroule l'action que vous décrivez.

▬ Informations générales
• Vous êtes sur un zeppelin, pas un canoë ! C'est grand, il y a un dedans et un dehors, vous ne pouvez PAS savoir ce qui se passe à l'autre bout du pont ou dans les cabines. Un minimum de logique, pour permettre à tout le monde de poursuivre tranquillement ses objectifs respectifs.
• Vous avez quasiment tous des objectifs que vos personnages gardent confidentiels. Vous n'êtes pas extra-lucides et ne pouvez donc pas deviner au premier regard les buts cachés de vos petits camarades. Jouez le jeu, les enfants.
• Le Destin pourra éventuellement vous attribuer des missions supplémentaires par MP. Ces missions sont facultatives et vous n'êtes pas obligés de les accomplir ! Si vous pensez que cette mission ne correspond pas au caractère de votre personnage, faites-le savoir au Destin qui ajustera sa proposition. Remplir votre mission pourrait éventuellement mener à des conséquences supplémentaires en fin d'intrigue.

▬ L'Astrolabe
• Seuls les familiers de petite taille (pouvant monter à bord dans vos bras) sont acceptés sur l'Astrolabe. Les autres restent au sol, au point de départ ou dans la campagne.
• La partie démériane de la croisière a commencé au départ d'Edenia le 30 mai.
• Une escale a eu lieu à l'embranchement du Dragon le 31 mai, au jour 2, dans une petite ville prospère nommée Roquelilas, célèbre pour ses fleurs raffinées et ses parfums délicats.
• Nous sommes au jour 3 de la croisière, le 1er juin. L'Astrolabe s'engage au-dessus de la jungle vers 11h.
• Le repas est servi au réfectoire, à l'intérieur du compartiment habitable. Il y a un chef à bord, la nourriture est très raffinée, vous êtes servis comme au restaurant. Il y a des alcools raffinés.
• Sur le pont se trouvent des bancs et sièges pour admirer le paysage, des parasols pour se cacher du soleil. On peut jouer au ballon ou au badminton. Une estrade surélevée permet, si l'on a emporté des jumelles, d'observer le sol. Un petit orchestre de trois musiciens (violon, flûte traversière et saxophone) joue des airs propices à la détente (sur le pont quand il fait beau, au salon-réfectoire quand il pleut).
• Dans la pièce qui sert de réfectoire pour les repas, les tables peuvent se replier dans le plancher pour aménager la pièce en salon le reste du temps. Il y a une bibliothèque le long des murs, des canapés, des tables de jeu.
• Aujourd'hui, il fait beau et frais, pensez à un petit foulard pour ne pas attraper froid.

▬ Consignes spécifiques à ce tour
• Pour le moment, tout va bien ! Installez vos personnages dans la croisière, racontez un peu vos motivations d'être à bord, les raisons de votre voyage, ce que vous observez, si vous avez le mal de l'air ou le vertige (coucou, Aubrée chérie, le Destin est fier de toi), papotez entre vous, réglez vos petites affaires. Profitez du beau temps !

▬ Spéciale dédicace du Destin
VOUS M'AVEZ TELLEMENT MANQUÉ, PETITS DRAGONNETS.
J'ai tuné le ravin spécialement pour votre retour, jantes chromées et musique de kéké avec les basses à fond.
Pour le QG, en cas de question, c'est par ici.

Code:

• [b]1er juin 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t155-intrigue-1-1-en-perdition#1122]En perdition[/url] - [i]Intrigue #001[/i]
Un zeppelin en perdition est forcé d'effectuer un atterrissage d'urgence dans un territoire hostile. Rescapés, soyez prudents !

Ces adolescents ! Ils vont me donner des cheveux blancs avant l'heure ! Plus la fin de notre voyage approche et plus ils sont excités ! Entre Judicaël qui disparait pour, je le pense, faire exploser quelque chose et Madeline qui, elle s'écarte du groupe pour aller fantasmer sur ce pauvre Lionel ! Je commence à en avoir par dessus la tête. La main sur l'épaule de ce petit mage futur destructeur, je le mène d'un pas décidé vers notre petit groupe. Je suis ici depuis maintenant trois jours, et j'ai déjà hâte d'être à demain. Ce voyage n'est pas de tout repos, même si, je dois l'avouer, la perspective de monter à bord d'un zeppelin pour un voyage dans les airs m'avait beaucoup plu… Au début. Nous sommes ici, mes élèves et moi, dans le cadre d'une sortie scolaire, dans le seul et unique but d'observer deux arcanistes dans leur travail. Observer, sans les déranger, mais en nous permettant quelques petites questions quand le moment semblait opportun. J'étais reconnaissant à Lionel d'avoir accepté de participer à cette sortie. Notre relation n'a pas toujours été aussi cordiale, et, même maintenant, j'ai du mal à comprendre pourquoi il a accepté. Pas simplement au nom de notre amitié je suppose. Mais c'est un arcaniste, il a surement ses raisons… Je compte mentalement mes élèves et soupire. Je ne me rappelais pas que les hormones avaient un effet aussi dévastateur sur le bon sens de l'être humain… Etais-je ainsi à leur âge ? Ils sont si… Mais qu'ils arrêtent de bouger ! Je vais finir par en perdre un autre ! Et voilà Clarence qui s'éloigne discrètement avec une demoiselle qu'il a rencontré hier. Je l'appelle d'une voix forte et autoritaire. Il faut qu'ils comprennent que, tant que je n'aurais pas donné le feu vert pour le quartier libre, ils ne me quittent pas. Une fois le groupe réuni, nous allons retrouver Lionel et sa collègue arcaniste. Il est midi à peu près, il sera difficile de les garder tranquille jusqu’au repas, les estomacs commencent à gronder.

"- Moi, je mange maintenant. Ta mère m'a refait son mélange de fruits et légumes du marché.
- Mon frère, comme tu dois être bien sur la terre ferme… Le seul avantage a avoir cette troupe avec moi, c'est que j'en oublie ma nausée.
- Cesse de te plaindre, tu vas gâcher mon repas ! Si ça peut te rassurer, dis toi que tu es comme eux quand l'automne vient.
- La faute à qui ?"

J'entends le rire de Fengo dans mon esprit et souris. Le cerf est heureux, là où il est. Quand j'ai appris que le zeppelin ne pouvait l'accueillir, je me suis senti coupable de le laisser seul.
Mais lui, bien au contraire, était satisfait. Notre dernier voyage en bateau a été un enfer pour lui, alors un zeppelin… Il est resté dans la forêt près d'Edenia, et vient une fois par jour chez mes parents pour manger.
Nous finissons par rejoindre Lionel. Pour l’heure, nous allons nous diriger vers le réfectoire pour le déjeuner. Nous mangerons avec les deux arcanistes, cela permettra aux élèves de passer du temps avec eux. Ensuite je pense leur donner une heure de quartier libre, et nous passerons à la séance de questions réponses prévues pour cet après midi. Après cela, un court entraînement, et nous laisserons les arcanistes à leur travail. Voilà qui suffira à occuper la journée des élèves. Le quartier libre leur permettrait d'aller jouer au ballon, s'exercer à la magie (sous ma surveillance) ou aller compter fleurette, comme Clarence savait si bien le faire. Les filles iraient sans doute essayer les parfums achetés à Roquelilas la veille... J'ai fais pour ma part l'acquisition d'une fiole à l'odeur délicate. Ce sera pour remercier ma mère d'avoir nourri Fengo. Je demande à mes élèves de profiter du temps d’attente pour le repas pour préparer toutes les questions qu’ils souhaitent poser aux arcanistes, sauf, bien sur, la question qui brûle les lèvres de Madeline. “Non, je ne sais pas si Lionel est célibataire ou non, tu m'as déjà posé la question, et je t'interdis de lui demander.” C'est ce que je lui ai dit ce matin, au petit déjeuner, mais je vois qu'elle a du mal à se contenir. Elle ne le quitte pas des yeux. On aurait dit un chien devant un rôti. Je lance un regard à Lionel et souris. Quand je pense que j'ai tenté de le faire mien, il y a bien des années... Je me revois en train de le courtiser, et essuyer un refus ferme qui a bien failli détruire définitivement ce bourgeon d'amitié qui a ensuite germé. Cette malheureuse histoire est aujourd'hui du passé, et on en parle sur le ton de l'humour. Mais je ne cesse de me dire que c'est quand même bien dommage qu'il ait dit non ce jour là. Il ne sait pas ce qu'il rate.

Si Madeline apprends ce que j'ai tenté de faire, elle n'en reviendrait surement pas. Elle voit surement en moi l'image d'un professeur studieux, préférant le travail à l'amour, qui ne sort que très rarement de l'académie… Elle voit pourtant bien que, pendant les entrainements, j'ai de l'énergie à revendre, alors pourquoi ne pas l'employer à d'autres fins ? Je sors de ma rêverie pour revenir vers les élèves en pleine réflexion. Ils sont tous réunis, plongés dans leur discussion sur les questions à poser... Moi qui croyait devoir faire la police, je me suis trompé. Ils sont absorbés par ce qui les attends cet après midi. Voilà une bonne nouvelle, cela me laisse un peu de répit. Ils savent que c’est leur dernière occasion de faire le plein d’informations sur le métier d’arcaniste. Sans doute se doutent-ils de l’interrogation qui risque de tomber à notre retour. J'en profite pour laisser mon esprit voguer à la rencontre de celui de Fengo. Je sens maintenant sur ma langue le gout de la pomme qu'il est en train de mâcher. Hum… J’ai bien envie d’une tarte aux pommes maintenant...

Spoiler:

17 mai 1000 – Euphoria (Sombreciel)
Tu es excitée comme une puce à l’idée de monter à bord de l’Astrolabe pour aller jusqu’en Déméria. Tu as presque fait exprès d’utiliser tout ton venin rare afin d’avoir une excuse pour rejoindre Hiéranie. Tout le monde n’y verra que du feu, tu es connue pour être quelqu’un d’organisé et jamais tu ne te serais laissée déborder par le manque de stock de tes poisons… Tu aimes tellement voyager, parfois, tu montes dans un zeppelin à Euphoria juste pour faire un petit tour en Sombreciel, admirer le paysage vu du ciel et juste profiter tout simplement. Tu es assise, donc aucun risque pour toi à ce niveau-là, tu fais quand même attention quand tu dois te déplacer.

Peu de personnes sont réellement au courant de cette excursion :
- Ljöta est au courant que tu vas chercher du venin et t’a demandé de garder un œil sur sa protégée Aubrée Aifedottir. Mission que tu as bien entendu acceptée ! Tu la protégeras du mieux que tu pourras sans faire faillir sa propre mission à bord.
- Mélusine, bien sûr, à qui tu ne peux rien cacher et qui est au courant de tous tes faits et gestes, ou presque, quand elle ne sait pas quelque chose, c’est que tu as surement oublié de lui en parler. Elle sait que tu vas chercher du venin et voir Hiéranie, elle t’a expressément demandé de TOUT lui raconter dans les moindres détails.
- Castiel, comme tu t’absentes quelques jours, tu ne veux pas qu’il s’inquiète de ne plus te voir dans le palais. Tu ne veux pas qu’il fasse appel à toutes les forces de l’ordre, qu’il alerte tout Sombreciel pour retrouver sa sœur disparue, donc tu le préviens toujours quand tu pars. Il sait que tu vas en Déméria par l’Astrolabe pour du tourisme et le Pas de l’Ombre.
- Et bien sûr, Hiéranie qui t’attend à Edenia et avec qui tu dois passer quelques jours du 26 au 29 mai 1000. Tu en profites également pour aller voir Gauthier Coeurbois, écoutant de Déméria pour lui demander comment vont les « affaires » dans la nation des fleurs. Et tu n’oublies pas d’acheter ce qu’il te faut en venin et autres ingrédients pour tes poisons que tu ne trouves qu’en Déméria. La proximité avec la jungle rend les produits démérians plus rares qu’ailleurs.

30 mai 1000 – Edenia (Déméria)
Tu dis au revoir à Hiéranie sur le quai d’embarquement, sous les regards outrés de certains démérians, à qui tu lances d’un ton plus que naturel « Et encore, là vous n’avez rien vu ! » tout en montant calmement à bord du zeppelin avec un petit rire devant leurs visages décomposés. Tu adores voir les visages choqués des démérians face aux mœurs cielsombroises. Tu as fait tomber le voile à ton arrivée en Déméria pour porter un haut-de-forme orné de fleurs véritables pour faire honneur à la nation des fleurs. Hiéranie suivra le zeppelin du sol à cheval et te récupérera à l’arrivée.

1er juin (14h) - au-dessus de la jungle (Déméria)
Tu te promènes à bord du zeppelin, Gudule, ton araignée est bien entendue à tes côtés, posée sur ta poitrine telle une broche qui vient orner ta robe sombre. Le jaune de ses pattes et son corps ressort. Tu as pris tes précautions en emmenant plusieurs potions contre les vertiges et les pertes d’équilibre, tu sais que cela ne suffira pas, mais ça pare un petit peu les symptômes. Tu as emporté, à peu près, toute ta vie dans tes bagages parant toutes les éventualités « s’il fait froid », « s’il fait chaud », mais également quelques herbiers notamment l’herbier de Déméria et celui spécifique à la jungle qu’Hiéranie t’aide à compléter.

