Les pieds sur terre

Livre I, Chapitre 2 ▬ Trois petits tours

Les pieds sur terre

Christa Arpentenuée & Louis de Brunante

31 juillet 1000

• Statut du RP : Privé
• Résumé : À la veille de la foire de l'Ancrage, Louis et Christa profitent d'être à terre pour discuter loin de l'équipage.
• Recensement :

Code:

• [b]31 Juillet 1000 :[/b] [url=LIEN]Les pieds sur terre[/url] - [i]Christa Arpentenuée & Louis de brunante[/i]
À la veille de la foire de l'Ancrage, Louis et Christa profitent d'être à terre pour discuter loin de l'équipage.

crédits images:

Le vent vient t'apporter le parfum salin des eaux profondes, tandis que d'un oeil distrait tu suis le vol audacieux de Nérée qui s'en va pêcher. Tu soupires, ne quittant pas du regard la trajectoire de l'oiseau, dont tu envies le vol. Dix-sept ans que tu navigues au sein de l'Audacia, et à la différence d'une grande partie de tes frères d'équipage, tu n'aimes guère te retrouver les pieds sur terre. Tu t'es habituée au doux mouvement du navire bercé par les vagues, tu apprécies cette cacophonie de voix et de bruits qui te rappelle que tu n'es plus seule. Et par dessus tout, tu as besoin de cette sensation constante de mouvement. Même à l'arrêt, un navire n'est jamais immobile, tel un être de chair et de vie. Ici sur terre, rien ne bouge. Tout est figé. Tu te revois presque vingt ans en arrière, enchaînée à la demeure de Brunante, les yeux toujours pointés vers l'horizon sans jamais pouvoir l’atteindre, ou en tout cas c’est ce que tu pensais à l’époque. Et pourtant, tu avais pu prendre en main ton destin. Fuir l’avenir morne et routinier d’une femme de haute naissance pour choisir le vent et les vagues. L’Audacia avait brisé tes chaînes, t’apportant non seulement un avenir, mais aussi une famille. Et en dix sept ans, nombreuses sont les aventures que tu y a vécu. Des rencontres, des attaques, des drames parfois, mais surtout de nombreux rires, moments de pure fraternité qui en font les souvenirs les plus doux de ta vie. Voilà pourquoi au sol, tu te sens seule, inutile. Pas à ta place, pas au bon endroit. À l’image du majestueux albatros, dont les ailes immenses lui donnent l’air gauche une fois à terre.

Voilà plusieurs jours déjà que l'Audacia est amarré à l'Ancrage, pour y subir de profondes réparations suite aux derniers incidents, et il te semble bien que depuis que tu as embrassé la piraterie tu n'es jamais restée aussi longtemps au sol. Tu tentes de t’occuper, rendant visite aux couturières qui t’hébergèrent à ton arrivée plusieurs années auparavant, ou encore en écumant les quelques quelques commerces aux alentours du port pour refaire ta garde-robe. Rien de très frivole, ce n’est pas ton genre, mais il est toujours bon remplacer tes vêtements quotidiens, usés par le sel. Malgré ces quelques activités, tu t’ennuies et tu espères que les festivités du lendemain vont te permettre de te sortir de cette morosité. Adossée à un mur, les bras croisés tu observes toujours Nérée, qui rassasié entame son vol de retour. Le fou de bassan joue avec les courants d’airs et semble danser. Tu as toujours aimé les oiseaux, et particulièrement les oiseaux marins : sorte d’hybrides entre ciel et mer. Son vol majestueux achevé, le volatile se pose à tes pieds et frotte sa tête contre ta jambe pour te signifier qu’il est heureux de te revoir. « La pêche fut bonne mon ami ? » « Ça peut aller, mais les poissons sont meilleurs et plus nombreux loin des côtes. » « À qui le dis-tu ... » Réponds-tu d’un ton las, levant les yeux de l’oiseau pour observer les quais. Un sourire se dessine sur ton visage quand tu aperçois Louis. Ton frère de coeur, à qui tu dois tellement. D’un geste de la main, tu l’invites à te rejoindre. Sans transition ni salut - est-ce vraiment nécéssaire ? Vous vous connaissez par coeur ! - tu prends la parole. « Bon, qu’attend-t-on des festivités de demain ? J'espère qu’elles seront à la hauteur des fêtes que l’on donne sur le pont, je n’ai pas envie de me retrouver au milieu d’une kermesse paysanne pour enfants. » Il faut dire que chez les pirates, les festivités sont connues pour être tonitruantes, faites d’alcool et de rires bien gras. Bien loin des bals chorégraphiés et prudes que tu as connu dans ton noble passé. Concernant les fêtes que l'on donne à l'Ancrage, tu exagères un peu. Mais peut-on vraiment se plaindre sans y mettre un peu de mauvaise foi ?

