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 L'aube d'une nouvelle aventure

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Message(#) Sujet: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptySam 11 Juil 2020 - 4:45


Livre I, Chapitre 2 ▬ Trois petits tours

L'aube d'une nouvelle aventure

Nour Kamar & Sifaï Sadaqa


26 juin 1000


Statut du RP : Privé.
Résumé : Membre de la première expédition officielle de la jungle commanditée par la couronne démériane, Nour profite de ses derniers moments en Arhab avant... potentiellement très longtemps. Elle en profite pour faire ses adieux à Sifaï, qui ne manquera pas de lui accorder sa bénédiction et quelques curieux conseils.
Recensement :

Code:
• [b]26 juin 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t371-l-aube-d-une-nouvelle-aventure]L'aube d'une nouvelle aventure[/url] - [i]Nour Kamar & Sifaï Sadaqa[/i]
Membre de la première expédition officielle de la jungle commanditée par la couronne démériane, Nour profite de ses derniers moments en Arhab avant... potentiellement très longtemps. Elle en profite pour faire ses adieux à Sifaï, qui ne manquera pas de lui accorder sa bénédiction et quelques curieux conseils.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptySam 11 Juil 2020 - 5:09

« Regarde comme ils brillent !, s’extasie Hyacinthe alors qu’ils dépassent un étal de bijoux, au coeur du marché dunant qui peu à peu se clairseme de passants et de marchands. On pourrait en acheter un à Cordéliane ? Je vois pas c’qu’elle en foutrait dans la jungle », répond doctement Nour au toucan toco, qui soupire sur son épaule de désespoir incompris. Elle n’a jamais compris la passion de l’animal pour s’exprimer à voix haute, alors qu’il peut l’assommer de son bavardage sans déranger l’ensemble de l’univers, mais en fait… sans doute est-ce très exactement le but.

Ses bottes de cuir la mènent en direction du palais, où la jolie Sifaï l’y attend, dans les appartements luxueux qu’elle partage avec son séduisant époux. Un lieu qui ne manque pas de l’intimider, mais qui est certainement une juste préparation pour l’épreuve qui l’attend dans quelques jours à peine, alors que ce sera dans le palais royal de Déméria qu’elle mettra les pieds.
Le lendemain matin, elle part pour l’Ancrage. Nour y fera ses adieux à Charles, qui ne sait certainement pas que son ancienne apprentie sera la représentante d’Arhab dans la folle expédition qui se prépare ! Elle-même n’y croit pas encore tout à fait. Elle n’y croira que lorsqu’elle sera en Déméria ; lorsque le mage des portails la fera marcher de la Ville libre à celle de la Vie ; lorsqu’elle verra Hiéranie de ses propres yeux.

Un rêve irréel dont elle teste encore la saveur sur sa langue.

À l’entrée du palais, la mécanicienne patiente sagement (et ridiculement longtemps) qu’on vérifie son identité et son autorisation de pénétrer entre ces murs. Le sari simple enfilé pour l'occasion cache les cicatrices de la vouivre que son corsage serré ne dissimule pas tout à fait, et la masse sombre de ses boucles semble se battre pour se défaire du chignon tressé où elle a réussi à les contenir. Le garde du palais l’escorte finalement lui-même, la couvant d’un regard sévère qu’elle évite pour mieux se concentrer sur l’écrasante magnificence du palais royal. Est-ce que ce sera pareil, en Déméria ? Pire ? Et le fameux temple dans la jungle ? « Nour ! NOUR ! C’est si haut et si beau ! », s’exclame son familier, qui a quitté son épaule afin de pouvoir voler jusqu’au plus haut du palais, sa voix enjouée résonnant de tous les côtés. Lorsque le garde jette un regard réprobateur à l’Arhabéenne, elle se contente d’hausser les épaules. Je crois que t’embêtes notre nouvel ami. La remarque n’empêche définitivement pas l’oiseau d’admirer toutes les décorations, jusqu’à ce qu’ils soient enfin arrivés aux appartements de Sifaï, où la Sadaqa l’accueille elle-même.

Si la Kamar est grande et élancée, la Sadaqa l’est encore plus, et à côté de la cousine royale si gracieuse, Nour se sent toujours un peu comme le vilain petit canard. Elle ne lui ouvre pas moins ses bras pour une étreinte chaleureuse. Elles se sont vues en coup de vent il y a deux jours, à son arrivée à Vivedune tout juste après les célébrations de Litha. « Merci de me donner un peu de ton temps, lui glisse-t-elle alors qu’elles rompent l’étreinte. Son sourire trop large semble lui manger le visage, à l’Arhabéenne, alors qu’elle inspecte Sifaï du regard, comme si elle pouvait ainsi deviner son humeur et son état. J’espère que Shahryar m’en veut pas que tu sois à moi, ce soir, alors que t'es enfin reposée depuis Litha » ajoute la savante avec malice.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyVen 24 Juil 2020 - 18:08

Simoun avait observé d'un oeil tranquille les préparatifs de Sifaï pour la soirée à venir. Le petit fennec aimait à contempler l'effervescence sans y prendre part, préférant de loin la quiétude d'un ciel étoilé. Il n'était pas si surprenant pour l'Arhabéenne de le voir la regarder depuis la cour intérieure de leurs appartements. Il avait tout le loisir de suivre le déclin du soleil jusqu'à ce que le ciel se teinte de nuances incroyables, de là-bas. Rose. Violet. Orangé. De jolies couleurs qui se reflétaient dans le sari de Sifaï, d’ailleurs. Elle avait été si heureuse de croiser par hasard sa cousine, au sortir du temple de Nemain! Elle avait su alors que la Kamar prendrait part à une exploration au cœur de la jungle en Déméria, et elle avait compris qu'il s'agissait là d'une répercussion du zeppelin en déroute dont la rumeur s'était rendue jusqu'au palais de Vivedune. Étrange affaire, que d'envoyer une mécanicienne arhabéenne là-bas, mais Sifaï était persuadée que s'il y avait le moindre mécanisme ancien retrouvé, Nour serait qualifiée pour investiguer. Tout de l'ancien monde fascinait Sifaï, comme de nombreux autres Arhabéens, et elle espérait secrètement que sa cousine ne soit pas avare de détails à cette petite soirée.