Tu fais bien attention de te tenir et tu t’assoies quand tu sens que ton corps va te lâcher. Cela ne t’empêche pas d’aller jusqu’à l’estrade surélevée pour observer la jungle avec tes jumelles.
Tu regardes si tu ne vois pas Hiéranie au sol, tu veux lui faire coucou de l’Astrolabe, mais la végétation est tellement dense que tu ne vois pas grand-chose. Tu en profites quand même pour admirer ce paysage sauvage. C’est fascinant.

Spoiler:

Ce voyage est une découverte. Une opportunité, pour la dame d’Euphoria, de porter le progrès au coeur même du territoire démérian. Samuel n’a jamais jusque là mis les pieds en Déméria : plus jeune, la guerre et son statut l’en ont empêché – qu’irait y faire un morveux cielsombrois ? Une fois apprenti, puis compagne de plein droit, c’est sa profession même qui l’a retenu au sein de la nation qui l’a vu naître. Par la charge de travail, majoritairement, par l’envie de conquérir d’abord ces terres qui l’ont vu naître. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui lui a manqué, d’aller un jour explorer les autres territoires. Comme tant d’autres il a le goût de l’exploration et de la découverte, l’envie de connaître ce qu’il ignore encore. Ce n’est pas de sa faute si jamais l’un des membres de la haute noblesse démériane ou même ansemarienne n’a voulu faire appel à ses précieux – et horriblement chers – services ! Pas de sa faute si, du fait de son agenda de plus en plus chargé, il n’a pas pu faire de voyage d’agrément dans ces nations !
Aussi, lorsque Séverine de Mauve – cliente fidèle, connaissance appréciée – lui a proposé de le suivre dans une aventure touristique par-dessus la nation des fleurs, il a presque immédiatement accepté. Presque immédiatement signifie ici qu’il lui a bien fallu s’assurer que la gouvernante de la maison d’Euphoria soit apte à gérer derrière lui les possibles conflits du temps de son absence, et lui laisse le gros des choses sur son bureau. Il lui a aussi fallu, par conscience professionnelle, avertir sa supérieure à l’Ancrage en lui détaillant à mots voilés les raisons d’un voyage aussi long, alors qu’à Euphoria bien des choses attendent sa juridiction.
« La nouveauté fascine et fait parler, votre Grâce. Si je doute d’être le seul de notre guilde à bord, j’aurai tout du moins la chance et le privilège de voyager aux côtés des plus grands. En bien un mois de voyage au départ d’Euphoria, j’aurai le temps de me consacrer ainsi à ce métier que je continue d’exercer avec plaisir et honneur. » Aux côtés des plus grands, ses oreilles vont traîner, ses mots vont s’orienter de manière à les faire parler, ses sourires se feront engageants de manière à toujours obtenir plus d’eux.
« Et, conclue-t-il, vous me connaissez, ma Dame. Vous savez mon engagement pour notre profession et son ouverture à ceux de mon genre. Un tel voyage permettrait sans nul doute une visibilité certaine. »
Par visibilité certaine, Samuel entend là leur montrer le premier – et le meilleur – des compagnons.

C’est dans cette optique qu’il a embarqué aux côtés de la dame de Mauve le 17 mai… Avec, il faut se l’avouer, sans doute autant de bagages que ladite dame. Il a laissé Caliban à terre – le précieux a le mal de l’air, et on ne l’aurait pas accepté –.
Et ils sont partis.

Leur première escale à Edenia a été pour le sulfureux brun l’occasion de descendre aux côtés de Séverine et de découvrir avec, il est vrai, des yeux d’enfant émerveillé, une capitale qu’on lui a contée et décrite. Libéré quelques heures par sa cliente, il a pu aller saluer la dame à l’antenne de la guilde, consœur qu’il apprécierait presque. Le reste de leur temps à terre a été pour lui l’occasion de faire quelques légères folies financières. Légères.
Au vu du prix payé par Séverine pour sa compagnie prolongée, il peut se le permettre. Il achète pour certaines de ses filles des souvenirs d’une nation, pour sa sœur, pour ses parents.
Leur deuxième arrêt, dans une bourgade nettement moins vibrante qu’Edenia, a su susciter l’intérêt de Samuel. On lui a vendu une ville de parfums inouïs, pensez-vous ! Fils et frère de parfumeuses, enfant au nez délicat ayant grandi dans cette ambiance, il n’a pu qu’attendre avec impatience !
Le moins qu’on puisse dire, sans parler de déception, c’est que tout ce qu’il a pu sentir était radicalement… Différent. Bien loin de tout ce qu’il porte souvent sur sa propre peau – mélange intoxiquant, lourd, envoûtant. Ici, la subtilité des notes parfumées prend des allures de mensonge diffus et de secret.
(Il en a tout de même pris un flacon. Qui sait ? Parmi ses illustres clients, le changement pourrait leur plaire. )

Hormis ces escales, leur vie est bien réglée : Samuel évolue et papillonne autour de la noblesse existante avec l’aisance naturelle des compagnes, toujours aux côtés de sa cliente. Il joue de son sourire, charme un peu, s’amuse, dialogue avec la vivacité d’esprit qui lui est propre. Retient tout, surtout, les plus petits murmures, les rapprochements, les confessions, potins, faux secrets. Même aux côtés de Séverine, comme en ce moment, il ne cesse d’observer. Chaque soir, il lui faut bien quasiment une heure pour mettre par écrit ce qu’il a retenu. Utile ou non.

Cet après-midi, peu après le repas – bien que Samuel n’ait que peu mangé, comme à son habitude –, l’ambassadrice lui a proposé d’aller prendre l’air sur le pont. Voilà bien deux heures et demie, trois heures sans doute, que le zeppelin a commencé à fendre les cieux au-dessus d’une dense mer d’émeraude, et sans doute le spectacle vaut-il le coup d’oeil…
Et il faut bien se dégourdir les jambes loin des jeunes qui, on ne sait pourquoi, ont embarqué ils y a quelques jours. Qui a eu cette merveilleuse idée ?

Spoiler:

30 mai – Edenia (Déméria)

Au départ d’Edenia, le brigadier est dans les derniers à monter à bord du zeppelin. Entre autres par sécurité ; entre autres aussi par désir de passer le moins de temps possible dans les airs, à flotter au-dessus de Déméria. Zéphyre et lui ont accueilli le groupe d’élèves et le professeur Belorme et n’ont pas manqué de saluer les invitéEs de marque présents à bord de l’Astrolabe.

C’est d’ailleurs l’une d’entre elles, que Lionel regarde. Une dame portant un élégant haut-de-forme généreusement fleuri qui en embrasse une seconde, de dame, sans se gêner. Comment en serait-il autrement, venant de l’une des excentriques soeurs du pas moins excentrique roi de Sombreciel ? « Et encore, là vous n’avez rien vu ! » Il ne peut pas retenir un petit sourire amusé et baisse le regard lorsque la dame de Séverac passe près de lui, se disant que peut-être, ainsi, elle ne peut pas voir la rougeur qui a envahi ses joues. Ou son regard qui brille, à penser à de tels adieux enflammés, avec une autre personne... « Rebienvenue à bord, dame Mélisende. »

1er juin, 13 h à 14 h – réfectoire, au-dessus de la jungle (Déméria)

La prochaine fois qu’il lui viendra la riche idée d’accepter ce genre de petit voyage, rappelez-lui de refuser.

Lionel a le sommeil quelque peu léger, depuis sa montée à bord de l’Astrolabe. Son travail - double, triple, quadruple ? - en est la justification première : entre les élèves, l’enquête discrète et la surveillance des étrangers, importants ou non, il y a déjà de quoi faire. Alors, y rajouter en plus son malaise général quant à la navigation aérienne… vraiment, il aurait dû écouter Gaïane et envoyer une seconde arcaniste, au lieu de s’entêter.

Il est toutefois trop tard pour se plaindre et il lui reste seulement à prendre son mal en patience et à imposer son teint parfois pâlot, parfois tout à fait terreux, à Zéphyre et aux élèves. Son appétit lui-même s’est endormi et malgré le délice qu’est repas proposé, il chipote et éparpille distraitement sa nourriture dans son assiette. Aussi parce qu’il échange avec la petite Azalée (au grand dam de Madeline, ce qu’il ignore) : « Le professeur Belorme m’a dit que tu seras en Ansemer, pour les deux prochaines années. Qui sera ton mentor ? Monsieur Andrew McAllister, monsieur. Je connais bien Andy, répond-il, et le visage de la jeune femme s’éclaire. Nous avons été basés ensemble pendant deux ans. » Et les souvenirs et anecdotes (les plus convenables) de s’étaler, en tentant de ne pas en enlever à la séance de questions et réponses qui prendra place en après-midi. Juste assez pour encourager les étudiants à encore mieux préparer leurs questions.

Le repas terminé, les jeunes mages affairés à décider de leur programme de l’après-midi, Lionel s’adresse directement à leur tuteur pour la sortie : « On se revoit à 15 heures », dit l’arcaniste au professeur avec sympathie - un petit sourire compatissant après un regard pour les six garnements qui s’égosillent derrière lui. Il prend son congé - ou presque, puisqu’il se retourne vers une autre jeune mage, soit celle qui le suit comme une seconde ombre, depuis leur arrivée sur le zeppelin. « Zéphyre, prends cette heure pour toi. Repos, c’est un ordre. » Il la connaît, la nièce de Gaïane : s’il ne l’arrête pas, elle s’entêtera dans son zèle à faire ses preuves jusqu’à l’épuisement, et il n’a pas besoin d’une arcaniste épuisée.

Spoiler:

1ER JUIN – 15H

C’est une mission bien peu ordinaire que l’on a confiée la jeune arcaniste : escorter un groupe de l’académie (et répondre à mille et une questions d’étudiants impressionnées par le prestige des mages d’élite de Déméria), enquêter sur des soupçons de contrebande avec la coopération des policiers de l’Ancrage (et parvenir à identifier lesdits policiers et à se concerter sans donner l’alerte aux criminels), et enfin, et surtout, veiller à ce qu’aucun des étrangers présents à bord ne commette d’impair impardonnable. Il ne manquerait plus qu’un de ces riches touristes ne soit blessé au cours de la croisière ! Pitié, restez tous sagement en sécurité, prie Zéphyre avec ardeur, à chaque fois que son regard se pose sur un de ces passagers prestigieux. Est-ce que l’on contrôle les identités, a-t-elle demandé, au départ d’Edenia. Et son brigadier de répondre, l’air quand même assez crispé, que le groupe compte la sœur du roi de Sombreciel et son ambassadrice, et qu’il vaudrait mieux éviter de vexer l’irascible monarque. Bien reçu, chef. Zéphyre n’en est pas moins enchantée de cette mission extraordinaire, qui change agréablement des entraînements avec les guerriers de la caserne, des poursuites de criminels en cavale, et des gardes interminables des portes des appartements royaux. Elle préfère veiller sur la petite princesse : au moins, ces jours-là, peut-elle profiter de la compagnie de ses jeunes cousines, qu’il s’agisse d’Olivia ou de Maeve, pour passer du temps… en famille.

Elle est quand même flattée, Zéphyre, que ce soit elle l’arcaniste désignée par Lionel pour lui prêter main-forte. Elle sait bien qu’il n’a pas fait l’unanimité lors de sa nomination – et elle soupçonne certaines morts étranges d’avoir été la réponse de sa tante Gaïane aux doléances de ses agents – mais elle est tout de même fortement reconnaissante au frère du défunt roi d’avoir pris la peine de superviser la clôture son apprentissage. Cela veut forcément dire qu’il a confiance en elle, pas vrai ? « Ou alors qu’il t’a trouvée idéale à jeter en pâture à six adolescents surexcités », chuchote la voix amusée de Mascarade dans le creux de son esprit. Bon. Elle n’a pas forcément tort non plus, et Zéphyre gratouille affectueusement la tête de la demoiselle panda, roulée en boule contre elle sur le lit étroit de leur minuscule cabine. Une petite sieste digestive d’une heure, voilà ce que le brigadier leur a ordonné ; et même si la mage a difficilement accepté de se détacher de son supérieur qu’elle escorte comme son ombre depuis leur embarquement, elle doit bien admettre qu’un peu de calme est plus que bienvenu.