Cela fait à peine six jours que l’Audacia est de retour à l’Ancrage et le pirate a une incroyable bougeotte. La saison est la plus belle, alors que l’hiver n’a pas encore immobilisé les navires sur les eaux, et la cité libre lui donne l’impression d’étouffer. Sa cabine sur le navire est bien petite, mais elle porte tant de promesses qu’elle ne lui semble jamais trop étroite, alors que le cartographe dirige leurs trajectoires parmi les océans et les cieux.

Pour faire bonne mesure, impossible donc de ne pas venir rôder autour du chantier du cuirassé, de ne pas surveiller l’avancée des travaux (comme si c’était lui, le responsable), et même d’aller sur le pont sous prétexte de récupérer de ses outils. Un simple pauvre sextant embarqué sous le bras en excuse, alors qu’il adresse ses salutations à Rhéa avant de la quitter.

Appuyée contre un muret qui borde les pontons d’amarrage, l’homme repère Christa, son fidèle Nérée à ses côtés. Le pauvre fou ne doit guère faire bonne chaire, avec ce qui circule dans les canaux fermés de l’Ancrage… un autre qui doit avoir bien hâte de reprendre la mer ! Être un oiseau marin et choisir de quitter la mer, quelle idée, ironise Nemain dans son esprit. Nérée et elle vivent dans les mêmes eaux froides, après tout. À son signe de la main, Louis répond et vient la rejoindre sans se faire prier, l’air ravi de rejoindre l’Arpentenuée. « Bon, qu’attend-t-on des festivités de demain ? J'espère qu’elles seront à la hauteur des fêtes que l’on donne sur le pont, je n’ai pas envie de me retrouver au milieu d’une kermesse paysanne pour enfants. Tu s’ras déçue, alors, ma soeur, répond le pirate avec une fausse déception, surjoue une moue tristounette que ses yeux rieurs détrompe tout à fait. Moi qui avais prévu qu’on s’fasse des couronnes de fleurs en buvant du jus de pommes. » Ils risquent plutôt de boire des chopes de cidre bien alcoolisé, de bières et de rhum, au coeur des rues agitées de l’Ancrage, là où tous seront mêlés dans une folle danse.
Il n’empêche que le chauvinisme assumé de Christa pour la vie de pirate est doux et que Louis s’y retrouve bien. Les fêtes au sol, qu’importe leur grandiose, n’ont rien de celles qu’ils peuvent célébrer sur terre ou dans les airs, lorsque le cuirassé vogue en toute liberté.

Il s’appuie contre le mur à son tour, prenant bien soin de ne pas effleurer Nérée par inadvertance. « Tu connais mieux l’Ancrage que moi, t’sais bien que Lugnasadh… tout le monde sort le grand jeu. » Les marchands et la guilde des arts, mais aussi tous les voleurs du coin et les contrebandiers, qui n’ont jamais assez de fleurons à piocher dans les poches des honnêtes gens. Dont les siennes ! Et par principe, Louis n’a guère d’amitié envers les doigts crochus des voleurs de rue, trouvant bien peu de défi à cette vie. Ce n’est pas comme tout risquer en attaquant des navires ansemariens, ou des villes entières, pfah ! « Y’aura de tout. Les plus belles inventions du continent, d'la musique, d'la nourriture… de la danse, même, qui sait, tu y trouv’ras peut-être ton prochain prétendant, taquine le Brunante. Ou t’en trouv’ras un pour Mandy. Tant qu’il n’est pas plus beau que moi, j’veux garder mes chances. »
Inexistantes, les chances, mais la blague est présente.