- N'oublie pas le cadeau.

Et Sifaï traversait le salon à grandes enjambées, jusqu'à retrouver sa chambre et son précieux coffre. Elle allait oublier le plus important. Le paquet était soigneusement emballé et trahissait par sa forme vague la présence d’une lame courte. Si pour plusieurs femmes des sables, il aurait sans doute été de circonstance d’offrir des parures ou encore un vêtement pour ces terres étrangères, la jeune ombre ne voyait que des dangers à éloigner. La janbiya était tout indiquée pour Nour. Elle en était à déposer l’objet sur la table lorsqu’on frappa aux portes pour introduire son invitée.

- Nour!

Elle avait accueilli la très remuante Kamar entre ses bras fins, la retenant prisonnière de longues secondes avant de relâcher son étreinte. Nour était toujours aussi charmante, avec ses grands yeux noirs et son visage lunaire. Le grand oiseau qui l'accompagnait attira un instant son attention, alors qu’il planait vers la pièce principale. Le souvenir de plumes colorées, ensanglantées, recueillies dans ses mains en écuelle, eut à peine le temps de prendre place à son esprit qu’il s'évapora aussitôt sous les paroles tendancieuses de sa cousine.

- Shahryar me retrouvera tout aussi reposée plus tard… Je saurais lui faire oublier cette soirée loin de moi. Elle s'arrêta un moment pour braver le sourire plein de malice de Nour, amusée elle-même de ce qu’elle avançait comme fausse confidence. Un peu songeuse, aussi, à la soirée bien différente que devait passer Shahryar loin d'elle, pour le Pas de l’Ombre. Il est toujours heureux quand je vois ma famille et il est bien conscient de sa chance de voir Shéhérazade aussi souvent! Ne t'inquiète pas, il était occupé de toute façon.

La main sur son épaule, la danseuse entraînait Nour vers la table basse régnant au centre de la pièce où thé fumant et bouteille d’arac les attendaient, ainsi que le fameux paquet. Simoun avait déjà pris place aux pieds de l’unique canapé, et Sifaï préféra se poser sur l’un des coussins douillets cerclant la table. Plusieurs lanternes arhabéennes éclairaient l’endroit et c’est sous cette lumière projetée en motifs qu’elle reprit enfin parole. Son sourire se faisait un peu espiègle, comme à chaque fois que son frère était mentionné entre elles.

- Shayaan a été mis au courant de ta venue. Il se fera un grand plaisir de te raccompagner en sécurité, plus tard. Mais avant même de songer à ton départ ce soir, comment vas-tu? Et la famille? Et ce voyage, dis-moi tout!

Et déjà, la Sadaqa la questionnait du regard. Thé fumant ou alcool de dattes?
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyDim 26 Juil 2020 - 6:07

Hyacinthe vole au-dessus de leurs têtes pour entrer dans les appartements, gratifiant Simoun de cet étrange claquement guttural qui résonne contre les hauts plafonds et les colonnes (elle se demande ce que ça fera d’entendre d’autres toucans effectuer le même son, d’entendre toute une jungle résonner de ce bruit parfois inquiétant).

La danseuse sacrée lui retourne une réponse entendue, alors qu’elle évoque son époux et de potentielles retrouvailles, après les exigeants derniers jours. Nour n’a guère de gêne à fourrer son nez dans les affaires des autres, profitant d’elle-même ne rien avoir à cacher pour se permettre des indiscrétions qu’elle juge sans conséquence. Devant Shahryar, elle n’aurait jamais osé ! Dans l’intimité de son absence, cela dit… elle peut seulement étirer un sourire amusé, pratiquement coquin, alors qu’elle se laisse entraîner jusqu’au centre de la pièce principale. Là, des coussins, des lanternes, le parfum épicé du thé ; et de sa bouche s’échappe un petit soupir ravi. D’envie, peut-être aussi un peu. Dire qu’elle va aller vivre dans un temple décrépi pendant… les dieux seuls savent combien de temps ! Autant profiter pleinement de ce luxe. « Shayaan a été mis au courant de ta venue. Il se fera un grand plaisir de te raccompagner en sécurité, plus tard. Mais avant même de songer à ton départ ce soir, comment vas-tu? Et la famille? Et ce voyage, dis-moi tout! Nul besoin de déranger Shayaan », proteste l’Arhabéenne, qui ne voit que bien trop le sourire malin de Sifaï. Le même que celui de sa propre mère, qui serait ravie des manoeuvres de la cousine royale. Pour peu, elle en rougirait même un peu, le rose trop visible sur sa peau claire. Ça lui apprendra à vouloir se mêler des affaires des autres !

Elle se pose aussi gracieusement que possible sur l’un des coussins autour de la table, les doigts courant sur le tissu luxueux. Ses prunelles accrochent le paquet enveloppé sur la table et si une pointe de curiosité s’allume en elle, Nour la repousse sagement. Son familier se pose sur le canapé et sautille jusqu’au sol, donne un (affectueux) coup de bec au petit fennec, puis sautille jusqu’à venir se jucher sur son épaule. D’une main, elle gratte le cou de Hyacinthe, qui appuie son bec dans son visage. Tu es encombrant. Gratte un peu plus haut. Les doigts remontent jusqu’au-dessus de la tête plumeuse et l’animal ferme les yeux de contentement. « Tout le monde va bien. Mes parents sont inquiets. » Sans surprise. L’orgueil est présent, celui de savoir qu’une de leurs filles sera une pionnière, mais l’inquiétude plus forte encore. Nour ne leur en veut pas.