Qu’est-ce que ça piaille, un adolescent… !
Bien sûr, c’est flatteur d’être l’objet de tant d’admiration, même si celle des deux petites Démérianes doit être un peu usante, pour Lionel. La rançon du succès… ! Le soupçon de jalousie que Zéphyre devine dans le regard de la jeune Madeline la fait sourire : la jeunette supporte mal que le brigadier s’intéresse plus à Azalée qu’à sa propre personne. Indulgente, Zéphyre se promet de trouver un moment pour discuter avec la malheureuse étudiante : après tout, elle-même a le privilège insigne d’avoir été la première apprentie arcaniste du brigadier, après avoir été formée par la brigadière précédente, ce n’est pas rien ! C’est cette fierté intérieure qui la rend généreuse envers les moins chanceux qu’elle, et l’arcaniste a le sourire aux lèvres lorsqu’elle rejoint son supérieur dans le petit coin tranquille qu’il leur a réservé sur le pont. Un peu pâlichon, un peu crispé, mais toujours aussi digne qu’à l’habitude. Peut-être que le grand air lui fera du bien ? Pleine de sollicitude, Masquarade dans les bras, Zéphyre s’installe à ses côtés, attendant patiemment le troupeau d’adolescents qui s’égosillent à proximité. « Ça va, chef ? Tu veux que je m’en occupe ? Pour te laisser le temps d’enquêter… » Loin d’elle l’idée de suggérer qu’il aurait bien besoin d’un bon petit somme, quand bien même ce serait vrai ! L’enquête, ça c’est un motif honorable de repli dans sa cabine tout aussi microscopique que la sienne.

Derrière eux, une cavalcade indique que leurs protégés les ont retrouvés. C’est parti pour une session de questions-réponses… !

Spoiler:

17 mai - Euphoria (Sombreciel)

Séverine ne manquait pas d’occasions de voyager en raison de son titre d’ambassadrice et partageait son temps entre Sombreciel, Arhab, Abyme et l’Ancrage. Toutefois, Déméria était un territoire généralement en-dehors de ses déplacements usuels comme elle n’avait pas besoin d’y représenter Castiel. Par ailleurs, les trois nations où elle devait paraître l’occupaient déjà bien assez. Elle avait fait bien attention d’étudier leur coutume. D’apprendre le nom de chacun des nobles hauts placés, de chacun des hommes et des femmes au pouvoir. Elle savait qui devait être assis à côté de qui lors d’un festin et quels personnalités ne devaient jamais être réunies. Cela avait été un long travail, de longues heures passées à la tâche. Malgré toute la bonne volonté du monde, elle n’aurait certainement pas été en mesure de s’enfoncer dans le crâne encore plus d’informations de la sorte pour couvrir Déméria et aussi Ansemer. D’ailleurs, si elle était curieuse à propos de Déméria où elle avait eu à quelques rares occasions eu la chance de mettre les pieds, elle n’avait aucun intérêt pour Ansemer. Sauf peut-être… elle avait vu des portraits de l’amiral et du tribun, tous lui semblaient très plaisants au regard, pour le moins. Enfin, puisqu’elle avait l’occasion de faire un petit voyage, ses talents n’étant pas nécessités ni auprès du sultan, ni auprès de la järlesse ou des échevins, les quelques affaires à régler à Mauve étaient sous contrôle, il était temps de s’accorder un peu de temps pour cultiver son propre plaisir et à l’annonce d’une expédition touristique à bord d’un zeppelin, Séverine s’était pressée de s’assurer qu’elle ferait partie des passagers et s’était octroyée la compagnie de la Dame d’Euphoria, rien de moins. Les divertissements ne manqueraient certainement pas à bord, mais la présence de Samuel rendrait l’expérience plus amusante, surtout qu’on ne pouvait prévoir à l’avance quels gens peu raffinés les rejoindraient. C’est au bras de sa plaisante compagnie que Séverine monta à bord du zeppelin. Et avec un peu moins de joie qu’elle a découvert dans ses bagages la présence de son familier alors que la pauvre duchesse avait dû rester au sol, sa maîtresse craignant qu’elle n’ait le mal de l’air.

30 mai - Edenia (Déméria)

La Mauve avait été ravie de descendre à Edenia et de libérer aussi Samuel de ses fonctions. Elle ne manquait pas de fleurons, mais les services d’une compagne de ce rang restaient tout de même dispendieux. Et puis, autant elle adorait sa compagnie, autant pour le magasinage parfois, il valait mieux être seule, sous peine de se voir voler jupons et voiles : le Cielsombrois avait énormément de goût, naturellement Séverine ne s’entourait pas de gens dénués de tout sens esthétique, mais cela avait le gros désavantages que souvent les mêmes accessoires retenaient leur attention et ni l’un ni l’autre n’auraient trouvé plaisir à être vêtu de la même façon.

31 mai - Roquelilas (Déméria)

Tout comme lui, elle avait montré beaucoup d’intérêt pour les parfumeries de Roquelilas, sa grand-mère étant parfumeuse lui avait inculqué quelques notions à ce sujet et elle avait hérité de son bien sensible nez. La délicatesse des fragrances la surprirent énormément, sans qu’elle n’arrive toutefois à se décider si cela lui plaisait ou non. Elle était habituée à des odeurs plus marquées et elle s’étonnait de savoir que des arômes aussi discrets puissent être aussi envoûtant. Dans le doute, il valait mieux acheter que de laisser derrière soit et elle choisit quelques flacons, quelques uns aussi pour offrir en cadeau à Castiel.

1er juin - 14h

Somme toute, c’était une Séverine bien satisfaite à bord, quand Baldingère avait le bon sens de rester cacher et muet. Et qu’elle pouvait rester loin de tous ces jeunes qu’on avait eu le malheur de faire monter. Pourquoi? Qu’est-ce que ces enfants bruyants peuvent bien avoir comme raison de faire du tourisme? C’est pourquoi après le déjeuner, en cette troisième journée, elle a préféré prendre le chemin du pont pour observer la luxuriante verdure qui s’étalait dès mètres et des mètres en bas. Drapée dans une charmante pelisse et couverte par un voile colorée, Samuel à ses côtés, la baronne prenait grand plaisir à cette promenade, propice à l’échange de potins.

« On aurait cru que les accompagnateurs de ces petits brailleurs auraient eu la décence de laisser le réfectoire libre le temps que les bonnes gens puissent se sustenter en paix. Depuis leur embarquement, impossible de trouver la paix à bord, » déclara-t-elle à Samuel dès qu’ils furent à l’extérieur. Personne n’avait appris les bonnes manières à ces adolescents et Séverine était persuadée qu’elle serait obligée de faire l’usage de ses sels avant de se coucher ce soir-là pour calmer ses nerfs. Elle secoua la tête, encore agacée d’avoir vu son repas troublés par les piaillements de ces oisillons indisciplinés.

« Avez-vous remarqué la robe que portait dame Unetelle portait hier soir? On n’aura jamais vu une coupe aussi étriquée, et le tissu! Cette couleur lui donnait un air gravement malade, à sa place j’aurais eu grande honte d’être vue ainsi attifée, » déclara-t-elle en changeant de sujet de conversation. Il lui brûlait de commenter cette catastrophe vestimentaire depuis belle lurette, mais le brouhaha du réfectoire l’avait empêché de mettre ses idées en ordre et la matinée avait été occupée par de plus agréables activités. « Pas étonnant que son mari entretienne une relation avec une des femmes de chambre, cet air vert doit lui couper toute envie de même l’approcher, » ajouta-t-elle. Certainement, Séverine n’aurait jamais toléré que son époux lui fasse des infidélités avec quiconque d’autre qu’un autre partenaire conjugal, quelque fut son sexe.

Spoiler:

29 mai 2000 - Edenia (Demeria)
L’heure avait enfin sonné. Une énième danse, une énième chance. Toute sa vie, Hortense ne l’avait dédiée qu’à eux. Impossible d’aller de l’avant. Impossible d’oublier. Elle s’était fait une promesse, celle de chercher une réponse, quoi qu’il en coûte. Et aujourd’hui, alors qu’elle s’apprêtait à monter dans ce zeppelin, elle se rappela qu’il n’y avait plus aucune limite à son ambition, et que celle-ci allait lui coûter beaucoup plus que ce qu’elle avait envisagé au début de toute cette aventure. S’envoler. Passer au-dessus de la jungle puisqu’il leur était impossible d’y pénétrer sans l’assurance d’en ressortir vivant. Elle avait réussi à former un groupe, des gens aussi motivés qu’elle, mais ils n’étaient pas une armée, à peine des soldats. Ils avaient fait ce qui était en leur pouvoir pour alerter la couronne de Déméria. Désormais, il leur fallait prendre les choses en main. Voir. Rien que voir du dessus. Réussir à apercevoir le moindre signe, le moindre indice en volant au-dessus de la cime immense de cette jungle luxuriante. Elle avait attendu toute sa vie rien que pour l’apercevoir, cette jungle. Elle ne pouvait évidemment pas se payer le luxe d’un voyage en zeppelin, alors elle avait profité d’une demande de personnel pour s’occuper des voyageurs. Femme de chambre, c’est tout ce qu’elle avait trouvé. Mais si ça lui permettait d’atteindre tous ses objectifs, elle n’y voyait aucun inconvénient. Elle faisait partie d’une équipe de renfort, visant à être capable d’accueillir comme il se doit les nouveaux voyageurs au départ d’Edenia. Un seul regret : devoir laisser Syrah derrière elle. Son compagnon d’aventure n’était pas autorisé à bord.

Alors elle monte, elle embarque, pour un nouveau périple à l’issue incertaine.

1er juin 2000 - 12h
Après avoir nettoyé de fond en comble toutes les parties communes à l’aube, l’équipe s’est accordée une courte pause avant de repartir au travail. 10h, l’heure où le zeppelin prend vie, où la plupart des lève-tard finissent par émerger et laisser leur chambre vide : l’occasion pour les femmes de chambre de remplir leur devoir en s’immisçant dans les cabines des voyageurs - et c’était presque comme s’immiscer dans leur vie privée, pour certains, une position qui mettait Hortense quelque peu mal à l’aise par moments.

12h. Tout est terminé. Hortense rejoint la petite cabine du personnel, y dépose tout son matériel, se frotte les mains contre le tablier qu’on lui a remis. Avec, elle a l’impression de passer inaperçue. Qui se soucierait d’elle de toute façon, pauvre femme de chambre au service de ces nobles cherchant dans ce voyage un quelconque divertissement ? Elle est presque invisible à leurs yeux. Mais tout ceci n’est qu’un costume, qui a l’avantage de pouvoir la faire monter à bord.

1er juin 2000 - 15h
L’après-repas. Elle nettoie, passe quelques coups de balai au réfectoire. Des gestes qui finiront sûrement par lui paraître redondant à la fin du périple. Qu’importe. Ses collègues ont l’air plutôt sympathiques, elle ne manque de rien. Même les passagers n’ont pas l’air d’être trop désagréables - pour le moment. Depuis 11h, elle entend certains voyageurs s’ébahir devant le spectacle qui se dresse devant leurs yeux, devant un paysage qu’ils n’ont jusqu’alors jamais vu. Hortense aussi, elle veut profiter de la vue. C’est pour ça qu’elle est là, après tout. Mais on l’embarque par-ci, par-là. On l’appelle à droite, à gauche. Elle ne sait plus où donner de la tête. Quand tout se calme, une fois tout le monde retourné à ses petites occupations, Hortense se permet enfin une petite entorse à la règle. Elle abandonne son poste, pour quelques minutes seulement, se précipite sur le pont. Ce n’est pas vraiment ce à quoi elle s’était attendu. Pas pour le paysage : lui est splendide. La forêt vierge qui se déploie à perte de vue. Des oiseaux volant au-dessus des arbres. C’est beau, une forme de beauté rare, comme elle n’en a jamais vu. Et quelque part, sous toutes ces couches de feuilles, se trouve les indices qu’elle recherche depuis des années. Un moment qu’elle voulait émouvant, gâché en partie par les loisirs de tous ces gens : par l’orchestre, par les rires, par les voix, par les bruits de pas. Elle avait toujours pensé qu’en voyant la jungle, son coeur s’arrêterait de battre, que le monde s’arrêterait de tourner. Et alors qu’elle a enfin cette chance, cette opportunité, la magie disparaît.

Sur le point de retourner à l’intérieur, elle aperçoit, au milieu d’un groupe de jeunes, un visage qu’elle ne connait que trop bien : celui de Rodrigue. Il fallait dire que la demoiselle ne s’attendait pas à trouver des connaissances à bord. Visiblement occupé, elle estime inutile de le déranger pour le moment. Elle se dirige vers les cuisines pour attraper quelques restes à grignoter. Son ventre commence à lui rappeler qu’elle n’a pas mangé depuis plusieurs heures maintenant. Elle ne semble pas être la seule à avoir eu cette idée : elle aperçoit bientôt Lubin, son ami, embarqué lui aussi en tant que membre de l’équipage. « Je suis allée voir, dehors. » Elle repense à ce qu’elle a vu, à cette immensité. Même si son moment était gâché, même malgré ça, elle ne pourra sans doute jamais oublié qu’elle a flotté au-dessus de la jungle. « C’est encore plus beau que tout ce que j’avais imaginé. » Et si on regarde bien Hortense, si on regarde au fond de ses yeux, ce sont des étincelles qu’on pourrait croire déceler.

