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 Le temps du pardon

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Rodrigue Belorme
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Message(#) Sujet: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyDim 5 Juil 2020 - 16:46


Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

Le temps du pardon

Rodrigue Belorme & Hortense La Crételle


21 juin 1000



Statut du RP : Privé
Résumé : Rodrigue se rends au palais d'Edenia pour voir Hortense et lui parler de ce qu'il s'est passé dans le dirigeable.
Recensement :

Code:
• [b]21 juin 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t331-le-temps-du-pardon#3379]Le temps du pardon[/url] - [i]Rodrigue Belorme & Hortense La Crételle[/i]
Rodrigue se rends au palais d'Edenia pour voir Hortense et lui parler de ce qu'il s'est passé dans le dirigeable.


Dernière édition par Rodrigue Belorme le Dim 5 Juil 2020 - 16:47, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyDim 5 Juil 2020 - 16:47

Quelques jours… Quelques jours de répit. Quelques jours pour s'éloigner de l'académie. La veille, j'avais rencontré les parents de Clarence et d'Azalée. Fous de chagrin, ils m'ont tous reproché la mort de leurs enfants. Pourquoi étais-je vivant, et pas eux ? Pourquoi n'avais je pas su les protéger ? Pourquoi ne m'étais je pas sacrifié ? Que de questions auxquelles je ne pouvais pas répondre. Chaque jour qui passe me rappelle déjà cruellement que j'ai échoué à ma tâche, mais les propos des parents des disparus ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Quand j'ai fondu en larmes dans mon bureau, j'ai compris qu'il fallait que je prenne un peu de recul. J'ai donc pris quelques jours pour redescendre en Déméria, Les grandes vacances approchaient, les élèves travaillaient les examens, je pouvais me permettre de disparaitre pour quelques temps.

Je suis donc arrivé à Edenia, sans objectif précis en tête. Je déambule avec Fengo dans les rues de la ville, saluant d'un petit sourire ceux que je connaissais. Puis le palais se dessine devant mes yeux. Je me rappelle qu'aux dernières nouvelles, Hortense avait échappé de peu à la mort. Elle vit actuellement dans le palais, attendant de remplir une mission pour le compte de la matriarche. Hortense… Je ne comprends toujours pas ce qui a pu la motiver à se joindre à ces pirates de l'air. Quand je pense à eux, en particulier à ce Lubin, mon sang s'échauffe. Je dois savoir. D'un pas décidé, je me dirige vers les grilles du palais, donne mon nom et la raison de ma venue aux gardes et patiente. J'aurais pu apporter quelque chose… De quoi l'aider à patienter, de sucreries, je ne sais quoi, mais je n'en ai ni le temps ni l'envie. J'ai mis du temps avant de me décider à aller la voir, sans doute à cause de la rancœur, mais je me dis maintenant que je fais bien de le faire maintenant. Nous avons eu tous les deux le temps de réfléchir, et si je ne le fais pas je risque de le regretter, surtout si elle ne revient pas de la jungle. En pensant à cette immense étendue de forêt humide qui a été notre cadre de vie pendant de nombreux jours, je frissonne. Je porte maintenant pour la vie les marques de ce qu'elle m'a laissé. Les fauves n'ont jamais appris à avoir peur de l'Homme, et ils n'hésitent pas à leur faire savoir.

Un garde m'invite à entrer, je lui emboite le pas, suivi de prêt par Fengo. Le cerf est resté étrangement silencieux depuis notre arrivée à Edenia. Je lui jette un regard, il me réponds juste en agitant les oreilles. Je comprends alors qu'il attends lui aussi de voir comment va se dérouler la suite. Il n'a qu'une envie, me voir aller mieux, mais je doute que cette rencontre avec mon amie m'aide plus que ça. Au contraire, cela risque d'empirer les choses. Le garde arrive devant la porte d'une petite chambre et toque vivement. Ca y est, nous y voilà, Hortense est de l'autre côté. Je passe une main dans mes cheveux et lâche un soupir. Je suis élégamment habillé aujourd'hui, comme si mon inconscient s'était douté de la tournure que prendrait la journée. Qui aurait cru que je serais en ce moment dans le palais, alors que ce matin même j'arrivais à Edenia pour voir mes parents, ce que je n'ai pas encore fait au final. La porte finit par s'ouvrir, et je me tourne vers mon amie. Je reste un moment silencieux, la regardant de haut en bas et lâche un petit mais sec :

"- Hortense."
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyMar 7 Juil 2020 - 22:13