Ses yeux noirs se posent sur le visage de Sif, au-dessus du bec massif toujours enfoncé contre sa joue et son nez. « Et moi… je n’peux pas dire qu’j’ai beaucoup dormi, ces derniers jours. » Un rire un peu nerveux. Son autre main lisse encore frénétiquement son sari, puis le coussin. Le mouvement involontaire trahissant toujours un peu plus une fébrilité profonde. Depuis la missive de Hiéranie, marquée du sceau de la matriarche Gaïane, Nour est une boule d’anticipation. « Alors si tu as quelque chose de plus fort que du thé... » Ce n’est pas bien sage, mais puisqu’elle aura une escorte toute personnelle ensuite pour s’assurer un retour en sécurité, autant profiter de ça aussi.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyDim 2 Aoû 2020 - 20:03

Comme elle était prompte à refuser la présence de son aîné, la cousine! Sa rapidité à s’assurer de ne pas déranger le garde royal fit sourire doucement la danseuse, amusée de la voir un tantinet mal à l’aise de cette intrusion dans ses petites affaires. La taquinerie ne se voulait pas sérieuse, et Sifaï était sans doute la première à comprendre sa volonté à ne pas prendre époux. Elle-même n’avait pas eu la chance de comprendre l’amour avant d’être liée à Shahryar, aux yeux de tous, et de profiter de cette couverture si parfaite pour ses missions de l’ombre. Une part d’elle-même, toute petite, se demandait parfois ce qu’elle serait devenue sans la perte de Soraya. Elle aimait à s’imaginer portée par la même liberté et légèreté que Nour, dansant pour les temples d’oasis en oasis, sans attache, nomade, dédiée aux dieux. Dédiée aux dieux, mais d’une autre manière.

- Shayaan est plus… léger que tu pourrais le croire. Ne va pas croire que je souhaite te marier à lui dans l’année! Elle lève son minois encore jeune, rieur, vers celui de sa cousine. Je me demande parfois si il est heureux en tant que garde royal. Ce n’est pas un titre très prestigieux, pour un fils d’émir. Shayaan n’a jamais voulu du prestige, ni du sérieux. C’est peut-être une vie comme la tienne qui lui conviendrait.

Car sa vie lui semblait tellement amusante, à courir les temples anciens dans des endroits inexplorés! Crapahuter dans la jungle, l’arme aux poings, à investiguer sur le passé d’Arven lui faisait un peu envie, tout de même. Peut-être était-ce une vie qui conviendrait à Shayaan, également..? Sifaï suivit un moment Hyacinthe enquiquiner Simoun - qui fit mine de vouloir lui mordiller le bec - puis Nour qui se prêtait au jeu. Son familier saurait veiller sur elle, petit seigneur des cieux démérians. Et les autres savants de l’expédition aussi. Elle accueillit les nouvelles brèves de sa famille ainsi que leur inquiétude d’un hochement de tête intéressé.

- C’est que notre histoire est tachée de sang, Nour. Soraya, son époux, un Kamar… Les brigands qui s’en prennent aux caravanes, la fureur du dernier émir Khamsin. Même les rumeurs d’ailleurs qui parviennent jusqu’au désert ne sont pas plus douces. Elle la considéra un moment, ressentant sans mal sa fébrilité alors qu’elle lui disait dormir si peu. J’ai un présent pour toi, pour ce mandat qui nous rend tous si fiers de toi.

Ses mains fines poussèrent légèrement le paquet qui siégeait jusqu’alors sur la table vers la mécanicienne. La forme soigneusement emballée ne laissait que bien peu de place à l’imagination : il devait s’agir d’une arme. Simoun s’était redressé sur son siège, déjà en hauteur, pour être certain de bien voir le visage de la Kamar lorsqu’elle découvrirait son cadeau. Une janbiya à la lame acérée et recouverte d’arabesques fines. S’il n’y avait ni or, ni pierres précieuses, la quantité de détails dans les gravures laissaient deviner la qualité du produit. Elle avait été un peu déçue, Sifaï, de ne pas avoir pu lui faire confectionner un pommeau personnalisé afin qu’il représente parfaitement la Kamar, mais la lame avait néanmoins un certain charme. Et moins d’or et de pierreries s’harmonisaient mieux au caractère décomplexé de sa cousine.

- Tu dois utiliser la garde pour frapper le ventre. Dès que ton adversaire se penche, tu vises la ...fourche, puis un coup de genou sur la tête. Tu comprends? Pommeau dans le ventre. Fourche. Tête. Qu’importe la grandeur de l’homme, il te laissera tranquille. Tu n’as même pas à savoir utiliser cette arme, Nour. Même si je sais que tu sais le faire.

Elle avait versé généreusement l’alcool sombre dans deux verres travaillés, tout en parlant. L’odeur sucrée et un peu forte de la liqueur se mélangeait agréablement au parfum épicé du thé. Alors que Sifaï terminait son explication, précisant que sa cousine était tout à fait apte à utiliser une lame courte, elle leva son verre en sa direction et inclina le minois pour plus de sérieux.

- À tes voyages. À ta liberté. À tes découvertes, Nour Kamar. Que ton avenir soit constellé de découvertes anciennes.

La Sadaqa avait ensuite porté l’alcool à ses lèvres sans l’once d’un remord de s’approprier ainsi la boisson typiquement masculine chez les nomades. Les yeux mi-clos, elle en avait bu une longue rasade, laissant la piqûre légère et agréable de la liqueur engourdir sa langue et sa gorge.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyDim 9 Aoû 2020 - 4:38

La jeune cousine royale tient à la rassurer quant à ses ambitions et à son frère aîné, que Nour connaît bien peu, malgré leurs quelques précédentes rencontres. Il faut dire qu’elle n’a jamais mis guère d’efforts dans ces moments arrangés, surveillés de loin par quelconque chaperon. « [...] Shayaan n’a jamais voulu du prestige, ni du sérieux. C’est peut-être une vie comme la tienne qui lui conviendrait. S’il a le coeur de me rejoindre dans la jungle, je le prendrai », lâche-t-elle comme un défi pour l’absent Shayaan, qui doit entendre ses oreilles ciller, à son poste dans le palais royal. Sans doute le sous-estime-t-elle, sans doute est-elle hautaine de supposer que l’homme n’oserait jamais quitter Arhab, quitter les dunes, pour s’aventurer à la suite d’une femme sans promesses, au coeur d’un univers si différent. Il y a pourtant de la vérité, dans ses mots.
Si Shayaan a le coeur et le courage de faire tout cela, peut-être le prendra-t-elle vraiment.