(#) Sujet: Re: Les pieds sur terre Mar 1 Sep 2020 - 11:13

Malgré tes grands airs et ta mauvaise foi, tu es attachée à l'Ancrage. Même si tu as bien du mal à l'admettre, cela irait à l'encontre de celle que tu veux montrer. Bien entendu, la terre n'a rien à envier à la mer. Et ton coeur appartiendra toujours à l'Audacia. Néanmoins, sans ton séjour à l'Ancrage, tu n'aurais jamais embrassé la piraterie. Tu y as appris beaucoup. La débrouille, la survie, la sororité. Autant de choses qui t'ont forgé, qui ont transformé Christine du Nordet en Christa Arpentenuée. Et bien que ta fierté exacerbée t'empêche de l'admettre, l'Ancrage et ses habitants auront toujours une place spéciale dans ton coeur. Mais bon, il est bien plus drôle de prétendre le contraire n'est-ce pas ? Tu souris, appréciant que Louis rentre dans ton jeu. Cela te rappelle vos jeux d'enfants, quand vous rentriez dans vos rôles pour imaginer milles aventures. À l'époque, tu étais loin d'imaginer que les personnages que vous incarniez allaient finalement devenir réalité, et que vos aventures auraient finalement lieu sur le pont d'un navire et non lors de dîners mondains. Comment imaginer meilleure vie ? L'héritière enchaînée devenue pirate, naviguant aux côté de ceux que sont coeur a choisi pour famille. Certains disent qu'on ne choisi ni son destin, ni sa famille. Ô combien ont-ils eu tord, il suffit de te regarder. De vous regarder, après tout ce que vous avez traversé. Frère et soeur, riant avec inscouciance.

Louis s'adosse au mur à son tour, taquin comme tout frère doit l'être. Tu hausses un sourcil, croisant les bras avec une mimique faussement désapprobatrice. Terrain dangereux sur lequel tu t'aventures cher Louis. « Un prétendant ... ici ? » Encore une fois, tu exagères, avec ce soupçon de mauvaise foi qui te va si bien. En réalité, tu as déjà eu des prétendants ici à l'Ancrage. N'hésitant pas à passer tes haltes dans les bras d'un compagnon de passage. Pour toi, cette liberté chérie passe aussi par cela. Avoir le choix d'aimer, pour un instant ou pour une vie. À vrai dire, tu aimes tellement ta liberté que tu as du mal à t'imaginer enchaînée à un homme, et plus encore un homme incapable de comprendre ton mode de vie. Comment un homme des terres pourrait comprendre ? Serait-il capable de supporter de passer après la caresse du vent ? Sans doute non. Tu préfères donc les plaisirs de la chair à ceux des sentiments. Moins de contraintes, moins de conflits. Pas de chaînes. « Par pitié, je t'interdis de jouer les entremetteurs. » Ajoutes-tu avec un sourire. « Avec moi en tout cas, pour ce qui est de Mandy .... Tu fais bien ce que tu veux. Ça lui ferait du bien de trouver quelqu'un pour la dérider un peu. » Tu marques une pause, un sourire mutin aux lèvres. « Comme tu préfères, soit on fait ça en équipe et on lui trouve le meilleur des prétendants. Soit tu me laisses faire, et tu auras toutes tes chances. » Et un rire, cristallin. Dont les notes évoque la complicité et la fraternité qui vous uni.

(#) Sujet: Re: Les pieds sur terre Sam 5 Sep 2020 - 5:57

Sa soeur le regarde comme s’il venait de dire quelque chose de vraiment idiot. Ce qui lui arrive souvent, soyons honnêtes. « Un prétendant ... ici ? Ça vaaa, j’ai compris », qu’il répond en levant les yeux au ciel, sous la réponse si simple et pourtant si hautaine de Christa, qui laisse tout deviner de son avis sur cette idée. Elle n’a jamais fait mine de vouloir convoler en justes noces, ni même de vouloir prendre un compagnon pour plus qu’une nuit, voire deux ; et si les histoires à bord de l’Audacia ne sont pas rares, l’Arpentenuée n’est pas celle qui s’y prête le plus. Ce n’est pas manque d’être jolie, ou drôle. Juste d’intérêt. Son coeur entièrement dédié à son véritable amour, la liberté.
Et de ça, Louis n’est certainement pas celui qui lui en voudrait, de préférer le célibat sans entraves à autre chose, de se vouer entièrement à la piraterie et à cette liberté chérie, bénie. Il la comprend même si bien alors que depuis son veuvage, ses propres draps n’ont vu que des amantes passagères, peu désireux de nouer à nouveau un quelconque lien à son poignet.

« Par pitié, je t'interdis de jouer les entremetteurs. Ce manque de confiance », alors qu’il feint la blessure, la main brièvement posée sur le front, puis sur le coeur, comme vraiment touché par ce refus. « Avec moi en tout cas, pour ce qui est de Mandy .... Tu fais bien ce que tu veux. Ça lui ferait du bien de trouver quelqu'un pour la dérider un peu. Crois-tu qu’ce soit possible, de la dérider ? » Il est carrément de mauvaise foi avec leur amie d’enfance, aux oreilles qui doivent siffler, d’où elle est, en train de veiller sur les comptes de l’Audacia. Son affection pour l’Ansemarienne est sincère, au moins autant que ses blagues de potache à son égard, ou le plaisir qu’il éprouve à titiller sa pudeur (et à faire se crisper Aymeric, qui a toujours une moue de dégoût lorsqu’il surprend son père à flirter outrageusement avec Mandy). Ses intentions pratiquement toujours pures, il le jure. « Comme tu préfères, soit on fait ça en équipe et on lui trouve le meilleur des prétendants. Soit tu me laisses faire, et tu auras toutes tes chances. » Le rire de Christa est contagieux, autant que son sourire, et Louis la rejoint dans l’éclat. C’est que l’idée n’est pas déplaisante, l’air de rien. Le plan, terrible, probablement détesté par la principale intéressée si elle venait à le savoir, mais… quand même intéressant.

