Histoire
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1er mai 963Ardashir nait à Waha Belir, au sein du clan Sinhaj, fils de Laith. Il est né troisième fils, sept ans après Aslam son aîné et quatre ans après Ardan. Suivra une petite Ahmal, trois ans plus tard. Toute une fratrie joyeuse et bien trop énergique, un monde qui bringuebale doucement au rythme de la vie dans les sables.
Sa famille est plutôt bien lotie. Si la spécialité des Sinhaj réside dans la joaillerie et le travail des gemmes, certains se sont tournés vers l’orfèvrerie. Laith, le père d’Ardashir, est de ceux-là. Ses mains fines et agiles ainsi que sa patience infinie – dont Ardashir n’a pas hérité – font de lui un artiste plus qu’un artisan : il engrave et décore les armes des fiers combattants arhabéens – et uniquement de ceux-ci. La minutie de son travail et son talent, porté par des mercenaires des sables, a franchi les frontières du sultanat dans une forme d’export involontaire. Laith, cependant, a toujours refusé que son art et son talent se retrouvent au service d’une personne n’étant pas née au coeur du sultanat.
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968Il est pataud, Ardashir. Il est pataud, et balourd, vif mais dépourvu de la moindre finesse. Il est enfant à hurler, rire, courir, s’épuiser, déranger, s’époumoner quand ça va et encore plus quand ça ne va pas. Il est une tempête de sable inarrêtable, tout aussi irritant, qui use autant sa mère que leurs condisciples du clan. Ardashir, à cinq ans, ne supporte pas le silence. Il a besoin de converser avec la première personne à sa portée, ou de faire n’importe quel bruit, aussi infime soit-il, et ce, tant qu’il est éveillé.
Heureusement, cette passion incongrue lui passera au cours des années suivantes.
Laith réussit à officier au rythme des caravanes, mais il lui faut se rendre à l’évidence : si comme tout homme du sable cette vie lui convient, il pourrait faire tellement plus en rejoignant son frère à Vivedune...
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Mai 971Malgré les efforts de ses parents, Ardashir ne veut pas suivre la voie de son père comme son aîné avant lui. Pour quoi faire ? Il n’est pas foutu d’avoir la patience nécessaire, ou la délicatesse. Il se rebelle contre ce père qui a pourtant tant de patience, à huit ans explose comme un jeune en rage contre le monde.
Leur récente installation dans un atelier modeste, à Vivedune, afin de permettre à Laith de se poser pleinement et d’étendre son commerce, n’est pas étrangère à cette haine somme toute enfantine qui le ravit. Ardashir aimait l’idée d’une vie de nomade. Beaucoup s’y acclimatent, certains la tolèrent, la plupart car ils n’ont jamais connu que cela ; Ardashir, lui, ne rêvait que de ne jamais se poser.
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Eté 973A dix ans il est déjà un gamin plus grand que la moyenne et on le prend aisément pour un jeune de treize ou quatorze ans – si ce n’est ce regard plein de malice qu’il pose sur tout le monde, si ce n’est cette voix fluette et somme toute jeune encore qui déroute son interlocuteur lorsqu’il parle.
Il apprécie Vivedune, le Sinhaj. Il apprécie de se trouver au coeur même du sultanat, aime se targuer de vivre à la capitale – mais voudrait, déjà, des fois, foutre le camp sans se retourner. Courir jusqu’à s’essouffler, loin, trop loin.
Il a en lui une énergie intarissable. Plus qu’un enfant, il est presque une étoile. Il ne s’arrête jamais de brasser. Ses parents ont perdu l’idée de l’engager aux côtés de son père et celui-ci, clairement, lui demande juste de temps à autre de l’aider à quelque tâche.
Les guerriers défilent chez lui. Commandes, remerciements, éloges… Ils sont fiers, ils sont magnifiques – ils sont comme lui, ils ont un feu qui brille au fond des yeux. Le gamin bataille pour aller assister à leurs entraînements au lieu de courir les rues. C’est un de ses lointains cousins, Saïd, mercenaire, qui prendra sur lui pour surveiller la boule d’énergie en fascination devant les combattants...
Et qui le tirera par les oreilles quand il ira s’engueuler avec les gamins des rues, avec les apprentis, avec les passants.