Qui d’autre que Sifaï pour comprendre les inquiétudes de ses parents, de ses frères, de ses soeurs ? Leur histoire familiale est tachée de sang, à l’image de celle de tout Arhab, alors que les dunes se sont si souvent gorgées du sang de ses enfants et de ses ennemis, alors que le roc ne sait pas tout à fait être une protection étanche contre les dangers du monde. « Notre histoire est cruelle, mais elle est aussi si riche et grande, commente la mécanicienne fascinée depuis toujours par les empereurs-mages et leurs créations inimitables, comment résister à l’idée d’y inscrire mon nom ? » En lettres de sable qui part au vent, en lettres de sang, avec arrogance, certainement, mais pourtant. Ses yeux s’emplissent de curiosité alors que la danseuse des dunes évoque un présent ; Hyacinthe tend la tête et le bec vers le paquet enveloppé sur la table, celui qu’elle a remarqué plus tôt.

Ses gestes sont précautionneux, alors qu’elle dévoile la janbiya à la facture impeccable, dépourvue de toutes ces pierreries et dorures qui font habituellement la beauté des armes arhabéennes. Elle a beaucoup, de beauté, pourtant, cette janbiya qu’elle sort lentement de son fourreau pour admirer les arabesques de la lame, les détails du pommeau. Son sourire, ce sourire si large qui prend tout son visage, s’est dessiné sur ses lèvres, alors que ses prunelles noires brillent de plaisir. Sif regrette peut-être de ne pas avoir eu suffisamment de temps pour faire personnaliser le pommeau, mais la janbiya est parfaite ainsi. Puis, surtout, c’est la sienne, maintenant. « Elle est magnifique, Sif, murmure-t-elle, alors que Hyacinthe se permet de tester le métal solide de l’arme en la tapotant du bout du bec. Merci infiniment. »
La Kamar dépose la janbiya sur ses genoux et cherche sa maigre bourse dans les replis de son sari. Du sachet de cuir et de tissu usé, elle tire un fleuron, qu’elle dépose sur la table entre elles. Une façon comme une autre de contrer le mauvais sort, de s’assurer que cette lame ne se retourne jamais contre sa propriétaire.

« À tes voyages. À ta liberté. À tes découvertes, Nour Kamar. Que ton avenir soit constellé de découvertes anciennes. » Au toast de sa cousine, Nour boit aussi une gorgée de l’alcool sombre, ressentant avec plaisir ses papilles s’enflammer sous la liqueur forte autant que sous la délicieuse transgression de s’approprier ce breuvage habituellement réservé aux hommes. Elle sera l’une des premières à vraiment, véritablement, explorer la jungle. Une expédition de femmes, montée par la matriarche Gaïane. « Arhab me manquera. Tu me manqueras, Sifaï Sadaqa. Un sourire, au-dessus de son verre d’alcool qu’elle dépose sur la table, avant de se plier à l’exercice de leur verser à chacune un verre de thé. Vivedune est-elle un tel piège pour une danseuse des dunes, une cousine royale, pour que tu me conseilles ainsi ?, demande-t-elle avec une curieuse malice. Est-ce les enseignements de ton époux ? »


Dernière édition par Nour Kamar le Mar 18 Aoû 2020 - 20:08, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyJeu 13 Aoû 2020 - 15:36

La bravade offerte par sa cousine au sujet de son grand frère lui arracha un petit rire. Il y avait quelque chose de doux et de beau, à entendre Nour provoquer le malheureux absent. Elle se gardait bien de le souligner, Sifaï, mais elle connaissait suffisamment Shayaan pour le savoir prompt à réagir aux défis, ne serait-ce que par esprit de contradiction. Et par jeu. Shayaan joueur. Shayaan espiègle. La Kamar n’était peut-être pas la femme qu’il lui fallait, mais Sif lui trouverait bien quelqu’une toute faite pour lui, pour veiller sur lui et le rendre heureux. À défaut d’avoir une vie amoureuse épanouie, elle se permettait de rêver celle des autres. Au moins un petit peu.

Elle soupirait d’aise, petitement, devant la grandeur de leur histoire, comme le soulignait sa cousine, et ne put qu’acquiescer lorsque Nour lui confia vouloir y inscrire son nom. En effet, comment résister à cette idée, alors que la mécanicienne était toute désignée pour faire partie de cette grande expédition? Puis son sourire éclatant, en voyant l’arme. Ses yeux brillants de ravissement. Une petite pointe d’envie, ou quelque chose s’y rapprochant, pour cette cousine si libre, si joyeuse, si légère. Sifaï se demandait parfois si elle aurait pu ressembler un peu plus à Nour, sans le départ brutal et sanglant de Soraya. Sans la découverte de son corps et celui de son filleul mutilé. Elle se plaisait à se deviner aussi insouciante et vivante, dans une vie qui aurait été bien différente. Et malgré l’envie, malgré les rêveries, pourtant, la petite ombre vengeresse ne regrettait pas la sienne, toute dédiée aux dieux qu’elle était. Par la danse, mais également par le meurtre.

- Tu reviendras vite en Arhab, cousine, pour me raconter l’expédition et me parler de tes découvertes. Elle fit glisser le fleuron en retrait, sur la table, bien consciente de l’importance de cette tradition pour le peuple des dunes. La lame pouvait se retourner contre elles et trancher leur affection mutuelle, ou pire encore.

Devant la question un peu narquoise de sa cousinette toute malicieuse, Sifaï glissa ses mains contre le verre de thé bien chaud. Elle se permit de contempler un instant les volutes de fumées s’en échappant avant de lui répondre, le temps de rassembler une réponse qui ne la trahissait pas. Le temps, aussi, de donner un petit lustre dramatique à ses explications.

- Lorsque j’ai été enlevée… Lorsque les brigands m’ont emmenée loin dans le désert, le sang de Shahryar est devenu plus froid que les monts enneigés de Sombreciel. Il les a traqués, Nour, et il m’a fait la promesse de ne plus me laisser sans défense.