« Sauras-tu vraiment trouver pire que ton frère, pour elle ?, demande-t-il avec sérieux, les sourcils froncés sous ses boucles auburn et le hâle perpétuel des pirates. Déjà, trouve-le… pas un pirate, comme ça, moins de chances de le voir. Laid, si possible, ou juste, moins beau que moi. Ce s’ra facile, qu’il ajoute, le sourire frimeur. Qui pue du bec, aussi, et qui ne sait pas compter… et un chasseur de canards, tiens. » Histoire que même Neilos lui conseille de rester loin dudit prétendant.

(#) Sujet: Re: Les pieds sur terre Mer 14 Oct 2020 - 10:26

Ah Mandy ! Tu pourrais presque parler « du cas Mandy ». Pas par méchanceté, il n'y en a guère entre vous, c'est même plutôt le contraire. Mais comme toute bonne femme bornée qui se respecte, tu as du mal à comprendre ce qui est différent de toi. Et l'Apostate est ton réel opposé. La jeune femme a bien sûr tout ton amour et tout ton respect, et même si tes mots semblent durs, ils ne sont portées que par l'attachement que tu lui portes. Qui aime bien châtie bien, dit-on dans les lointaines contrées d'un monde pas si inconnu. Et Mandy, tu l'aimes de tout ton coeur. Tout vos oppose, de vos ambitions à vos caractères. Si tu es la mer, farouche et imprévisible, elle est la rivière, douce et calme. Attention cependant à ne pas sous estimé le rythme lent de la rivière, le courant n'est jamais très loin. Et malgré vous différences, vous vous êtes retrouvées sur l'Audacia. Comme quoi, vous ne l'êtes pas tant. Un peu superstitieuse sur les bords, tu ne crois guère au hasard. Et tu sais que si vous vous êtes finalement retrouvées, c'est qu'il devait en être ainsi. Quel dieu ou déesse l'a décidé ? Tu ne le sauras sans doute jamais, mais ainsi soit-il comme on dit. Et quelle plus belle surprise que celle-ci ? Ces retrouvailles inattendues qui emplissent ton coeur de joie. Il faut dire que malgré tes grands airs, ce que tu aimes à te donner pour gagner le respect de tes pairs dans cet univers où seule prime la force de caractère, tu es profondément attachée aux tiens. Et plus encore, tu as besoin d'eux. Cette dépendance, tu peines à l'admettre. Dévoiler ce qui peut être assimilé à de la faiblesse n'est guère dans tes habitudes. Pourtant, force est de constater que tu es bien plus heureuse depuis que vous êtes tous réunis. Que demander de plus ? Un navire qui vous porte au gré du vent. L'équipage, qui est devenu comme une seconde famille. Et ta famille, la vraie. Pas celle du sang, mais celle du coeur. Et, malgré vos arbres généalogiques différents, vos sentiments n'en sont que plus forts. Car vous vous êtes choisis. Ou en tout cas, vos coeurs l'ont fait pour vous.

Aussi, ces moments passés avec Louis sont précieux, même s'ils ne sont que joutes verbales. Le pirate a autant de caractère que toi, et vos langues acérées aiment s'affronter. « À vrai dire, je me demande si je ne fais pas plus confiance à Mandy pour trouver seule qu'à toi jouant les entremetteurs ! » Tu te retiens de tirer la langue comme une enfant, quand même tu as un standing à tenir. Mais il est vrai que quand tu es seule avec ton frère de coeur, tu as le sentiment de revivre vos instants d'enfants. Des moments pas toujours faciles certes, et tu es bien plus heureuse aujourd'hui que tu ne le fus à l'époque, mais tu reconnais que c'est grâce à cette enfance que tu en es là à ce jour. Tu lèves les yeux au ciel quand Louis commence à énumérer les qualités potentielles de l'amant tant recherché. « Ce qui sera facile, c'est de trouver quelqu'un de moins frimeur que toi. Attendons que le festival commence, après que les badauds aient quelques verres dans le nez, ils seront encore plus faciles à séduire. Ou sinon on fait boire Mandy. Au choix. » En tout bien tout honneur bien entendu, malgré ton humour parfois bien gras, tu n'es pas du genre à laisser une Mandy alcoolisée aux mains d'hommes qui le sont encore plus. Bien au contraire, gare à celui qui chercherait à profiter de sa vulnérabilité. « Ou alors, on lui présente un bon spécimen de l'Ancrage, le genre qui a des chicots en moins, et dont ceux qui lui restent sont bien jaunes, tu vois le genre ? Le genre qui sent la gnôle et les champignons - oui j'aime pas les champignons ça sent et ça goûte la terre. Face à ça, elle te tombera forcément dans les bras. Tu auras l'air d'un éphèbe à côté. » Manière déguisée (et pas vraiment subtile) de confirmer les intentions de Louis à l'égard de Mandy. Mais n'est-ce pas le rôle d'une soeur après-tout ?