Fouteur de merde jusqu’au bout, ça, Saïd l’apprendra très rapidement.
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Courant 975A force de suppliques et d’engueulades, Ardashir réussit à convaincre Saïd qu’il finirait moins dans des embrouilles s’il savait se défendre. C’est entièrement faux, comme le futur le prouvera, mais c’est par cet argument que commence l’introduction à l’art du combat du jeune Sinhaj.
Rapidement il se révélera être un élève attentif : son incapacité à se concentrer et son dégoût avéré des choses précises s’effacent lors de l’entraînement martial. Il se tait, même !
Il se canalise.
Ses frangins de galère, sa bande d’amis, ne peuvent qu’apprécier le revirement : si Ardashir reste le même adolescent à grande gueule, il en ressort un jeune homme bien plus… calme. Calme, quand on a l’impression de toujours déborder d’énergie, c’est un changement fulgurant.
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1er mai 978Ardashir est testé négatif à la magie, avec un peu de surprise. Son grand frère, le second, est mage, après tout ! (Mage médiocre, mais mage). Lorsqu’on lui demande s’il compte reprendre le métier de son père aux côtés de son aîné, la réponse est négative. Ce n’est pas une surprise, mais la question vaut toujours la peine d’être posée. Que veux-tu faire, alors, Ardashir ?
S’il ne répond pas, c’est qu’il le sait déjà.
Il continue ses entraînements auprès de son cousin, déterminé à impressionner un des membres de sa guilde pour la rejoindre. L’aval de son cousin ne lui suffit pas. Il l’a interdit de le faire rentrer dans la guilde – il est biaisé, il l’a entraîné.
Il veut l’avis d’un autre.
Il veut impressionner un autre.
Il veut qu’un autre le juge digne de ces hommes qui défendent leur territoire. Au fond de lui, il souhaite calmer la soif de violence et d’affrontement, que la guerre en-dehors de leurs frontières ne fait qu’alimenter.
Il a le combat qui chante dans les veines.
Il lui faudra attendre deux ans. Deux ans d’entraînement erratique, durant lesquels il tentera d’aider au commerce de son frère et de son père comme il le peut sur ses moments libres – car il redoute de ne jamais être remarqué. Mais il n’est clairement pas fait pour ça : s’il est agréable et a le coeur sur la main, Ardashir a le parler rude, s’emporte bien trop vite et ment. Ment comme un arracheur de dents.
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Mars 980Ardashir est repéré par une sentinelle alors qu’il s’entraînait avec Saïd. Qui, le connaissant, l’avait peut-être invité parce que son cousin commençait à être franchement lourd et fatiguant à lui parler de la guilde.
L’homme, favorablement impressionné par Ardashir, réussira à glisser un mot à son sujet pour lui permettre de rejoindre leurs rangs. Enfin certain de sa valeur il acceptera immédatement.
S’ensuivent trois ans de formation à la caserne de Vivedune.
Malgré son caractère plus qu’explosif le futur guerrier arrive à se lier d’amitié avec un petit groupe d’apprentis de son âge.
Au sein de sa future guilde, il est apprécié : l’homme sait suivre les ordres et se battre avec brio. Étonnamment, malgré son tempérament, son respect de la hiérarchie l’empêche de se retourner quand il trouve une décision entièrement stupide.
Il a choisi d’être ici.
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Mai 980L’épidémie s’étend sur tout le continent et emporte ses parents ainsi que sa plus jeune soeur. Son frère aîné reprend la boutique de son père et se marie.
Lors de son temps libre, une fois l’épidémie passée, Ardashir fera de son mieux pour aider à la reconstruction les familles ayant comme lui perdu un parent, un proche… Non seulement au sein de la guilde, mais aussi dans ses voisins. L’épidémie réveillera chez lui un côté charitable qu’il ne soupçonnait guère, mais qui s’accorde agréablement bien avec l’homme grande gueule qu’il est. Il n’a pas peur de lever le ton lorsque quelque chose d’injuste – à ses yeux – se produit, n’a pas peur de donner de sa personne pour protéger, pour aider.
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Septembre 983Il est intronisé guerrier de la guilde. Le Sinhaj choisit de s’enrôler en tant que mercenaire, renouant avec l’itinérance, louant ses services auprès des autres clans dès que les offres affluent à la guilde ou qu’on le recommande.