C’était un mensonge éhonté, bien sûr. Un mensonge qu’elle avait répété à de nombreuses reprises pour ses tantes et ses cousines toutes rêveuses d’un amour si romantique - et inexistant. Mais un mensonge qui la mettait parfois mal à l’aise, lorsqu’elle le racontait en détail aux gens qu’elle aimait. Selim, particulièrement. Et Nour aussi, elle s’en rendait bien compte, Sifaï. Ce n’est pas tout à fait un mensonge. Elle plongea ses lèvres dans le thé fumant tout en ignorant le commentaire ambigu de Simoun, à son esprit. Ils avaient traqué les brigands. Ils les avaient infiltrés puis les avaient tués. Tous.

- Il m’enseigne de bien nombreuses choses. Et Kemintiri également. Le poison, par exemple… Oh, précieux poison, comme elle appréciait l’utiliser dans ses contrats! Si un serpent s’en prend à l’une de tes soeurs d’aventure, ou si une arme empoisonnée tranche leur chair, il ne faut pas aspirer la plaie. Tous les contes de notre enfance affirment l’inverse, mais je t’en conjure, Nour, ne fais pas ça. Le poison sera déjà dans le sang de la victime et pourrait te brûler la langue et te blesser, même.. Le mieux est de trouver rapidement une guérisseuse. Il y en aura une, n’est-ce pas? Ton équipe sera nombreuse?

Ses sourcils se fronçaient alors que l’idée de savoir sa cousine en situation délicate l’habitait. La Kamar était plus âgée qu’elle, de plusieurs années même, mais il semblait à Sifaï qu’elle n’avait peut-être pas son expertise pour survivre à une situation qui tournerait mal. Elle n'avait pas eu la chance d'avoir été l'apprentie de Shahryar Khamsin.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyMer 19 Aoû 2020 - 6:19

Sifaï prend quelques instants pour se collecter avant de lui répondre, non sans gravité, à propos de ces conseils plus que étonnants venant d’une danseuse des dunes. « Pardonne-moi, j’voulais pas te rappeler tout ça », s’excuse Nour, la voix un peu petite et gênée. Elle n’a jamais eu à vivre des choses aussi terribles, la tête dans ses manèges et carrousels ancestraux, l’esprit dédié aux pièges mortels du Palais des Soupirs. Elle en vient parfois à oublier la cruauté du désert envers ses propres enfants et les épreuves vécues par cette cousine si jeune. En vient surtout aussi à davantage apprécier Shahryar et sa dévotion amoureuse pour la jeune femme, pour cette décision de ne plus jamais la laisser sans défense. Et bien qu’elle soit perceptive, la Kamar, elle ne devine absolument rien du mensonge de Sif.
Ce qu’elle sait percevoir et découvrir, ce sont les subtilités des mécanismes et la logique derrière ceux-ci. Pas celle des humains, bien plus complexes que toutes les constructions savantes sur lesquelles elle a pu poser ses yeux noirs.

La mécanicienne souffle doucement sur son thé avant d’y tremper les lèvres pour en tester la température, l’oreille toujours tendue aux paroles de la Sadaqa. « Il m’enseigne de bien nombreuses choses. Et Kemintiri également. Le poison, par exemple… Le poison ? », répète-t-elle avec méfiance, ses yeux légèrement plissés, alors que sa vis-à-vis lui explique sa pensée, avant de comprendre qu’elle parle de comment se prémunir contre le poison. Non pas comment l’utiliser. Les dieux les gardent de penser à de telles choses ! Bien que la vérité est que Nour se soit déjà penchée sur le sujet, superficiellement, afin de comprendre certains pièges empoisonnés dissimulés sous quelques dalles traîtresses ; ou quelques pointes de flèches vicieuses. « [...] Le mieux est de trouver rapidement une guérisseuse. Il y en aura une, n’est-ce pas? Ton équipe sera nombreuse? J’crois, j’espère. L’Arhabéenne n’en est pas certaine, mais ça l’étonnerait que la reine Gaïane n’y ait pas pensé. Sinon, Hiéranie lui aura sans doute apporté son conseil d’expérience, elle qui a vu bien plus de royaumes qu’elle, qui a marché tout Arven, sur et sous la terre. Hiéranie m’a écrit qu’on serait une équipe d’exploration, avec des guerriers aussi. La matriarche a pensé à une guérisseuse, j’suis sûre. »
Non, vraiment, la reine Gaïane est très intelligente, à ce que l’on dit. Elle aura pensé à une guérisseuse, en plus des guerriers.

« Nous ne serons que des femmes, dit-elle avec un air un peu rêveur, alors qu’elle s’imagine déjà, machette dans une main, Hyacinthe planant au-dessus d’elles, en train de parcourir la jungle. Qu’elle imagine un peu comme un oasis arhabéen très dense, sans savoir à quel point elle se trompe. As-tu déjà imaginé ça ? Que des femmes pour découvrir… découvrir j’sais pas quoi, mais le découvrir. Les sourcils noirs soudainement froncés à nouveau, alors que son familier descend de son épaule pour se lover dans le creux de ses jambes croisés. Des femmes et Hyacinthe, corrige Nour en glissant sa main sur le plumage sombre, qui a toujours refusé de m’dire quoi qu’ce soit de la jungle. Il ne faut pas gâcher la surprise, répond le toucan toco avec suffisance et malice (un équilibre très précaire), semblant presque sourire avec son immense bec. Cela dit, je peux t’assurer qu’il y a des serpents. Tes conseils ne s’ront pas inutiles, ma cousine », rigole-t-elle, reprenant une autre gorgée de son thé. Soigneusement emmagasinés dans sa mémoire, aux côtés de toutes ses connaissances savantes.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptySam 22 Aoû 2020 - 15:10

Il était rassurant pour Sifaï d’entendre sa cousine dépeindre la grandeur de l’équipe dépêchée pour cette expédition mystérieuse au coeur des jungles démérianes. Elle ponctuait alors ses explications de quelques hochements de tête, autant attentive que rassurée. Il était vrai que la matriarche n’aurait pris aucun risque inutile, pas après la tragédie du zeppelin, et ce simple fait avait de quoi rassurer l’esprit inquiet et protecteur de la jeune Sadaqa. Elle sirotait son thé fumant et parfumé tout en se questionnant sur la fameuse Hiéranie, qu’elle n’avait jamais vu mais dont elle entendait parler à travers quelques discours de Nour. Une amie d’ailleurs. Un peu comme pouvait l’être la jolie Aubrée, pour elle. Une amie, une confidente, même, qu’elle ne voyait jamais assez souvent. Puis les paroles de Nour abordèrent le sujet des femmes, de ce groupe de femmes dont elle ferait partie, qui seraient mises à l’avant-plan d’une grande découverte.