(#) Sujet: Re: Les pieds sur terre Mar 3 Nov 2020 - 5:24

Si Christa ne lui tire pas la langue, lui ne se gêne pas pour le faire lorsqu’elle se permet de l’embêter encore un peu plus. Bien qu’il savait par les lettres de Freyja que sa soeur adoptive avait rejoint le pont de l’Audacia, la retrouver véritablement a été un vrai plaisir, et l’est encore heureux. Ils ne sont pas liés par le sang, mais en véritables Ansemariens, ils n’en ont jamais eu besoin. Grandir ensemble sous la coupe de Marisa, sous les auspices de rôles qui ne leur ont jamais convenu, partager leurs rêves de voyage, tout ceci a tissé entre l’orpheline et l’héritier des liens profonds. Il n’aurait pas pu demander meilleure soeur, même si vraiment, quelle gamine !

Le pirate se descend et s’assit directement contre le sol, au niveau de Nérée, le dos toujours appuyé contre le mur. Le nez levé vers sa soeur et son sourire amusé, lorsque le regard vert ne va pas se perdre sur les bateaux amarrés et les oiseaux qui tournent autour de leurs mâts. « Ce qui sera facile, c'est de trouver quelqu'un de moins frimeur que toi. Calomnies !, s’exclame encore le pirate, poursuivant la maturité affectée depuis le début de cette conversation. Attendons que le festival commence, après que les badauds aient quelques verres dans le nez, ils seront encore plus faciles à séduire. Ou sinon on fait boire Mandy. Au choix. Si on la fait boire en plus, elle ne verra pas clair dans notre jeu. » Un index tapoté contre sa tempe, comme si c’était le plan le plus génial jamais imaginé et qu’ils allaient vraiment mettre en danger une Mandy ivre morte. Bien au contraire, comme le pense justement Christa à cet instant. « Ou alors, on lui présente un bon spécimen de l'Ancrage, le genre qui a des chicots en moins, et dont ceux qui lui restent sont bien jaunes, tu vois le genre ? Le genre qui sent la gnôle et les champignons - oui j'aime pas les champignons ça sent et ça goûte la terre. Face à ça, elle te tombera forcément dans les bras. Tu auras l'air d'un éphèbe à côté. Mais je suis un éphèbe, Christa, comment oses-tu prétendre autrement », surjoue le pirate sur un ton dramatique, sans oser s’avancer sur le terrain glissant qu’il a repéré devant lui.

Avouer quoi que ce soit lui semble risqué, alors qu’il n’y a rien vraiment à avouer… ce n’est qu’un jeu, entre Mandy et lui, n’est-ce pas ? Surtout lui, d’ailleurs, pour que sa camarade de bord semble très souvent subir plus qu’autre chose ses commentaires tendancieux, ses blagues salaces et ses tentatives volontairement maladroites (bien sûr) de flirt éhonté.
Ce n’est qu’un jeu, qu’il préfère se dire, ou se faire croire. C’est plus prudent et ça ne fait de mal à personne. Ni à elle, ni à lui.

Quiet pendant quelques soupçonneux instants (il est de nature bavarde, son fils ne tient pas du voisin), lorsqu’il reprend la parole, c’est un autre sujet au bord des lèvres : « De toute façon, demain faut garder l’oeil ouvert… pas envie que les tueurs de licorne nous échappent parce que Mandy est trop occupée à me déclarer son amour. Un sourire amusé sur le visage hâlé. Et je sais pas si j’ai confiance en les policiers de l’Ancrage. Je suis certain que Tim ferait mieux et pourrait les tuer d’un air de flûte. » Le changement de sujet est maladroit, bancal même, alors que le frère semble silencieusement implorer la soeur de ne pas insister.

» Jeu sur terre battue