Spoiler:

14h - après les repas
L’heure fatidique approche à grands pas. Les élèves ont chacun une petite liste de questions à poser. Je me suis permis de jeter un petit coup d’œil et je n’ai rien vu qui me choque. Ce sont les questions basiques que tout professionnel peut rencontrer dans ce genre de rencontre. J’ai crains pendant un instant que Madeline se permette une question gênante. Mais elle a su se tenir. A part son regard insistant, il n’y a rien de particulier à retenir. Le repas s’est bien déroulé. Lionel s’est intéressé au parcours de mes élèves, et eux se sont montrés disciplinés. Enfin... pour des personnes de leur âge. Bavardages, éclats de rire...
Je reconnus du coin de l’œil cette noble que j’avais rencontré au centre commercial, et je vis à son regard que notre présence était pour elle plus qu’inacceptable. Elle n’est pas la seule à penser ça. Nombre de hauts placés semblent irrités par la joie de vivre de mes élèves. Et bien qu’ils aillent se faire voir. Je n’allais pas ordonner aux adolescents de se taire et de se faire tout petit alors que nous étions des passagers tout comme ces gens. Nous n’étions pas des domestiques, nous n’avions pas besoin de faire tapisserie. J’ignore donc les regards courroucés de ces gens et avale un morceau de ma tarte aux pommes. Elle était d’ailleurs divine. J’en avais pas goûté des comme ça depuis que j’ai quitté le foyer familial. Je tire mon chapeau au chef !

Voilà maintenant l’heure de quartier libre. Je donne mes instructions aux élèves : on reste poli avec les autres passagers, pas d’incidents, on fait attention avec le ballon, etc... Ce n’est pas le premier quartier libre que je leur donnais, je sais que je peux leur faire confiance. Je les regarde s’éloigner et décide de me prendre l’air sur le pont. J’aperçois au loin le visage d’Hortense. Que fait-elle ici ? Et sa ferme ? Il faudrait que je lui pose la question si je la croise à nouveau, je n’ose pas la déranger, elle a l’air si occupée.
Les yeux perdus dans le ciel, je me laisser aller vers Fengo qui a repris sa marche vers la forêt où il passera le reste de la journée et la nuit. Il a le ventre plein et je sens qu’il a bien envie d’aller se trouver un endroit confortable où aller faire une bonne sieste.

15h

J’aurais pu en faire de même, mais voilà l’heure de la séance des questions-réponses.
Je prends le chemin de notre point de rendez vous et attends patiemment mes élèves. Ils finissent par arriver un par un. Judicaël dissimule tant bien que mal les marques de brûlures sur les manches de son habit. Il a encore tenté de faire exploser quelque chose. Je lève les yeux au ciel. Un, deux... cinq eeet six ! Ils sont tous là.

Nous rejoignons les arcanistes, les élèves se rassemblent autour d’eux et sortent de quoi noter. Voilà qu’ils commencent à poser leurs questions. Clarence demande à Lionel à quel âge il a intégré les arcanistes, Salima les questionne sur la dangerosité des missions, Madeline évoque le quotidien des épouses et époux des arcanistes... Ils ont bien travaillés, ils sont pendus aux lèvres des deux arcanistes. Cette dernière journée à bord du zeppelin promet de bien se terminer. Je me sens serein. Qu’est ce qui pourrait arriver ?

Spoiler:

1er juin - 14h

Elle en a combattu, des monstres, Aubrée. Elle a taillé, cisaillé, et renvoyé au fond de leurs trous nombre de ces bestioles des Tréfonds, si bien qu’ils ne lui font plus peur. Elle en a éliminé un d’une toute autre espèce en poignardant son père sous les yeux de sa cadette, à l’Ancrage. Sans compter les nombreuses cibles de ses contrats, qui ont eu le malheur de s’attirer le courroux de ses dieux par leurs actions mauvaises.

Des monstres, elle en a connu plein, et en a vaincu tout autant. Pourtant, il y en a bien un qu’elle n’a jamais réussi à dompter : sa peur des hauteurs.

Alors, quand Ljöta lui a annoncé sa mission prochaine, elle a cru à une plaisanterie, sa mentor de toujours connaissant sa peur du vide – que même la rencontre avec son familier volant n’a pas su changer. Après tout, il est possible d’aller rencontrer l’ambassadrice de Sombreciel ailleurs que dans le ciel, non… ? Seulement, ce n’en était pas une, et lorsqu’elle l’a compris, elle a failli l’insulter très fort. Elle a accepté quand même, rien que pour lui prouver qu’elle est courageuse et qu’elle est digne de confiance, tout en lui prouvant qu’elle en est capable. Et puis, parce qu’elle sait qu’autrement, elle en aurait entendu parler encore longtemps.

Lorsqu’elle s’est retrouvée devant cet énorme oiseau, elle a failli faire demi-tour. Elle a retardé sa montée le plus possible, espérant pouvoir croiser la noble ambassadrice et négocier ce fichu contrat avant de devoir monter à bord. Ses espoirs se sont très vite envolés, au vu du monde venu assister au départ du zeppelin ; et elle s’est résolue à monter à bord à son tour en maudissant Ljöta de toute son âme – en toute amitié, évidemment. Au moins, Saturnin est là pour la rassurer, entre deux moqueries ; et puis, d’autres Ombres sont à bord. Elle a vu, Aubrée, que Mélisende de Séverac était aussi à bord. Au moins, elle aura été témoin de sa bravoure et de son dévouement pour le Pas de l’Ombre.

Les premiers jours se sont… Passés. Elle ne s’est pas approchée du bord du zeppelin une seule fois, rasant les murs lorsqu’elle sortait prendre l’air. Elle a même abordé Mélisende discrètement afin de savoir si elle avait potentiellement une potion à lui donner afin de faire passer son mal de l’air. Elle sait que cela n’annihilera pas sa peur du vide, mais au moins elle ne sera pas rendue malade par les balancements de l’appareil.

Elle a rapidement repéré Séverine de Mauve. Difficile de ne pas la remarquer, avec ses habits colorés et sa prestance de noble dame. Cependant, pour l’aborder discrètement, c’est une autre histoire. Premièrement, celle qui se fait passagère discrète depuis le début, dans ses habits sobres et bien moins extravagants, attirerait forcément l’attention sur elle en l’abordant, si elle daigne même lui accorder la moindre attention. Deuxièmement… C’est cet homme-compagne toujours fourré dans ses pattes. Elle le connaît vaguement, de loin – qui n’en a pas entendu parler, après tout ? Et cet homme l’empêche de rendre une visite nocturne à l’ambassadrice, comme elle pensait le faire au départ. Ainsi, s’il sera compliqué pour Aubrée de parler autrement qu’à visage découvert, elle refuse de se trahir devant trop de monde. Elle sait, grâce aux liens entre leurs guildes respectives, que les compagnes laissent traîner leurs yeux et leurs oreilles partout ; et même si les liens entre les compagnes et le Pas de l’Ombre sont cordiaux, elle n’a aucune envie que son identité ne soit éventée aux quatre coins d’Arven. Déjà que ce trajet est un supplice, hors de question, en plus, de devoir trahir son identité pour une mission non désirée.

Cela fait donc deux jours qu’Aubrée tente de l’aborder, afin de pouvoir boucler sa mission le plus vite possible et retourner s’enfermer dans sa cabine en attendant que le temps passe, sans succès. Et en cet après-midi du troisième jour, les choses n’ont toujours pas bougé. La compagne et la cliente ne se sont toujours pas séparés, et discutent tranquillement sur le pont, pendant qu’Aubrée les observe de loin, tentant de garder l’air naturel et d’ignorer le fait qu’elle se trouve à des centaines de mètres au-dessus du sol, Saturnin au creux de ses bras. Bon. En deux jours, elle a emmagasiné un petit paquet d’informations sur elle. A elle de faire bouger les choses, visiblement, en les utilisant à bon escient. Plus qu’à appliquer ce qu’elle a planifié ce matin. Saturnin… ? J’vais avoir besoin de toi. Je m’y attendais pas, tiens. Tu vois la jolie dame, là-bas ? Ramène-moi son médaillon, s’il-te-plaît. Tu comptes me donner le mauvais rôle, rien que parce que tu oses pas aller la voir ? S’il-te-plait. Bon. Pour le plus grand soulagement d’Aubrée, le canard s’envole en direction de sa proie. La blonde le regarde du coin de l’oeil. Elle n’avait pas prévu de provoquer un esclandre, le voyage étant assez difficile comme ça pour elle, mais bon.

Au moment où Saturnin fond sur Séverine pour lui dérober le bijou, Aubrée se fend d’un hurlement (presque) maîtrisé tout en se mettant à courir. « Saturnin, arrête ! » Pour ses talents de comédienne, on repassera. Enfin, le plus dur est fait. Le canard coloré revient se poser sur son épaule, tout en faisant tomber dans les mains de son humaine le médaillon volé, qui l’enserre entre ses paumes. Un regard noir dirigé vers l’oiseau, et Aubrée arrive au niveau du duo de Cielsombrois.

« Est-ce que tout va bien ? » Elle sait, Aubrée, que les Cielsombrois ont une fâcheuse tendance à l’exagération. Masquant le jugement qu’elle leur porte, elle préfère aborder une mine inquiète et désolée. « Je… Je suis sincèrement navrée pour le tort causé par mon familier. J’espère qu’il ne vous a pas fait trop peur… » Tu vas me le payer, Aubrée. Plus tard. La jeune blonde finit par tendre le médaillon vers la brune ambassadrice, le tendant du bout des doigts. « Je suis désolée d’avoir manqué de… discrétion. J’aurais aimé que les choses se passent autrement… Navrée d'avoir dû troubler votre quiétude. » Et le regret est sincère, dans sa voix. Elle déteste se donner en spectacle, la blonde, et aurait bien mieux apprécié une visite nocturne, comme à son habitude. Ljöta, si tu m’entends… Regarde ce que je dois faire, pour cette foutue mission.

Et alors qu’elle esquisse une légère révérence et tourne les talons, que Séverine de Mauve remarquera que le poids de son médaillon a légèrement changé, et que le mécanisme permettant de l’ouvrir a été activé sans être refermé . Si l’ambassadrice est aussi intelligente que belle, elle comprendra rapidement qu’un billet a été glissé à l’intérieur, sur lequel a été dessinée une main noire, et seulement 2 mots. Cabine 27. Si elle n’est pas trop sotte, elle viendra la rejoindre seule. Par pitié, que toute cette mascarade n’aie pas servi à rien…

Spoiler:

Fin mai 1000
Convié par mes supérieurs, on m’annonce que je prendrai part, dès les prochains jours, à une opération d’infiltration en collaboration avec la police démériane. Je devrai d’abord me rendre à Edenia. Là, je rencontrerai mes collègues incognito et découvrirai les derniers détails quant à ma mission. Cela me changera, songeai-je, des tours et passerelles de l’Ancrage et l’idée me plait bien.

30-31 mai
J’ai débattu pendant un temps avec moi-même sur la meilleure couverture à prendre dans ce contexte. Au final, j’ai opté pour la plus simple et donc celle qui semblera la plus vraie : le prince Bertin de Bellancre a décidé de s’offrir quelques jours de vacances sur l’Astrolab. Ce ne sera pas la première fois que mes décisions sembleront étranges aux yeux de mes connaissances et ça m’évitera des rencontres particulièrement délicates à naviguer si je devais prétendre être un serviteur seulement pour être reconnu une fois à bord. Une telle rencontre aurait pu avoir des conséquences désastreuses sur l’opération.

1er juin
12:00
J’ai passé la matinée à vaquer à mes occupations et c’est l’estomac dans les talons que je rejoins le réfectoire vers midi pour me restaurer. Je profite du repas pour observer autour de moi et noter que les étudiants semblent chasser bon nombre de passagers vers les espaces extérieurs.

13:30
La vue est sans doute à couper le souffle, mais je feins le sommeil pour m’éclipser plutôt vers les cabines. Je m’installe dans la mienne et prends un moment pour rassembler mes observations de la matinée. Je n’écris rien par crainte d’attirer les regards indiscrets – et possiblement coupables – des femmes de chambre, mais assembler mes idées m’aide à y voir plus clair.

15:45
Je m’éveille en sursaut, l’esprit se débattant encore contre le rêve qui envahit mes pensées. Il me faut un moment pour revenir pleinement à moi et constater que, visiblement, je me suis endormi. Oups. Je jette un coup d’œil par le hublot de ma cabine et je m’étire avant de me lever pour me rendre présentable. J’ai rendez-vous dans peu de temps avec un ami de longue date que j’ai croisé – comme par hasard – au début de la croisière.