Hyacinthe la fit rire un petit peu, et Simoun aussi, dans l'ombre de son esprit, et elle jugea plus sage de reposer son thé avant d’éclabousser la table, janbiya incluse.

- C’est une vision du monde étrange, Nour, que tu me décris. Que tu vivras, aussi. Et pourtant…

Sifaï semblait songeuse un moment, alors qu’elle rassemblait ses pensées pour transmettre le plus fidèlement sa pensée. La danseuse finit par s’adosser contre le canapé, derrière elle, où Simoun appuya son museau frais dans le nuage sombre de ses cheveux.

- Devant les dieux, nous sommes égaux. Tous et toutes. Une femme peut devenir grande prêtresse d’Amon’Râ, et un homme pourrait se dédier à Cerah depuis la nation de la Vie. Qui a-t-il de plus important que les dieux, en ce monde? Et pourtant, jamais je ne pourrais parler au nom de mon clan, comme Shahryar le fait avec le sien. Jamais tu n’aurais pu rêver devenir une sentinelle sans essuyer des railleries et te faire répéter qu’elles ne sont qu’une minorité, qu’une poignée d’exceptions.

Le petit fennec souffla dans ses cheveux, ce qui fit disparaître sa mine songeuse et un peu trop sérieuse au profit d’un sourire plus léger. Si même Lida et Sithis acceptaient des femmes, si même le Pas de l’Ombre offrait la confiance et l’honneur suprême de devenir écoutante à des femmes, c’est qu’elles n’avaient rien de fragiles, rien de mièvres, et qu’elles valaient autant qu’un homme. Qu’importe la charge de la tâche, qu’importe le sérieux de la mission. Déméria le prouvait bien, quoi qu’un peu trop drastiquement pour la vision à saveur arhabéenne de Sifaï, mais Sombreciel et Abyme, l’Ancrage… Son désert, sa nation, n’était pas nécessairement aveuglée, en ce qui concernait les femmes. Elle pouvait refuser de se marier, choisir le nombre d’années, elle pouvait se rendre intouchable en dansant pour les dieux et pouvait mener son propre commerce.

- La matriarche semble avoir compris bien des choses, dont l’importance de la femme. Elle aura songé à une guérisseuse, et peut-être même une cuisinière...

Un sourire malicieux, cette fois, comme un clin d’oeil à leur propre talent en la matière. Il était heureux qu’on la nourrisse, au palais. Sa vie entière avait tournée autour de la danse, puis autour de son serment, et l’idée de mijoter une tajine lui semblait désormais loufoque. Quant à Nour… Elle était réputée pour manger moins encore que son familier. Sa cousine devait cuisiner au moins autant qu’elle. Et c’était bien peu. Puis un silence bref se posa, entre elle, alors que la plus jeune observait son aînée pour en retenir les moindres traits, à l’aube de cette nouvelle aventure périlleuse mais exaltante.

- Un dernier conseil, Nour. Repère les issues, à chacune des pièces que tu découvriras. Tu es une petite prodige des mécanismes les plus complexes, alors je t’en prie, cousine, préfère la fuite et repère les issues.

La Sadaqa s’était inclinée au-dessus de la table, en lui expliquant sa dernière recommandation, jusqu’à venir cueillir ses précieuses mains des siennes. Comme elle aurait aimé lui expliquer comment tout prévoir, comme tisser sa toile tout autour de ce temple et éviter l’inévitable, comme elle-même le faisait avec ses proies..! Mais le temps manquait, et les soupçons étaient si simples à s’éveiller. Alors elle se contenta de rapprocher ses mains fines de ses lèvres pleines pour y déposer un baiser.

- Je vais prier pour toi. Je vais danser pour que les dieux t’accompagnent, même au plus profond des jungles démérianes. Reviens-moi avec mille histoires, et autant d’honneurs.

Elle ne pouvait plus rien faire d’autre, désormais. Prier, danser, et lui envoyer Shayaan dans les pattes.


Dernière édition par Sifaï Sadaqa le Ven 4 Sep 2020 - 0:02, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyVen 28 Aoû 2020 - 4:49

Cette expédition entièrement féminine, où le beau sexe sera celui qui mènera de front toutes ces découvertes dans ce milieu hostile qu’est la jungle, semble plonger la cousine royale dans ses réflexions. Un monde étrange, que celle-ci dit, et Nour l’écoute lorsque sa parole diverge sur ces inégalités qu’elles vivent toutes les deux, au coeur du désert. Une vérité indéniable, bien qu’il ne fait pas bon de la susurrer à l’oreille de ceux qui gouvernent sur les dunes et les montagnes, bien que parfois, les mots leur échappent pour décrire ce qu’elles vivent, sous les deux lunes. La mécanicienne sait bien que les femmes sont aussi fortes que les hommes - plus, même, qu’elle pense secrètement sans jamais le dire, alors qu’en Arhab, les familles se reposent sur celles qui portent et élèvent les enfants, s’assurent que le clan survive à travers chaque nouveau-né.
Elle sait aussi que ce n’est pas elle, petite Kamar nomade, roturière, savante à la tête perdue dans ses rouages, qui pourra y changer quoi que ce soit.
Si ce n’est, peut-être, avec cette expédition incroyable.