Les récits de son sang-froid face à notamment des pillards véhéments se répandent… Et contrastent (dés)agréablement avec l’homme incapable de ne pas se prendre la tête avec n’importe qui pour peu qu’on le regarde de travers.
Où que ses contrats le portent, Ardashir a toujours avec lui une lame ornementée par son frère, la première qu’il ait réellement réussie, offerte pour son accession au rang de guerrier.
Il a quelques aventures sans réel intérêt, d’un contrat à l’autre, d’une caravane à l’autre. Des baisers qui se perdent, des sourires, des corps qui s’appellent quand la chaleur redescend sur le désert. Mais aucun nom.
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Janvier 987De retour à Vivedune après une mission couronnée de succès, il demande audience auprès de l’hexarque et, lui pointant très gentiment ses derniers faits d’armes et talents, demande à être muté chez les Sentinelles. N’a-t-il pas, d’ailleurs, impressionné l’une d’elles pour rentrer dans leur ordre il y a de cela sept ans ?
Ses états de service parlent d’eux-même, et il a à coeur de servir le sultanat – plus que les intérêts de la guilde. Il a cru, un temps, réussir à se mettre à son service en protégeant les convois qui parcourent son désert, mais ce n’est pas assez.
L’hexarque, après mûre réflexion, l’y autorise : son passé de mercenaire itinérant pourrait être un atout dans certains cas. Lorsque l’on dépêche quelques sentinelles, exceptionnellement, sur des lieux abandonnés… La connaissance du terrain d’un ancien guerrier des sables ne peut être que bienvenue.
Ardashir passera six mois de mise à niveau avant d’être autorisé à, enfin, rejoindre les sentinelles.
S’en suivront sept ans à travailler avec elles – sept années où le tempétueux Sinhaj apprendra le travail en équipe, la collaboration, trouvera dans l’unité une forme de calme. Sept années à faire de sa patrouille une famille, et de son chef de patrouille un frère.
De temps à autre, lorsque ses pieds le démangent, qu'il a besoin de mouvement, la sentinelle accepte de servir d'escorte armée pour les explorateurs bien peu sains d'esprit qui veulent se frotter aux dangers inconnus des ruines arhabéennes.
Ces rencontres ne sont pas de tout repos : lorsqu'ils ne délogent pas de pillards, ce sont des monstres qui leur tombent dessus. Ardashir récolte plus d'une cicatrice de ces explorations... Et le reste, ce sont les bestioles vivant au fond du gouffre qui les lui infligent.
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994C'est avec beaucoup d'appréhension et de doutes qu'Ardashir accepte une mission visant à protéger toute une troupe de chercheurs au coeur du palais des Soupirs. Il ne voit pas d'un bon oeil, le Sinhaj, qu'une Ansemarienne vienne farfouiller dans les ruines du passé de sa nation. De son désert. (Elle est peut-être sympathique, nais elle n'a rien à faire ici. )
La sentinelle défend Arhab de tout son coeur et de tout son être. Ce contrat n'est pas uniquement une simple escorte - il lui permet de garder un oeil sur des étrangers en plein désert.
Au coeur des ruines rongées par les années, alors que les fouilles avancent de bon train, une vouivre surgit des profondeurs et s'attaque aux importuns venus déranger son palais. Ardashir et ses hommes réagissent vite...
Mais pas assez.
La bataille est rude, la sentinelle voit tomber un de ses combattants... Et, en se pensant immortel, en se pensant bien trop doué - poussé par la peine et la rage -, s'expose inutilement au risque. La vouivre manque de le tuer lui aussi, le blessant gravement.
La bête maîtrisée, on les rapatrie à Vivedune où il sera soigné en urgence. Il lui faut de nombreux mois pour s’en remettre – et il faudra des années pour soigner son orgueil.
Aujourd’hui encore la blessure de la vouivre pare le corps du guerrier et se rappelle à son bon souvenir de temps à autre.
Il décide de retourner à sa fonction première de mercenaire, estimant être indigne de servir et défendre le sultanat dans cette condition qui est désormais sienne.
Il rejoint donc en juillet la caravane des Arts, comme protecteur… Accompagné de Hiéranie – l'archéologue qu’il a protégée, là-bas, de l'horreur qui a failli leur coûter la vie.