16:00
De retour au réfectoire, j’aperçois le groupe d’élèves curieux et j’observe la scène de loin, attendant un geste, un discret regard de Lionel pour confirmer que le moment est bon. Alors seulement je m’approche. « Lionel, mon ami! Pourrais-je me permettre de te soustraire aux attentions de ces jeunes gens avare de savoirs? Il y a trop longtemps que nous n’avons plus échanger de nouvelles et il me tarde de savoir ce que tu deviens! »

Spoiler:

Jamie Dornan ️️ Fassophy
Lubin Belle-Ivraie

• Joué par Danette
• 38 ans
• Veuf
• Guide touristique spécialisé pour Déméria, embauché tout particulièrement sur l'Astrolabe pour cette croisière.
• Diplôme de bibliothécaire.
• Est monté à bord à Edenia.

29 MAI - EDENIA

Demeria, sa patrie, il l'aime et il la hait de façon presque passionnelle, mais jamais il ne pourra nier sa beauté et sa magnificence. Son épouse était une botaniste accomplie et bien malgré lui, Lubin s'est laissé charmer par les plantes et les fleurs, par ces parterres colorés et ces plantes verdoyantes. Il est bibliothécaire, passionné, lui, par les contes et les légendes du matriarcat, et il a engrangé depuis longtemps une science à tout épreuve sur ses sujets. Postuler comme guide sur l'Astrolabe est apparu comme une évidence : il a largement les compétences pour le faire, et être de ce voyage qui sillonnera les cieux et explorera d'en-haut la jungle impénétrable est une chance qui ne représente pas beaucoup dans une vie. Surtout pour un homme.

Le moment est venu de rejoindre l'expédition, d'emprunter un zeppelin pour la première fois. Il a les paumes des mains en sueur et les jambes qui flageolent un peu, mais une grande inspiration et une pensée pour sa femme bien-aimée affermissent sa résolution. Il verra Déméria du ciel, si c'est ce qu'il faut faire. Il s'étonne bien un peu, Lubin, de la présence d'enfants mais il saura s'y faire, même s'il n'aime pas particulièrement les adolescents trop bavards.

1er JUIN - Matinée
Il prend ses marques Lubin, petit à petit. Il observe les passagers, les mages arcanistes qui semblent bien peu à leur place sur le zeppelin, la richesse noblesse bien plus à même de donner de substantiels pourboires. Il prend son rôle au sérieux, le bibliothécaire, acclimatant les gens à sa voix, racontant des histoires sur les endroits traversés et les histoires qui s'y raccrochent. Il fait connaissance avec le personnel de bord, également, s'intéressant aux petites mains, naviguant presque invisible parmi le personnel. Lubin est un homme affable, son rôle de guide le pousse d'ailleurs à s'intéresser aux passagers également. Très vite, la routine se met en place : on peut l’apercevoir, le guide, toute la matinée sur l'estrade sur-élevée qui permet une vue imprenable sur le paysage qui s'étale en-dessous d'eux, avant qu'il ne s'éclipse lorsqu'arrive l'heure du repas. Un livre à la main, il profite de la désertion temporaire du pont pour observer les allées et venues de l'équipage, saluant parfois quelques connaissances.

1er JUIN - Après-Midi
15h, l'heure à laquelle, Lubin le sait, sa présence et ses commentaires sont des plus appréciés. Cet après-midi est prévue une séance de questions-réponses entre les arcanistes embarqués à bord et les turbulents élèves présents, aussi devra-t-il leur laisser la place, histoire de ne pas ajouter au brouhaha qui sera sans doute déjà bien trop fort. Il salue les plus riches passagers, le guide, avant de les faire profiter de ses commentaires éclairés. La cascade de la Belle Éplorée, qui marque les limites de la jungle plus sauvage. Le rocher de l'Hippopotame, célèbre dans les environs à cause d'une vielle légende selon laquelle une jeune femme aurait chevauché l'animal, menant une armée d'hippopotames à l'attaque des rizières. Il ne tarit pas d'anecdotes, Lubin, et quand arrive 15h, c'est avec joie qu'il s'éclipse en cuisine pour se restaurer un peu et reprendre des forces. Le cuisinier l'accueille chaleureusement et Hortense vient bientôt les rejoindre, émerveillée presque malgré elle par la beauté du paysage. La main de Lubin se pose sur celle de la jeune femme en un geste de réconfort tandis qu'il hoche la tête. "On oublie, souvent, la beauté fascinante de la jungle démériane." Lui aussi, il l'oublie. Parfois."J'ai peine à imaginer que derrière cet écrin magnifique se cache tant de douleur et de désespoir." Elle est si belle, cette jungle, que chacun est tenté de lui pardonner de les faire souffrir. Presque. Les touristes ne voit que la beauté, les couleurs, l’extraordinaire. Eux, démérians, y voient bien autre chose.

Spoiler:

1er juin — 14h15

Séverine était bien trop occupée à critiquer la pauvre dame pour remarquer qu’une arme de destruction massive se dirigeait vers elle. Elle était sur le point de reprendre sur quelque nouvelle médisance quand l’oiseau s’accrocha à son cou et que la voix d’une femme s’éleva en panique. L’ambassadrice sentit la délicate chaîne en retenant son médaillon à fermoir se casser et elle poussa un cri.

« Au meurtre! On s’en prend à ma vie! Au secours! »

Elle avait à peine eu le temps de voir le plumage du volatile venu mettre fin à ses jours! Quel destin tragique! Morte à bord d’un zeppelin! Séverine se sentit défaillir. Elle était encore beaucoup trop jeune pour mourir! Il lui restait encore un nombre phénoménal d’hommes et de femmes à envoûter et à ensuite jeter, de nombreuses robes qu’elle n’avait encore eu le temps de porter. Que Valda me sauve! Elle s’agrippa au bras de Samuel en sentant ses jambes se dérober sous son poids. Sa main droite remonta à sa poitrine, cherchant désespérant son collier.

« Je crois que je vais défaillir… » souffla-t-elle.

Peut-être que si tu cessais de feindre d’être dans tous tes états, tu remarquerais qu’une jeune femme t’adresse la parole. Séverine tourna la tête : elle n’avait pas remarqué que Baldingère était perché sur une chaise et avait assisté à toute la scène. La Cielsombroise, toujours une main sur le coeur reporta son attention sur l’adolescente qui lui faisait face.

« Ai-je l’air de bien me porter? » s’indigna Séverine. En vérité on ne pouvait pas vraiment voir son visage avec distinction cause de son voile. Elle relâcha le bras de Samuel pour se tenir aussi droite que possible dans une pose tout de même mélodramatique. On ne pouvait tout de même pas s’en tirer sans conséquence de l’avoir attaquée aussi sauvagement. Elle allait se lancer dans une tornade de réprimandes, menacer d’appeler les brigadiers à bord, mais elle n’eut pas le temps. Les propos de la blonde l’intriguèrent particulièrement et elle se contenta de refermer la main sur son médaillon sans même essayer de retenir la jeune fille lorsqu’elle s’éloigna. Séverine sentit un bout de papier dépasser du fermoir et elle le glissa discrètement dans sa poche. Les propos de la jeune femme étaient déjà étranges et elle ne voulait pas attirer plus que nécessaire l’attention de Samuel sur l’affaire.

« Je ne me sens pas très bien Samuel, retournons à l’intérieur, j’ai besoin d’un revigorant… »

Naturellement ses cris avaient attiré l’attention et elle dut rassurer les quelques curieux qui s’étaient rapproché qu’elle allait bien. Elle leur conseilla bien toutefois d’être vigilants en présence de ce canard fourbe en exagérant la férocité avec laquelle l’oiseau lui avait dérobé son collier avant de tenter de la jeter par-dessus bord. Après avoir raconté sa mésaventure à tous ceux qui voulait le savoir, elle retourna finalement à l’intérieur pour demander un cordial et se remettre de sa frayeur.

Elle jetterait un oeil à son médaillon plus tard, une fois de retours dans ses appartements. Pourvu que le canard ne l’ait pas abîmé! Elle tenait particulièrement à ce médaillon puisqu’à l’intérieur il y avait un portrait de Castiel, seul membre de sa famille. Et c’était une excellente miniature de son cousin.

Spoiler:

1er juin, 15 h à 16 h – sur le pont, au-dessus de la jungle (Déméria)

Le brigadier est le premier arrivé à l’endroit réservé pour la rencontre de l’après-midi, rejoint rapidement par Zéphyre et Mascarade. La sollicitude intéressée de la mage lui arrache un sourire entendu. Ah, si elle savait que l’air frais est loin d’améliorer sa condition ! Le zeppelin est plus stable que les nacelles de défense aériennes d’Ansemer, mais rien ne lui permet d’oublier qu’ils sont bel et bien dans les airs… et que Lionel est un animal qui appartient définitivement au plancher des vaches. Ou des chevaux. J’ai tout entendu ! « Je te laisserai peut-être en charge de l’entraînement léger », répond-il, compromis qui dépend beaucoup de l’horaire du prince Bertin.

Puis, avant cela, il y a les élèves !

C’est avec bienveillance que le Rivepierre répond à chaque question, lorsqu’elles lui sont adressées, tout en encourageant Zéphyre à prendre sa place lors des interrogations plus générales, elle qui a étudié spécifiquement afin de devenir arcaniste. À Clarence, « À 35 ans, mais mon cas est particulier ; ma prédécesseure, Diane de la Fère, avait vingt-quatre ans, lorsqu’elle est devenue arcaniste, et trente-huit lors de sa nomination comme brigadière. » ; à la pauvre Madeline, « Je suis veuf, donc je ne saurais dire, mais chacun et chacune attend uniquement du soutien de la part de sa tendre moitié », réponse qui plonge la demoiselle dans des balbutiements confus et gênés, et des excuses tout aussi rougissantes d’avoir remué de mauvais souvenirs. Les questions de Salima, Azalée, Mandy et Judicaël fusent aussi dans tous les sens et Lionel note intérieurement de souligner à Rodrigue sa bonne gestion de sa classe réduite.

16 h – sur le pont, au-dessus de la jungle, puis cabine de Lionel (Déméria)

La séance de questions et réponses est pratiquement terminée, lorsqu’une voix chaleureuse l’interpelle : « Lionel, mon ami! Pourrais-je me permettre de te soustraire aux attentions de ces jeunes gens avare de savoirs? Il y a trop longtemps que nous n’avons plus échanger de nouvelles et il me tarde de savoir ce que tu deviens! » Ah, enfin ! Il aurait bien envie de râler qu’il a pris son temps, le Bertin, mais il n’est pas là pour questionner l’horaire d’un prince en vacances. Une judicieuse couverture pour leurs véritables affaires, et une pour laquelle il est ravi de s’esquiver de son actuelle activité. « Veuillez m’excuser, un tout autre devoir m’appelle. Je vous laisse avec Zéphyre », dit-il au professeur et aux élèves, avant d’aller rejoindre le prince d’Ansemer, qui l’entraîne à nouveau à l’intérieur, afin qu’ils soient loin des oreilles curieuses des personnes assemblées sur le pont de l’Astrolabe. Peut-être aussi parce qu’après une heure à l’extérieur, le brun a définitivement une légère nausée. « J’ai besoin d’un remontant, Bertin. Je n’ai toujours pas le pied marin, ni aérien, commente-t-il avec humour. Et stricte vérité. J’ai justement une bouteille de whisky, dans ma cabine, qui mérite le détour. » Le prétexte parfait pour que les deux hommes se rendent à ladite cabine, afin d’y échanger les informations récoltées ces derniers jours, sous couvert de retrouvailles amicales. Rien qui puisse faire douter qui que ce soit du véritable motif de leur rencontre, qui s'étirera jusqu'en début de soirée.

Spoiler:

Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

En perdition

Intrigue # 001

2 juin 1000

La journée s’est écoulée, paisiblement, tandis que l’Astrolabe avance lentement au-dessus de la jungle. Elle n’a jamais été survolée, personne n’a jamais pris les airs à une telle distance au-delà des frontières de Déméria : aussi, les passagers profitent-ils du paysage, et les quelques savants présents à bord noircissent plusieurs pages de notes, croquis et schémas divers. Les jeunes étudiants mages de l’académie, une fois leur session terminée, se sont égaillés ici et là.

La nuit tombe, et le dîner est servi au réfectoire, par des majordomes aux impeccables manières. La nourriture est délicieuse, comme d’habitude ! Après le repas, les tables de jeu sont installées, les musiciens jouent ; puis tandis que la nuit s’avance, les passagers retournent à leur cabine, et seuls l’équipage et le personnel de bord continent à s’activer sur le zeppelin.

Nuit calme, nuit tranquille, nuit paisible, comme dans les plus lénifiants des poèmes cielsombrois, oui, sans aucun doute. Mais des silhouettes se glissent sur la passerelle, d’autres dans la soute, manipulant des caisses et… des armes. Certains portent un masque sur le bas de leur visage, d’autres portent l’uniforme de l’équipage. Que se passe-t-il sur l’Astrolabe ? Aucun passager sûrement ne s’attendait sans doute au réveil qui serait bientôt le sien… !

Tour 2

Consignes

▬ Temporalité
• IRL : Ce tour commence le dimanche 12 avril et prendra fin le samedi 18 avril (tant qu'on est encore samedi sur votre fuseau horaire, c'est bon).
• IRP : Nuit entre le 3ème et le 4ème jour de la croisière, nous somme le 2 juin, juste après 1h du matin. Le tour commence à 1h du matin et se termine à 6h du matin, avant le lever du soleil.