« La matriarche semble avoir compris bien des choses, dont l’importance de la femme. Elle aura songé à une guérisseuse, et peut-être même une cuisinière... J’en invoque tous les dieux et déesses du foyer, Sifaï », qu’elle ajoute non sans rire, bien que Nour a confiance que ses coéquipières (Hiéranie la première) ont plus de capacités en la matière qu’elle-même !

La jeune fille se penche vers elle, comme en confidence, prenant ses deux mains entre les siennes. La peau sombre, contre celle si claire, alors qu’elles sont pourtant nées du même désert et qu’elles partagent tant de parents. « Un dernier conseil, Nour. Repère les issues, à chacune des pièces que tu découvriras. Tu es une petite prodige des mécanismes les plus complexes, alors je t’en prie, cousine, préfère la fuite et repère les issues. Je n’en suis pas à mon premier temple, Sif, qu’elle rappelle avec sérieux. J’ai survécu par deux fois au Palais des Soupirs. Ce que cache ce temple de la jungle ne m’effraie pas. » Ni ses monstres, ni ses mécanismes, ni ses cadavres.

Elle sait qu’elle doit être prudente et que dans ce métier, la bravade et la fanfaronnade sont de sûres alliées de la mort, car l’orgueil précède la chute. Il n’empêche que Nour, aussi jeune soit-elle, a fait ses preuves.

Sa main vient caresser doucement la joue brune de Sifaï, la peau si douce, en un geste d’affection sincère. Les mots de la cadette la touchent et elle les emportera avec elle dans la jungle, aussi précieux et chers à son coeur que la janbiya. « Tes prières me parviendront, cousine, j’en suis certaine. Nos lunes me veilleront, où que j'sois. Un sourire, doux, et la savante se dresse, jouant avec sa tasse de thé sans en reprendre une gorgée. Son petit appétit déjà comblé par l’alcool et ce qu’elle a bu, avant, sans pourtant oser refuser ce qui est offert. Nous aurons l’une de ces pirates, avec nous. Elle devrait pouvoir nous aider avec les pièges et la jungle. » Une certaine Hortense, a dit Hiéranie dans sa missive. Une Démériane qui n’a pas froid aux yeux, ni peur de prendre les grands moyens. L’Arhabéenne devrait condamner ses actes terribles, qui ont mené à la perte de tant de gens, mais une part d’elle se refuse d’être en désaccord avec la femme. Au final, n’a-t-elle pas eu raison, de faire tout cela ? N’est-ce pas ce que prouve cette aventure ? « J’ai hâte d’la rencontrer. C’est pas tous les jours qu’une criminelle devient une exploratrice d’la couronne. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyVen 4 Sep 2020 - 0:02

Si la formation entièrement féminine semblait faire rêver sa cousine, son impression quant à la place de la femme la laissait silencieuse, et Sifaï n’en ajouta pas plus. Il s’agissait sans doute d’un sujet dont il fallait parler en murmures pressés, lorsque l’indignation de ne pas avoir été considérée à sa juste valeur devenait insoutenable. Si être considérée comme une fille cadette fragile ou comme une danseuse sacrée qu’il fallait protéger ne l’agaçait aucunement et créait une couverture parfaite pour ses activités, Sifaï n’en demeurait pas moins songeuse et lucide. Combien de cousines avaient dû abandonner leurs rêves pour se consacrer à une vie moins périlleuse, en retrait..? Son rêve, elle avait eu la chance de le suivre et d’en vivre. Un coup du hasard, un coup de chance. Il s’harmonisait parfaitement à ce que les pères pouvaient espérer de meilleurs pour leur fille. La jolie Nour avait suivi un chemin bien différent, têtue dès le berceau - c’était la rumeur! -, jusqu’à piller les épaves avec les siens puis intégrer l’académie. Et voilà qu’elle allait marquer l’histoire à sa façon. C’était mérité, et aucunement volé. La Sadaqa lui offrit un mince sourire lorsqu’elle lui souligna avec sérieux qu’elle n’en était pas à son premier temple, un peu fautive peut-être. Ou mal à l’aise que son travers à vouloir protéger ses gens soit trop perceptible.

- Je t'assomme au sujet des femmes arhabéennes, et je m’inquiète comme un vieil oncle le ferait… Tu es courageuse, Nour, et pleine de ressources. Ne fais pas attention à mes inquiétudes.

Avait-elle les mêmes craintes pour Shayaan, qui gardait le palais et risquerait sa vie s’il le fallait? Ou pour Selim, son cher Selim, qui chassait des monstres terrifiants depuis Roc-Épine? Ils sont combattants de sang et de profession. La danseuse glissa une main caressante sur la tête de Simoun, jusqu’à agacer l’une de ses si grandes oreilles. C’était cela, sans doute. Nour était futée, talentueuse, mais elle n’était pas nécessairement formée à se défendre. Heureusement, des combattants expérimentés prendraient les risques pour elle. Enfin… Sifaï l’espérait. Elle oubliait parfois que sa cousine était plus âgée, plus mature et plus expérimentée qu’elle. De plusieurs années.

- Une pirate?

La jeune femme haussa un sourcil tout en suivant les explications bien peu rassurantes de Nour. Une criminelle au service de la couronne démériane. La nouvelle avait de quoi surprendre, presque autant que le ton bien trop léger qu’employait la savante pour le lui annoncer.

- Nous avons une manière un peu moins douce de juger les criminels, au coeur du sultanat, il est vrai.

Anthim se faisait un devoir de condamner les criminels, soit par le cirque, soit par la contemplation, lorsque les chefs de clan ne pouvaient s’en charger eux-même. Et s’il advenait qu’un fautif ne paie pas pour son crime, le Pas de l’Ombre veillait soigneusement à ce que la vengeance divine s’abatte sur les coupables. Il n’y avait aucune place pour eux, dans les dunes, et savoir que Nour allait côtoyer une pirate et devait lui faire confiance le temps d’une expédition n’avait rien de rassurant. Ses sourcils fins se fronçaient, désormais, laissant voir combien la méfiance et l’inquiétude la taraudaient.