Peut-être est-ce la violence des choses qu’ils ont vécues ensemble, mais Ardashir tombe doucement amoureux d’elle. Une relation débute entre eux peu après leur arrivée dans la caravane. Ce genre de sentiments est bien nouveau pour l'Arhabéen, jusque là habitué aux histoires sans grand sens, aux relations qui n'en sont pas et aux promesses vaines.
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Décembre 995De passage en Arhab, il rencontre Meenah, une hyène rayée. Son familier. À plus de trente ans, le protecteur ressent sa présence presque comme une intrusion au sein de sa vie : il avait fait le deuil de cette connexion qu'il ne pensait jamais connaître. Il se pensait seul. Les premiers temps, il a sciemment tenté de refermer son esprit à Meenah : elle n'avait qu'à être là plus tôt, au bon moment.
Des conneries que ces histoires d'âme soeur. Même s'il en vient à se laisser amadouer par la hyène qui jour et nuit escorte le convoi, tente de lui parler, il n'y croit pas.
Le lien mettra du temps à se former pleinement. Aujourd'hui encore, il est quelque peu abîmé. Il sait qu'il ne sera jamais aussi proche d'elle qu'il l'est d'autres personnes. Peut-être, instinctivement, est-elle une part de lui qu'il refuse d'accepter ?
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996Hiéranie va et vient entre Arhab, Abyme, passe du temps dans la caravane puis repart. Ballet incessant qui finit par devenir usant. Ardashir, profondément amoureux de la blonde Ansemarienne, tente comme il peut de maintenir le contact. Il n'a appris à écrire et à lire que pour elle - qu'avec elle. C'est bien compliqué.
La relation longue-distance, ça ne marche pas. Pas pour lui, pas pour eux.
D’un commun accord, ils décident avec Hiéranie d’arrêter le tir. Ils garderont le contact, resteront amis proches, mais rien de plus… Et ce, malgré les sentiments d’Ardashir. Le colérique guerrier l'aime encore - une part de lui l'aimera toujours.
Il devient parrain de la fille de son second frère. Il profitera d'une escale de la caravane à Waha Belir - où celle-ci pour la voir et s’en occuper, avant de rejoindre la caravane – son nouveau foyer.
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997Ardashir la connaît, Mélisende de Séverac. De loin, par les mots de son ancienne amante, par les impressions floues qu'il peut en avoir alors qu'il guide la caravane au rythme lent qu'est le sien. Il sait que la Cielsombroise est amie avec l'Ansemarienne, connaît d'elle un vague "elle est sympathique" lancé dans une conversation entre deux murmures à propos des découvertes d'Amarna.
Il n'aurait jamais pensé tomber amoureux d'elle. Lui qui jusqu'à sa rencontre avec Hiéranie avait passé trente années de sa vie à se jouer des liens sentimentaux a ouvert la porte à la passion et à ce qu'il décrit, quelquefois, comme la
faiblesse du coeur. Il est désemparé de penser pouvoir aimer, encore... D'autant plus qu'une petite flamme au fond de lui continue de brûler pour l'absente Ansemarienne.
Le guerrier tente de l'étouffer, l'oublie pendant un temps devant la vivacité des sentiments pour la noble et calme Mélisende. Ils se mettent en couple dans un secret relatif - la caravane le sait. Cela suffit.
C'est sur la fin de l'année que le fardeau se fait trop lourd à porter. Même menteur, Ardashir n'apprécie pas la lourdeur du secret de ses sentiments encore présents pour Hiéranie. Il finit par le lui avouer un soir, à peu près certain qu'elle n'a que peu de chance de lui pardonner et qu'ils sont finis.
Contre toute attente, les choses ne se déroulent pas ainsi. Mélisende accepte, comprend qu'il l'aime. Ardashir ne sait pas trop sur quel pied danser, mais il est certain qu'avec le temps, sa flamme pour la jeune archéologue finira pas enfin se taire.
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998Année de doutes et de réflexions. Mélisende a rencontré Hiéranie. Mélisende s’est amourachée de Hiéranie. Mélisende aime Hiéranie, et Ardashir est au courant. Après la brûlure quelque peu trop vive de la trahison, l'impression qu'il l'a, sciemment, laissée filer - qu'il pourrait les perdre toutes les deux - il prend un peu de distance. Juste de quoi s'éclaircir les idées.