▬ Limite de mots et mise en forme
• Vos messages sont limités à 700 mots maximum selon ce compteur.
• Merci de bien vouloir indiquer, sous spoiler en fin de post, votre compteur de mots et un résumé succinct de vos actions.
• Afin d'éviter les cafouillages, indiquez précisément à quelle heure se déroule l'action que vous décrivez, et l'endroit où vous vous trouvez : soute, passerelle, point extérieur ou cabines.

▬ Informations générales
• Vous êtes sur un zeppelin, pas un canoë ! C'est grand, il y a un dedans et un dehors, vous ne pouvez PAS savoir ce qui se passe à l'autre bout du pont ou dans les cabines. Un minimum de logique, pour permettre à tout le monde de poursuivre tranquillement ses objectifs respectifs.
• Vous avez quasiment tous des objectifs que vos personnages gardent confidentiels. Vous n'êtes pas extra-lucides et ne pouvez donc pas deviner au premier regard les buts cachés de vos petits camarades. Jouez le jeu, les enfants.
• Le Destin pourra éventuellement vous attribuer des missions supplémentaires par MP. Ces missions sont facultatives et vous n'êtes pas obligés de les accomplir ! Si vous pensez que cette mission ne correspond pas au caractère de votre personnage, faites-le savoir au Destin qui ajustera sa proposition. Remplir votre mission pourrait éventuellement mener à des conséquences supplémentaires en fin d'intrigue.

▬ L'Astrolabe
• Seuls les familiers de petite taille (pouvant monter à bord dans vos bras) sont acceptés sur l'Astrolabe. Les autres restent au sol, au point de départ ou dans la campagne.
• La partie démériane de la croisière a commencé au départ d'Edenia le 30 mai.
• Une escale a eu lieu à l'embranchement du Dragon le 31 mai, au jour 2, dans une petite ville prospère nommée Roquelilas, célèbre pour ses fleurs raffinées et ses parfums délicats.
• Le zeppelin a passé la frontière démériane le 1er juin, au jour 3 de la croisière, et s'est avancé sans interruption dans la zone sauvage, toute la journée et la première moitié de la nuit.
• Nous sommes au jour 4 de la croisière, le 2 juin. L'Astrolabe est loin au-dessus de la jungle, il fait nuit, les passagers dorment.

▬ Consignes spécifiques à ce tour
• ATTENTION : Des joueurs ont reçu des missions bien spécifiques. Merci de bien laisser en poster en premier les personnages suivants, qui ont des informations importantes : MAYEUL (avec son éphémère), HORTENSE, LIONEL, BERTIN, MÉLISENDE, AUBRÉE (pas nécessairement dans cet ordre, le premier prêt poste !) → Merci d'attendre le MP du Destin détaillant ce que vous savez...
• Les autres : tant que le Destin n'en a pas décidé autrement dans le QG, pour le moment, vous dormez. D'un sommeil de plomb : vous avez été drogués au dîner ! Votre réveil sera certainement surprenant, restez attentifs. (Trop tard pour abandonner, vous avez signé ! Votre destin est entre mes mains ! VOUS M'APPARTENEZ ! )

2 juin, 1 h – cabine de Zéphyre de l’Orchid, au-dessus de la jungle (Déméria)

Le plan est clair. Rejoindre Zéphyre à sa cabine, puis partir tous les deux pour rencontrer Bertin au point de rendez-vous convenu plus tôt, dans la soute du zeppelin. Simple comme bonjour, même, et Lionel ne voyait absolument pas ce qui pouvait clocher dans ce plan… jusqu’à ce que dès la première partie, rien n’aille bien.

Il s’attendait à ce que la Démériane, dans un moment de zèle apprécié, bondisse hors de sa cabine, dès l’entente du pas du brigadier, mais pas du tout. Il a attendu, une minute, devant la porte ; puis, y a toqué ; et finalement, est entré, trouvant la porte déverrouillée. Tout ceci pour retrouver la jeune femme profondément endormie. Un certain agacement se pointe chez le mage, peut-être aussi alimenté par un estomac qui n’a pas mangé au souper, et pas vraiment au dîner non plus d’ailleurs - et il y a des limites à ce que le whisky peut faire. « Zéphyre », qu’il tente d’abord à voix basse, puis avec un peu plus de conviction, sans même que l’arcaniste fasse autre chose que lui ronfler doucement au nez. Il a beau la secouer, avec plus ou moins de vigueur et plus ou moins de menaces pour l’encourager à cesser son petit jeu, jamais son souffle paisible ne se trouble. La demoiselle est… simplement endormie ? Du sommeil le plus lourd de la création, alors. Lionel vérifie avec inquiétude ses signes vitaux (réguliers), puis son crâne, en recherche d’une bosse ou blessure indiquant une chute ou une attaque qui l’aurait plongée dans cet état (rien du tout). Mascarade elle-même dort du sommeil des justes, roulée contre le flanc de son humaine.

Il n’aime pas ça.
Pas du tout.

2 juin, 1h30 – soute de l’Astrolabe, au-dessus de la jungle (Déméria)

C’est seul que Lionel se résigne à aller rejoindre Bertin. Seul, et un peu inquiet. Sur le chemin vers la soute, il arrête à la cabine du prince d’Ansemer, où il n’entend rien du tout, de l’autre côté de la porte, après y avoir collé l’oreille ; à celle de Rodrigue Belorme, il tend aussi l’oreille, pour n’y entendre que des ronflements paisibles. Il toque doucement à la porte : aucun mouvement à signaler.

Il marque aussi un arrêt à la sienne, de cabine, afin d'équiper son duo de dagues et deux de ses bracelets d’incantation.
Juste au cas où.

Les couloirs de l’Astrolabe sont déserts, comme attendu, à cette heure de la nuit. Le mage marche aussi prestement et discrètement que possible (autant que faire se peut pour un homme d’un 1m91) et arrive enfin à la soute, sans avoir croisé âme qui vive. Là-bas, tout est sombre, et à peine ouvre-t-il la bouche, avec l’intention d’appeler discrètement le nom du policier qu’une main lui attrape le bras et le tire à sa suite. Une main qui appartient, comme il le remarque bien vite, au dit policier qu’il est venu rejoindre, qui le tire à l’écart. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Spoiler:

1:00 – Cabine, couloirs.
Ma sieste impromptue de l’après-midi me sert bien à présent, ne puis-je m’empêcher de songer alors que j’enfile une tenue plus sobre pour mon excursion nocturne. Tenue et équipement, cela va sans dire. Comme si je partais en patrouille. L’idée me fait sourire. Il y a toujours eu quelque chose d’intriguant, d’excitant à ces enquêtes ! J’inspire un bon coup avant de me glisser hors de ma chambre, prêt à toute éventualité – y compris à devoir expliquer ce que fait un prince debout en plein milieu de la nuit. La faim ne me servira que tant que je me trouve dans les aires publiques de l’Astrolabe… dans lesquelles je ne compte pas m’attarder.

Les couloirs sont déserts et je me faufile rapidement et discrètement vers l’entrée de la soute.

1:20 – Soute de l’Astrolabe
Je redouble de prudence à l’approche de la soute. C’est qu’il me semble avoir entendu des voix au loin. C’est donc avec toute la discrétion dont je suis capable que je me faufile là où, clairement, je ne devrais pas être. Quel équipage, après tout, voudrait d’un passager qui met son nez dans ses affaires, qu’elles soient légales ou… moins légales…

J’entends de nouveau des voix. Elles sont beaucoup plus près que je ne le voudrais. Un bref coup d’œil autour de moi confirme qu’elles proviennent sans doute d’un couloir qui débouche sur la soute un peu plus loin devant moi, sur ma gauche. De crainte d’être aperçu lorsqu’ils approcheront, je me glisse entre une série de caisses. Ainsi dissimulé, j’observe, j’écoute.

Les voix ne me parviennent que par brides arrachées aux murmures. Les silhouettes ne sont qu’ombres dessinées sur les murs, sur le sol. Leurs formes, leurs mouvements me laisse à songer qu’on croirait un équipage bien formé qui décharge un navire…

1:30 – Soute de l’Astrolabe, caché entre des caisses.
J’entends des pas derrière moi et cela me tire de mon observation. Je me tourne pour apercevoir Lionel qui ne semble, pour le moment, pas s’être rendu compte du danger qui court si l’on n’est pas plus prudent. Serrant les dents, je m’approche de lui pour lui attraper le bras et l’attirer vers moi, non sans un geste pour lui intimer le silence.

Son attention captée, je lui fais signe de me suivre jusqu’à mon poste d’observation. D’un geste de la tête, j’indique la jonction d’où proviennent les voix basses qui m’ont alertées à mon arrivée tout en remerciant les dieux qu’ils n’aient rien vu ou entendues – du moins je l’espère…

Spoiler:

1h00 - cabine du personnel
1h. L’heure des méfaits. C’est le moment où jamais. Ils se regardent tous, un regard de connivence. De la peur et de l’appréhension aussi chez certains. Ce soir, ils passent à l’action. A l’heure qu’il est, si Alexandre a rempli sa mission comme il faut, tout l’équipage doit être en train de dormir à point fermé. L’avantage d’avoir l’un des membres du groupe des violettes en charge dans les cuisines. Elle attrape son trousseau de clés passe-partout. Objectif : enfermer tout le monde avant que l’un d’eux ne se réveille. Elle sait que, contre tout ce qu’ils avaient espéré, des arcanistes sont à bord. Elle sait qu’un simple tour de clé ne suffira certainement pas à les garder enfermés longtemps pour certains. Mais c’est l’une des premières précautions. Après… Après ils aviseront. Enfermer tout le monde puis rejoindre l’équipe de Lubin pour la deuxième étape du plan. Elle attend que tout le monde soit prêt. Ils s’assurent que les membres du personnel ne faisant pas partie de leur petite troupe soient eux, bien endormis. Ils le sont. Preuve que la mission est déjà en bonne voie.

1h15 - cabine du personnel, couloir
Ils ont revu leur plan une dernière fois avant de partir. Cette fois, ils ne peuvent plus faire machine arrière. Hortense ouvre la porte, passe sa tête, scrute le couloir. Personne. La voie est libre. Elle s’engouffre dans le couloir, rendu sombre par la nuit, suivie de quelques femmes de chambre. Elles se répartissent le couloir. Le but est simple : entrer dans la chambre, vérifier que la personne dort, sortir, fermer à clé. Passer à la chambre suivante. Pendant ce temps là, un autre groupe part chercher les armes cachées dans la soute.

1h30 - couloir, cabines
Première chambre de faite. Tout se déroule pour le mieux. Elle passe à la deuxième chambre. Une jeune femme est allongée, elle dort profondément. Dans la pénombre, Hortense croit distinguer un panda, recroquevillé contre elle. Ils semblent tous les deux si paisibles. Une douleur dans la poitrine d’Hortense : de la culpabilité. N'y a-t-il pas toujours des dommages collatéraux lors d'une révolution ? Si tout se passait comme prévu, il ne devrait pas y avoir de blessé. Et tout allait se passer comme prévu. Trop tard pour se dérober. Hortense recule, elle sort, verrouille la porte. Prend une pause d’une milliseconde. Elle se croyait assez forte pour ce plan. Elle était assez forte pour ce plan. Elle passa à la troisième chambre, ouvrit la porte, s’arrêta nette. Le lit était vide. Se pouvait-il que cette personne ait dormi dans la chambre d’un autre ? Hortense regarda partout, sous le lit même, elle chercha dans les moindres recoins, comme si, levant les yeux au ciel, elle allait découvrir le corps de la personne manquante, comme si un simple regard pouvait la soulager. Mais rien ne pouvait y faire : il manquait quelqu’un à l’appel. Tant pis, il fallait continuer, coûte que coûte.

1h45 - cabines, couloir, cuisine
Plusieurs autres chambres faites. Deux chambres vides. La panique commençait à grandir en elle. Elle savait garder la tête froide, Hortense. Et c’est ce qu’elle s’efforçait de faire. Il fallait qu’elle comprenne où étaient ces personnes. Toutes les chambres étaient désormais verrouillées. Hortense rejoignit Adeline et Cataline, ses deux acolytes pour cette mission. Le bilan était sans appel : elles aussi avaient trouvé des chambres vides, deux pour être exactes. Elles n'avaient trouvé aucune chambre qui contenaient deux personnes. Il fallait se rendre à l’évidence, quatre personnes se baladaient actuellement à bord. Il était primordial qu’elles les retrouvent. Hortense se rua dans la cuisine. En l’absence d’arme, un rouleau à pâtisserie devrait faire l’affaire pour endormir ceux qui n'avaient pas succombé à la drogue d’Alexandre. Et elle savait qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde à frapper.