- Il ne devait y avoir aucune exploratrice de disponible, ni aucune experte des jungles démérianes non plus… Comment se nomme-t-elle, cette pirate, déjà?

Un petit nom. Rien qu’un nom. Elle veillerait, Sifaï, même de si loin, même depuis le désert, à ce que cette criminelle ne puisse pas blesser sa cousine et croire s’en sortir indemne. Alors elle souriait un peu, comme amusée de sa propre indiscrétion, alors qu’elles savaient toutes deux que jamais le nom de la principale intéressée n’avait pas encore été dévoilée. Pour l’inciter à bien vouloir lui répondre, la Sadaqa reprit un air plus sérieux et ajouta :

- Des enfants sont morts, par sa faute, Nour. C’est ce que l’on dit. Des enfants de l’Académie.

Elle ravala un soupir pour s’empêcher de poursuivre sur sa lancée. Pour s’empêcher d’inciter Nour à la prudence. Pour empêcher de l’entendre lui répéter qu’elle n’en était pas à son premier temple, qu’elle n’était plus une enfant, justement, qu’elle avait des ressources. Car Sifaï le savait déjà. Après tout, peut-être que cette criminelle ne sera même plus en vie pour l’accompagner dans la jungle, si les parents endeuillés réclamaient justice, là où la matriarche avait offert le pardon. L’idée calmait son coeur, un peu cruellement peut-être.

- Raconte-moi plutôt comment se déroulent les préparatifs pour une telle expédition. Hyacinthe n’a rien dit, mais ton amie.. Hiéranie? Prénom qu’elle écorchait un peu trop, sans même le vouloir. Ce n’est pas comme le Palais des Soupirs, où tu pouvais t’attendre à affronter ce qu’Arhab a de plus terrifiant à offrir. La jungle… Doit-elle porter les mêmes vêtements que pour parcourir les dunes ardentes, Hyacinthe?

Ses yeux clairs se posaient enfin sur le toucan toco qui se dandinait maladroitement, sur le bout de la table, son bec coloré levé vers elle. Il y avait quelque chose d’attendrissant, à le voir ainsi, à la fois majestueux, coloré et prompt à prendre ses aises malgré ses gaucheries. Et libre, surtout. Comme Nour.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une nouvelle aventure L'aube d'une nouvelle aventure EmptyVen 11 Sep 2020 - 5:39

Les inquiétudes de Sifaï sont attisées par les propos de Nour, qui ne manque pas une occasion de ne pas du tout rassurer ses proches avec ses histoires de temples perdus, de pirates et de jungle. Au moins autant qu’elle a confiance en ses capacités et dans l’aventure à venir. « Il ne devait y avoir aucune exploratrice de disponible, ni aucune experte des jungles démérianes non plus… Comment se nomme-t-elle, cette pirate, déjà? Hortense la Crételle, si j’me souviens bien. C’est juste… une paysanne. » Pas une guerrière. Pas une exploratrice. Ce qui a le don de titiller encore plus sa curiosité, parce que la brune a tout de même exploré quelque chose dont jamais personne n’est revenu auparavant. Et ça, Nour peut l’apprécier, l’admirer, l’envier, et vouloir faire partie d’une expédition qui, cette fois, reviendra saine et sauve. « Si les dieux veulent vengeance pour ces enfants, Sif, ils sauront l’obtenir, sang pour sang. »
Dit ainsi, ça ressemble presque à un message, à un aveu qu’elle sait pour les véritables activités de la jeune femme.
Mais il n’en est rien. Ce n’est qu’une coïncidence, dite avec tout le sérieux des enfants des dunes qui respectent la mort et la vengeance autant que chacun des autres dieux.

La conversation revient sur un sujet un tant soit peu plus agréable. Hyacinthe a le sentiment satisfait de celui au centre de la conversation, alors que les regards de Nour, Sifaï et Simoun convergent sur lui, et elle pourrait jurer qu’il gonfle un peu les plumes de vanité. Ce Démérian. Le sombre familier semble malgré tout hésiter à donner des réponses, avant de consentir à ouvrir le bec : « Oui et non. Tu dis ça depuis que j’t’ai rencontré, accuse Nour, alors que le toucan toco refuse encore de donner de véritables informations à propos de la jungle, ou uniquement en énigmes et commentaires laconiques très loin de son tempérament bavard et extatique habituel. Dis-moi qu’au moins, il ne fait pas froid comme en Sombreciel. Ça non ! Il semble rire, dans cet étrange claquement qui résonne dans la pièce, en réponse à sa petite supplique. C’est très chaud et humide, tu verras, tu auras la tête pleine de boucles, comme un mouton d’Ansemer. » Elle en est déjà déprimée, franchement. Ses mèches noires ne sont pas les plus dociles et aiment à rebiquer de tous les côtés, qu’importe la température. Un soupir et elle passe par réflexe sa main sur le chignon tressé d’où, prévisiblement, ses cheveux semblent vouloir s’échapper.

« Hiéranie m’a rapporté les propos de quelques personnes qui ont fait partie de l’expédition. Des arbres immenses et inconnus à perte de vue, des fleurs colorées et des animaux… de toutes les sortes. Des fauves, comme le familier du polyarche Castiel. » Comme l’un des familiers du polyarche Castiel. Un frisson de malaise court sur sa nuque, au souvenir de l’homme qu’elle a brièvement croisé pendant son travail en Sombreciel, et qui ne l’a heureusement pas remarquée. Nul ne sait expliquer la magie qui pétrit le félin qui marche à ses côtés et change de robe comme le souverain d’humeur, mais ça n’a rien de normal, elle pourrait en jurer par Aura. « Ce sera dangereux et tes prières, comme cette arme, m’aideront beaucoup. Quel calme, dans la résolution de Nour ! Je pourrai sans doute t’écrire. Ou au moins t’envoyer des dessins. Un rire. Sa main d’écriture est toujours aussi épouvantable, mais pour les dessins, elle est douée. Tu n’pourras pas me répondre, mais tu pourras transmettre ces nouvelles à notre famille. »
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