Heureusement pour lui, les routes sont peuplées de bestioles agressives et désireuses de se frotter d'un peu trop près à la caravane. C'est dans la violence que son esprit trouve le calme suffisant pour réfléchir. Une violence méthodique - sa lame qui danse, s'abat, emporte ce qui n'a pas de raison d'être.
Il finit par se faire à l'idée d'un
elles. La chose est curieuse, mais pas désagréable. Seul point encore compliqué : ses sentiments qui se mélangent et refusent, bien trop, de se taire. Mais au moins sait-il faire bonne figure auprès d'elles, et ne pas lâcher de remarque un peu déplacée. Du moins, pas avant des heures bien avancées de la soirée - et toujours sur le ton de la plaisanterie, évidemment.
En passant par Vivedune en novembre 998, Ardashir fait un détour par chez la caserne des sentinelles. Là-bas, il est heureux de revoir ses anciens frères d'armes... Et avec une pointe de fierté, apprend qu'ils n'ont toujours trouvé aussi bon pour le remplacer. (Peut-être ne font-ils que le flatter, mais ça fait du bien. )
Il est triste de les quitter, mais il sait que la caravane a besoin de lui. Il est très clair, cependant, auprès de son hexarque : dès le moment où Arhab aura besoin de lui, autrement que pour remplir la place vacante d'une patrouille qui fait toujours admirablement bien son travail, il reviendra sans l'ombre d'une hésitation et malgré sa blessure.
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1000En janvier, Mélisende propose à Hiéranie et à lui une relation polyamoureuse. L'idée - venant bien évidemment de la Cielsombroise bien qu'elle ait passé l'esprit d'Ardashir quelquefois - est plus aisément acceptée par l'Arhabéen que par l'Ansemarienne - mais elle est acceptée... Et Ardashir, déjà mal à l'aise avec ses sentiments, a juste un peu de mal les premiers mois à comprendre comment tout ça fonctionne.
(Il est heureux. Il est inquiet. Il sait qu'il les aime, elles deux. )
Il laisse début juin Hiéranie en Déméria, celle-ci les abandonne pour rejoindre Mélisende qui part voltiger dans les airs à bord d'un foutu dirigeable. Le but de cette expédition lui échappe totalement, au grand guerrier : il est trop plein d'énergie, même aujourd'hui, pour trouver du réconfort dans l'observation silencieuse d'une masse de feuilles inexplorée.
Ils sont sur la route pour rejoindre Vivedune lorsque la nouvelle leur parvient : l'Astrolabe a disparu. Ardashir, impuissant, rongé par l'inquiétude et les angoisses, devient absolument imbuvable et irritable. Il se mure dans un silence que même son retour dans les sables ne peut pas apaiser. (Il n'ose pas les abandonner. Un seul guerrier n'est pas suffisant pour défendre la caravane. )
Il n'apprend qu'en arrivant à Vivedune le 20 au soir que les passagers ont été secourus et sont - quasiment - tous en vie. Une lettre de plus lui apprend que Mélisende fait partie desdites personnes en vie.
Grâce aux nombreux portails disponibles, ils célèbrent ensemble Litha le 21 au soir, à Vivedune - et des retrouvailles teintées d'une peur sincère du côté de l'Arhabéen. Juste une soirée, avant de se séparer à nouveau pour quelques temps : Hiéranie repart en Déméria et Mélisende vaquer à ses occupations en Sombreciel. Hiéranie l'informe qu'elle a été choisie pour rejoindre une équipe d'exploratrices envoyées au casse-pipe dans la jungle... Ce à quoi, clairement, Ardashir l'encourage, ne serait-ce que pour concrétiser ses recherches. (Même s'il a bien peur pour elle. )
(Trop peur pour elle.)
Il sera en Déméria à temps pour lui dire au revoir, avant son départ.
Il continue sa vie, alors, au rythme de la caravane. Grapille des moments trop précieux auprès de celles qu'il aime, lorsque le Destin le veut. Fait trop souvent la gueule, s'énerve un peu... Depuis maintenant six ans, Ardashir a acquis une solide et fière réputation, tant de guerrier que d’emmerdeur-né, au sein de la caravane.
Et elle ne risque pas de le quitter de sitôt.