Spoiler:

1h05 – Couloirs et cabines

Les négociations avec Séverine se sont passées tranquillement, et c’est avec satisfaction qu’elle l’a laissée partir, après lui avoir fait promettre de garder le silence sur sa profession. Elle ignore ce que vaut la promesse d’une Cielsombroise, mais l’avenir lui dira si elle a bien fait ou pas. En tout cas, elle soulagée du poids de cette mission, et la croisière devrait être moins pénible à supporter. Plus qu’à attendre de pouvoir remettre le pied à terre.

L’heure du repas du soir est rapidement arrivé. Aubrée en a profité pour faire le plein de mélisse auprès de Mélisende, avec qui elle a pu échanger quelques mots. D’humeur joyeuse, elle a mangé copieusement, et a traîné un peu dans le salon avant de regagner sa cabine. La soirée s’est tranquillement terminée, et elle a commencé à se préparer pour aller se coucher ; mais elle a rapidement été prise d’un sentiment étrange. Comme un début de… nausée ? Elle s’est allongée en se disant que ça passerait en dormant, que ça fait déjà trois jours qu’elle survit à un voyage aérien, elle ne va pas tomber malade maintenant.. ! Et pourtant.

Elle finit par se relever, un peu vaseuse. La tête lui tourne un peu, comme si elle n’était pas tout à fait réveillée. Cela aurait pu lui paraître normal si cette sensation étrange ne s’était pas amplifiée au fil des heures. Elle s’endort bien plus vite, d’habitude. Son regard se pose sur Saturnin. Le canard relève doucement le bec, mais retombe et se rendort aussitôt. Elle tente de l’appeler mentalement, mais il ne répond qu’à moitié. Lui qui est toujours si vif d’habitude… Ce n’est pas normal.

Pas très en forme, elle s’habille, espérant se réveiller mieux, sans trop de succès. Il faut qu’elle aille trouver Mélisende, et qu’elle lui fasse part des effets secondaires étranges de sa mélisse. C’est étrange, pourtant, qu’elle ne lui en ait pas parlé plus tôt. Elle sort rapidement de sa cabine et laisse la porte entrouverte, au cas-où Saturnin se réveille et souhaite sortir.

Les couloirs sont silencieux, à cette heure de la nuit. Toujours embrumée, Aubrée avance, petit à petit, en direction de la cabine occupée par Mélisende. Elle se passe la main sur les yeux, espérant encore pouvoir s’éclaircir l’esprit. La mélisse ne la réussit pas. Et puis, une pensée la frappe. Il y a toujours des gens, d’habitude, se promenant dans les couloirs, même rarement, même à des heures tardives. Des employés, des passagers insomniaques… Et elle n’a entendu personne marcher dans les couloirs pendant un long moment – mis à part pendant qu’elle se préparait. Serait-ce… ? Non, elle doit se faire des idées. Il faut absolument qu’elle parle avec Mélisende.

Une fois devant sa porte, elle toque doucement. « Mélisende… J’me sens pas bien. Je suis… Ça va, toi ? » La mine inquiète, elle tente de passer outre son semblant de nausée pour examiner l’état de santé de l’Ombre cielsombroise. « La mélisse… Ça fait pas des effets comme ça, pas vrai... ? » Elle connaît ses potions, Méli, et elle lui aurait dit. Et s’il y a autre chose… Que se passe-t-il, concrètement ?

Spoiler:

Jamie Dornan ️️ Fassophy
Lubin Belle-Ivraie

• Joué par Danette
• 38 ans
• Veuf
• Guide touristique spécialisé pour Déméria, embauché tout particulièrement sur l'Astrolabe pour cette croisière.
• Diplôme de bibliothécaire.
• Est monté à bord à Edenia.

1h - Pont de l'Astrolabe
Tout le monde est profondément endormi, à priori. Droguer le dîner, en collaboration avec le cuisinier, semble tout de même être l'idée la moins dérangeante pour le moment : personne pour les interrompre, personne pour être blessé, cela ressemble à un plan parfait. Il ne faut pas se méprendre, pourtant : ils ont un objectif et s'il doit y avoir des gens blessés pour l'atteindre, Lubin n'hésitera pas trop longtemps. C'est plus simple, sans personne autour, mais il y a bien d'autres solutions pour écarter les gens de son chemin. Il est déterminé, le bibliothécaire, et clairement pas prêt de s'arrêter. La détermination, c'est bien la clé, n'est-ce-pas ? Le déclenchement de tout, en tout cas. Leur plan est prévu depuis longtemps et il envoie un petit groupe verrouiller les cabines des passagers, ultime précaution pour s'assurer du bon déroulement de leur plan. Pendant ce temps, un autre groupe le suit pour venir récupérer les armes dissimulées dans la soute. Les caisses sont clairement identifiées, par eux tout du moins, et cela ne devrait pas être très difficile de remettre la main dessus.

1h 20 - Soute
A la chiche lueur des lampes, c'est un peu plus compliqué qu'en plein jour, dans un entrepôt illuminé par le soleil. C'est un bref contretemps et déjà l'équipe de Lubin se disperse, avant d'entamer l'ouverture des caisses qu'ils ont spécialement préparés. Des dagues, des couteaux, tout le matériel des parfaits petits délinquants, accompagnés d'un foulard qui dissimule le bas du visage de Lubin. Il ne faudrait pas qu'on le reconnaisse ! "Dépéchez-vous" Souffle-t-il aux autres, sachant très bien que leur timing est serré s'ils veulent que tout se déroule comme prévu. Un bruit léger lui fait tendre l'oreille et Lubin se redresse, aux aguets. Il est resté dans la lumière de la lampe bien trop longtemps pourtant pour distinguer quoi que ce soit, et hésite à prévenir ses compagnons avant de trancher. Ce n'est sûrement rien, mais autant être prudent, non ? C'est bien leur goût du secret qui les a amené ici. "Il me semble avoir entendu du bruit, par là." A moins que ce ne soit leurs complices, qui ont fini plus tôt que prévu ? "Nous n'avons pas le temps de fouiller, mais restez sur vos gardes." La soute est bien trop grande pour une fouille en règle, et il est temps, déjà, de remonter pour se diriger vers le pont. Lubin fixe de son mieux les ténèbres mais la soute n'est guère éclairée, au contraire du pont. Ils verront mieux de là-haut, sans aucun doute.

1h 40- En route vers la passerelle
Le pont est éclairée d'une lueur diffuse, juste assez pour y voir clair, mais pas assez pour ne pas sursauter à chaque ombre. Lubin le dissimule de son mieux, mais il est nerveux. Extrêmement nerveux, même. Ce qu'il s'apprête à accomplir, il le sait, est sans retour. S'ils se font prendre, et même peut-être s'ils restent incognito. Ils vont détourner l'Astrolabe ! Le bruit entendu plus tôt le dérange : il aime ce qui est ordonné, le bibliothécaire, et l'impression que quelque chose n'est pas exactement parfait ne le quitte pas. Sans doute un effet du stress, il le reconnaît volontiers. Le sentiment que quelque chose n'est pas juste, d'être épié, d'être suivi même, le taraude et il ralentit le pas avant que ses compagnons ne l'interpellent. "On continue." Annonce-t-il après un dernier regard en arrière. Est-ce une ombre, qu'il a vu bouger ? ou simplement un effet de son imagination ?

Spoiler:

2 juin, 1h22 – Cabine de Mélisende / Couloir

Tu ne te sens pas très bien, pourtant habituellement tu n’es pas malade à bord des zeppelins. Tu ne comprends pas trop ce qu’il se passe et ce que tu as. Gudule est à côté de toi, inquiète. Et la situation s’empire quand tu essaies de te lever pour boire un petit peu d’eau parce que tu as la bouche pâteuse et que tu tombes te rattrapant comme tu peux aux mobiliers de ta cabine.

Gudule ? GUDULE ?

Moment de panique quand tu essaies, égoïstement, de réveiller ta tarentule et que tu la crois morte. Elle zigzague le long du rideau, pendue à l'une de ses toiles. D’habitude, elle se réveille toujours quand tu te lèves et là, elle ne bouge plus. Elle n’est, heureusement, pas morte. Il y a quelque chose qui cloche, elle a l'air comme drogué. Et toi, tu ne vas pas bien. Non, décidément, quelque chose ne tourne pas rond.

Après t’être passé de l’eau sur le visage, tu décides d’aller voir Aubrée, tu veux bien t’assurer que c’est toi qui as un souci et que ce n’est pas le dîner ou autre chose....Finalement, c’est l’apprentie de ton amie qui te devance en frappant à ta porte ; soit, vous avez eu la même idée, soit… dans tous les cas, c’est étrangement inhabituel.

« Aubrée ? Entre ! »

La petite Aubrée a, à peu près, la même tête que toi.

« Toi non plus, tu ne te sens pas bien ? Je doute que cela soit la mélisse, je n’en ai pas pris depuis un petit moment et je n’ai jamais été malade à cause de ça. Il y a un problème Aubrée. Il faut aller voir ce qu’il se passe, ça ira toi ? » Tu fais référence à son réel mal des transports.

Aubrée te raconte qu’elle n’a rencontré personne sur le chemin de sa cabine à la tienne, qu’il y a toujours du monde habituellement. Peut-être que tout le monde est malade ? Et qu’on a essayé d’empoisonner tous les passagers ? Mais c’est étrange, cette idée trotte dans ta tête. Tu es une experte en poison, c’est quasiment impossible que tu n’aies pas détecté la substance…

Une dernière caresse pour Gudule, puis tu prends ton poignard arhabéen et tu noues autour de ta cuisse un bout de tissu noir que tu as l’habitude d’utiliser à cet effet pour cacher ton tatouage. Ensuite, tu prends Aubrée par la main et tu sors en nuisette en dentelle noire à moitié dénudée avec une « veste » par-dessus.

Tu ne sais pas trop vers qui te tourner, peut-être chercher directement les membres de l’équipage ou t’assurer que les autres passagers vont bien, mais qui réveillait ? Qui dérangeait en pleine nuit sans passer pour une folle ? La personne, à bord, que tu connais le plus est l’ambassadrice de Sombreciel : Sévérine de Mauve. Peut-être vaudrait-il quand même mieux se tourner vers les deux arcanistes que tu as vu un peu plus tôt dans la journée… Eux, ils savent peut-être.

Sur vos gardes, vous sortez de ta cabine. Tu fermes la porte derrière toi et le plus discrètement possible, vous vous engagez dans le couloir. Tu te tiens au mur, tu ne te sens vraiment pas bien, mais Aubrée a raison, c’est trop calme même en pleine nuit.

« Restons sur nos gardes ! » chuchotes-tu à ton acolyte, que tu dois protéger.

Puisse Valda, l’étoile guidait nos pas…

Spoiler:

Intervention du Destin

Tirage du dé

Il est à présent 2H30 du matin.
(IMPORTANT : Les familiers sont impactés par la drogue, ils sont tout aussi drogués que leur humain.)

• Est arrivé ce qui devait arriver : peu discrètes dans leur état hébété, Mélisende et Aubrée se font repérer par Lionel et Bertin, qui sont, eux, en pleine possession de leurs moyens (même si le premier est un peu malade et le second a un peu faim).
→ Aux joueuses de ces personnages de voir comment se passe la rencontre. Les officiers veulent-ils aider les dames en détresse ? Qui soupçonne qui ? Une alliance Déméria+Ansemer contre Sombreciel+Abyme, comme au bon vieux temps ? Ou au contraire, une entente de circonstance entre le beau-frère de la reine de Déméria, le prince d'Ansemer, la première suivante de la princesse d'Abyme et la sœur du roi de Sombreciel ? Est-ce que tout ça est un plan d'Arhab pour conquérir le continent ?
(ANTHIM, EST-CE TA FAUTE ? )

• Les deux groupes de pirates de l'air ont rempli leurs missions : toutes les portes sont verrouillées, ralentissant la progression des recherches ; et les pirates ont le plein contrôle de la passerelle sur laquelle ils se sont barricadés avec leurs armes et quelques membres d'équipage en otage (ceux qui assuraient la veille de nuit, ils sont 3).
→ Lubin, Hortense, vous et vos copains pouvez exprimer vos revendications, engager ou bien refuser le dialogue. Vous avez des otages, et le contrôle de l'appareil.

• Seulement voilà : les drogues utilisées pour endormir les passagers étaient les moins chères que les pirates ont pu se procurer, au vu de leurs moyens réduits, et les rebelles amateur ont malheureusement raté cette partie-là de leur plan : ils en ont eu exactement pour leur argent, les passagers commencent à se réveiller, plusieurs heures avant ce qu'ils avaient prévu.
→ Les drogués sont dans un sale état : si Mélisende et Aubrée restent à peu près conscientes, bien que fort hébétées, c'est grâce à la mélisse qu'elles avaient absorbée pour leur mal de l'air. Les autres passagers sont très groggy. Les plus entraînés au combat s'en sortent un peu mieux (Zéphyre est dans l'état d'Aubrée et Mélisende, Rodrigue un peu moins vif mais quand même à peu près capable de se déplacer) ; les civils (Samuel et Séverine) sont assez vaseux, un peu comme avec la gueule de bois du millénaire. Les élèves de Rodrigue sont complètement KO.
ATTENTION : N'oubliez pas que vous êtes enfermés dans vos cabines, et que la magie dans votre état c'est heu... c'est risqué, hein. Tout enchantement lancé par un mage drogué devra obligatoirement être tiré au dé du Destin dans le sujet approprié :
→ De 1 à 50 : L'enchantement fonctionne.
→ De 51 à 100 : L'enchantement rate (et endommage l'environnement ou une personne à proximité, y compris vous-même ou votre familier).

OBJECTIFS DU TOUR
→ Nous sommes dans la tranche horaire 2H30 → 6H00.
→ L'enjeu est de reprendre le contrôle du zeppelin : soit par la force, soit par la négociation. Les pirates de l'air sont des amateurs loin d'être malfaisants, mais ils sont désespérés d'avoir tout tenté sans succès...
→ Vous pouvez vous mettre d'accord entre vous pour voir si les pirates se rendent ou pas ; ou si les forces de l'ordre/passagers parviennent à les maîtriser. Quel que soit le choix, le Destin pourra de toute manière s'en accommoder, et votre décision à ce stade influera sur les conséquences de l'intrigue.
→ Si jamais vous préférez tous laisser le hasard décider, le Destin est à votre disposition sur simple demande collective dans le QG et pourra tirer au sort qui triomphe pour contrôler l'Astrolabe.

Enfin, merci aux 6 membres concernés d'avoir posté si rapidement. C'était inespéré et vous avez vraiment géré !

2h50 du matin

Par les dieux... C’était quoi ça ? J’ouvre les yeux et pousse un gémissement pitoyable. Je n’ai jamais dormi comme ça auparavant. Mon lien avec Fengo a fait que je dors d’habitude d’un sommeil très léger. Un rien suffit à me réveiller, aux aguets et alerte. Mais la... J’ai l’impression d’être revenu 20 ans en arrière, quand je faisais des nuits blanches pour réviser mes cours... Cela faisait des années que je ne m’étais pas senti aussi vidé. Je tente de reprendre pleine possession de mes moyens et, après quelques instants, je finis par me lever.... Pour retomber assis.. Je veux aller prendre l’air, cela ne me fera pas de mal. Mais mon corps n’est pas très coopératif. Il doit encore faire nuit, je n’entends aucun bruit dans le couloir. J’espère pour mes élèves qu’ils sont tous bien dans leur lit, ou ça va barder. Je n’aimerais pas avoir à faire preuve d’autorité avant le matin. La soirée s’est très bien déroulée, le repas était divin. Après m’être assuré que chacun regagnerait sa cabine, je me suis retiré pour rédiger un rapport sur la journée. Quelques dizaines de minutes plus tard, à peine après l’avoir entamé, j’ai senti le sommeil me gagner. Le rapport attendrait, je me suis donc couché sans plus attendre, pour dormir d’un sommeil de plomb.

Pourquoi est ce que je me sens aussi lourd ? Je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour me lever. On aurait dit un cielsombrois après une soirée trop chargée ! Me voilà enfin debout, pas très stable mais sur mes jambes quand même. Je ne me sens pas de renfiler toute ma belle tenue de la veille. Je me dirige d’un pas hésitant vers mes habits. Je trouve à peine la force d’enfiler un pantalon. Suis-je malade ? J’ai du mal à comprendre ce qu’il ne va pas. Problème de digestion ? Je ferais mieux de me recoucher. Je regarde mon lit pendant un instant avant de me dire que, non, je ferais mieux de voir si mes élèves vont bien. Si le repas est la cause de mon mal-être, ils risquent d’être aussi impacté. Je parviens à enfiler mon manteau par dessus mon torse nu et me dirige vers la porte. Tiens donc ? Fermé ? Étrange.

Je ne me rappelle pas m’être enfermé. Je cherche la clé des yeux avant de me rappeler qu’il n’y en avait jamais eu dans cette chambre. Je tente une nouvelle fois de l’ouvrir, en vain. Je ne me sens pas de l’ouvrir de force à coup de pieds ou d’épaule... Rester debout est déjà un exploit. Je cherche à toucher l’esprit de Fengo, mais je ne sens rien. Il est profondément endormi. Je tape contre la porte et appelle à l’aide. Quelqu’un va bien finir par m’entendre ! Pourquoi m’a t’on enfermé ?! Je tape encore un moment. Mes élèves ! Je dois aller les voir ! Ils sont peut être en danger !

Je prends rapidement une décision. Tant pis pour la porte. Je recule de deux pas, retrousse mes manches et commence à formuler une incantation. Je prie l’aide d’Amon’râ pour faire naître les flammes. Les voilà... Je lève les bras vers ma cible. Bientôt la porte ne sera plus qu’un mauvais souven... Aïe !
Je tombe à genoux, la main sur mon bras gauche ensanglanté. Je suis parvenu à éviter de finir la tête en feu, mais c’est mon bras qui en a fait les frais. Je regarde autour de moi tout en haletant. Le tapis est roussi par les retombées de flammes. J’éteins les quelques flammèches qui subsistent. Pour ce qui est de la magie... Je compte m’abstenir pour le moment... J’ai eu de la chance, j’aurais pu avoir bien pire que cette douloureuse blessure. Je me relève et me dirige vers mon lit. Je n’ai pas le choix, je vais devoir attendre qu’on m’ouvre. Pourvu que rien ne soit arrivé à mes élèves...

Spoiler:

2 JUIN – 3H

Qu’est-ce que… ?
Impossible de dire ce qui a tiré Zéphyre du sommeil ; mais elle peine à émerger. Ses oreilles tintent, et une affreuse nausée lui tord l’estomac. Sa tête résonne étrangement, comme au lendemain d’une monstrueuse gueule de bois, et à juger par son œil hagard, Mascarade n’est pas en meilleur état. Ça va ? Hunngn. Est-ce que tu peux penser moins fort, s’il te plaît… ? Hochant mécaniquement la tête à la demande de son familier, et regrettant immédiatement ce mouvement inconsidéré, l’arcaniste s’assied à grand-peine. Ouh là. Ça tangue. Il lui faut bien quelques instants avant que le monde ne cesse de tourner autour d’elle, et elle tente fébrilement de se rappeler quel alcool elle a bien pu ingérer pour être aussi défoncée. Est-ce qu’elle a bu sans modération ? Elle s’est couverte de honte ? Elle s’est-ce qu’elle a tourné en ridicule toute sa nation ? Est-ce que sa chère tante Gaïane va devoir la renier ? Zéphyre, ça suffit, tu me donnes la nausée rien qu’à t’écouter tourner en rond ! Essaie de sortir, plutôt. Bonne idée, ma belle. Reste là. Rassurant son humaine sur le fait que, effectivement, elle a tout à fait l’intention de ne pas bouger ne serait-ce qu’un cil, la panda roule sur le dos et reste étendue là, à combattre la faiblesse qui terrasse ses membres tandis que sa mage tente de se lever.

Bon, à genoux c’est aussi bien que debout, non ? Accrochée au bord du matelas, l’arcaniste avance laborieusement vers la porte, se cramponne à la poignée… et retombe à genoux, incapable de l’ouvrir. Fronçant les sourcils, elle recommence… sans effet. Le bouton ne pivote pas. Essaie dans l’autre sens. Ah. Levant à nouveau le bras, Zéphyre inverse le sens de rotation, mais non, toujours rien. On est enfermées, ma jolie. Essaie ta magie… ? Le sentiment de scepticisme passe de l’humaine au familier, mais l’arcaniste peut toujours essayer. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner… ?

« Ô Amon’Râ, dieu du feu et de (heu) tout ce qui brûle, là… convoque toutes tes cendres et fais flamber c’qui est d’vant moi ! » (Pourquoi, Zéphyre, POURQUOI le dieu solaire des Arhabéens ? Elle aurait pu invoquer le dieu des serrures, ou des clés, ou des portes, mais non – non, dans le doute… fous le feu, disait toujours Diane. Pas forcément en ces mots, mais…)

Vers mal construits, rime maladroite, incantation bien trop bancale – Zéphyre a oublié que sa main était, elle aussi, devant elle, accrochée au bouton, et s’en rappelle très soudainement, lorsque l’odeur de brûlé parvient à ses narines : juste au moment où la douleur lui arrive au cerveau. « Aaaaaaaaaaaaaaaaaargh ! » hurle-t-elle dans un glapissement rauque. C’est à l’instant où Mascarade affolée jette le couvre-lit sur son bras pour étouffer les flammes que la porte vole en éclats – c’est en tout cas ce que le fracas d’apocalypse porte à croire – et que ce qui ressemble à cinquante litres d’eau se déversent sur elle.
Glacée.
Mais salvatrice.

Claquant des dents, agenouillée sur le plancher et dégoulinant abondamment, la tête lui tournant fiévreusement, Zéphyre lève un œil piteux sur son brigadier. « … J’ai pas raté un enchantement à ce point depuis ma première année à l’académie. » marmonne-t-elle, trempée jusqu’aux os et passablement humiliée.

Spoiler:

3H01 (sisi)
Un matelas sous son dos. Des draps bien légers qui sont entortillés autour de ses jambes et caressent sa peau, retiennent vers lui la chaleur de juin mêlée à celle de son corps. L’oreiller, les oreillers, qui supportent sa tête si lourde. Les premières choses à revenir à Samuel, alors que la conscience le gagne, ce sont les sensations. Infimes, décousues, elles signalent une partie de son corps mais le tout ne fait pas sens ; cette tête est là, son dos est ici, ses bras sont croisés sur son abdomen dénudé, mais ce bras n’est pas relié à l’épaule qui touche la taie d’oreiller, ce pied qui pend au dehors du lit n’est pas rattaché à une jambe. Il est morcelé.
Il essaye de faire sens, mais rien n’est logique. Lui-même n’est qu’un amas qui peine à se percevoir comme un homme, pendant quelques minutes. Sa conscience et son esprit lui reviennent bien avant l’impression d’avoir un corps.
Aurait-il abusé, hier soir ? La soirée est floue, derrière ses paupières encore closes. Il revoit vaguement les verres, se souvient d’avoir ri, discuté, plaisanté avec certains démérianes à bord – mais leurs visages sont absents, leurs voix distordues.

« Bon. » Sa voix sort enrouée, comme usée par le sommeil profond duquel il revient. Analyser. Comprendre, plus ou moins. Il se sent bien. Bien, dans le sens où tout son corps est confortable, où tout son corps est relâché à l’extrême, détendu. Il exclut d’office, au rythme de son esprit qui peine à reprendre du service, l’abus d’alcool. Samuel fait des excès, mais il y a bien longtemps qu’il ne s’est pas retrouvé la tête vaseuse comme au sortir d’une cuite, et ça ne ressemble pas à ça.
Un abus d’un autre genre, en revanche… L’état d’ultra-conscience de son corps, la sensibilité de sa peau – réveillée par un toucher invisible –, la lourdeur de tout son être, le font sérieusement pencher pour un somnifère, quelque chose d’approchant, relaxant, un opiacé ? La sensation est la même. Ce retour à la réalité avec une perception de l’existence temporairement émoussée.
Il cherchera plus tard à comprendre pourquoi ça n’a pas tenu toute la nuit – ou pourquoi une tenace envie de vomir joue à l’arrière de sa gorge. C’est pour le moins inhabituel, même si le Sulfure se rapproche plus d’un consommateur occasionnel que d’un addict pur.

Dans un gémissement, l’homme s’assoit sur son lit. Il n’a pas l’idée de l’heure, mais rien que sa petite réflexion a du lui prendre bien une quinzaine de minutes : ses sens reviennent, petit à petit. Laissant derrière lui les draps, la compagne fait un pas en avant – et se rattrape à la table de chevet, envoyant valser son roman à terre. Le monde est de coton et de douloureuses échardes de réalité. Son corps agit sans qu’il ne le sente, faiblit sans qu’il ne le sente. Doucement.

Il est dans un sale état. Derrière les brumes qui se dissipent, il commence à s’en faire : il n’a jamais été aussi mal en point – et pourtant, il en a passé, des soirées où l’air respiré n’est que fumée, où son esprit sollicité abandonne le monde. Mais jamais autant. En général, il peut se lever sans trop de souci le lendemain.

Il lui faudra quelques minutes de plus pour réussir à se lever à nouveau, à attraper de quoi se couvrir pour aller prendre l’air – celui-ci vivifiera son esprit, surtout en pleine nuit -, et encore quelques autres pour rejoindre la porte.
Qui ne s’ouvre pas.
Malgré les efforts répétés et insistants de la dame d’Euphoria sur la poignée, qu’il manquerait de casser ! La porte reste close, et il n’a pas la clé.
Il est trois heures du matin, et Samuel tambourine contre sa porte d’un poing, se retenant de l’autre au meuble le plus proche – il n’a qu’à moitié confiance en ses jambes.

Spoiler:

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