Hortense tourne en rond dans sa petite chambre. Elle sort se promener parfois, dans le parc du palais, juste pour prendre l’air. Elle se balade dans les couloirs. Mais peu habituée à cette dose de mondanité, Hortense a trop peur de faire quoi que ce soit. Peur d’ouvrir la bouche et que son accent paysan et ses expressions campagnardes refassent surface. Peur que ses manières ne soient pas appropriées. Peur d’être grossière. Peur de mal faire. Elle a l’impression de marcher sur des oeufs. Et elle sait que tout ceci ne devrait pas avoir d’importance : elle est en vie, c’est tout ce qui importe. Mais Gaïane l’a prévenue : elle va représenter Déméria dans la jungle, elle se doit d’avoir un peu de tenue et un comportement acceptable. Même si elle n’est pas encore dans la jungle, elle tente de faire de son mieux pour s’intégrer au palais. Mais elle ignore comment s’intégrer alors qu’elle n’y connait personne. Alors qu’on l’a placée ici, dans un monde dont elle ignore tout et que, jusqu’ici, elle méprisait jusqu’aux ongles, accusant la couronne et tous ces nobles de ne pas bouger le petit doigt pour le peuple - chose en laquelle elle croit toujours un peu, même si son avis tend à changer à mesure qu’elle voit que Gaïane prend cette expédition à coeur. En attendant, Hortense sort peu, elle évite de croiser trop de monde. Sa chambre est petite, peu confortable, mais comparée à la cellule dans laquelle elle a séjourné pendant trois jours, elle lui semble tout à fait acceptable. Hortense n’a jamais vraiment connu le luxe de toute façon, elle n’a pas vraiment l’impression d’être bousculée dans son quotidien.

Elle a écrit une lettre hier, à sa tante, pour lui raconter ce qu’il se passe et la tenir au courant. Lui dire qu’elle va partir. Hortense imagine qu’elle est déjà au courant qu’un zeppelin s’est écrasé en pleine jungle, ce genre de nouvelles ne passent jamais inaperçues. Et puis, la tante éloignée chez qui Hortense logeait à Edenia a déjà sûrement alerté toute la famille de sa disparition, lorsqu’elle a embarqué à bord de l’Astrolabe. Il était temps qu’elle raconte sa version de l’histoire à ses proches. Si Bérénice et elle ne s’entendaient plus tellement avant le départ d’Hortense, elles partageaient néanmoins toutes deux la douleur de la disparition de Violette et Eustache. Bérénice manifestait cette dernière en contrôlant les moindres faits et gestes de sa nièce, en s’assurant qu’il ne lui arriverait pas le même malheur, en faisant en sorte qu’elle ait un bel avenir, ou du moins qu’elle puisse vivre en toute sécurité, à l’abri des dangers. Elle noyait son chagrin dans les pleurs et la mélancolie. Hortense avait toujours utilisé le sien comme une arme, transformant sa tristesse en une colère qui l’avait menée à former le groupe des Violette, à signer des pétitions, à s’asseoir pendant des heures devant le palais de Déméria. A détourner un zeppelin. Bérénice comprendra. Ce que redoute Hortense, c’est sa réaction lorsqu’elle apprendra que sa nièce part pour la jungle, ce lieu que Bérénice lui avait interdit toute sa vie durant. Le seul lieu dont elle ne voulait plus entendre parler. Mais cette lettre lui avait néanmoins fait un bien fou. Elle avait eu un effet cathartique absolu.

Par la petite fenêtre de sa chambre, Hortense aperçoit un bout du jardin du palais et, au loin, Syrah qui s’amuse dans l’herbe. Ils tentent de s’habituer à la distance, eux qui ont toujours été proches et ont partagé de nombreux moments ensemble savent pertinemment que Syrah ne pourra pas accompagner Hortense dans la jungle. Trop dangereux. Pas adapté pour un mouton tel que Syrah. En le regardant s’amuser ainsi, Hortense sait que c’est la bonne décision et que ni l’un ni l’autre ne sera malheureux durant ces quelques temps passés à distance. Le bruit de la porte détourne le regard d’Hortense. Celle-ci observe le garde se décaler pour laisser passer quelqu’un. Rodrigue.

Il est étonnant de le retrouver dans ce cadre, au palais. Ils sont tous les deux apprêtés, comme le veut la cour, et on dirait presque deux étrangers. Un pincement au coeur, la gorge nouée. Hortense ne s’attendait pas à une telle visite. Il prononce son nom, avec plus de rudesse que de coutume, et cela suffit à Hortense pour sentir des larmes monter. Des larmes qu’elle contient du mieux qu’elle peut. « Je ne pensais pas que tu viendrais ici » Elle ne s’attendait en effet pas du tout à recevoir de la visite avant le grand départ. Elle avait pensé à lui écrire, puis s’était dit qu’elle lui laisserait du temps. A vrai dire, Hortense pensait qu’elle ne reverrait peut-être plus jamais son ami d’enfance.

Hortense étouffe, ici, dans cette toute petite pièce. Elle se sent vulnérable, coupable. Et s’il la frappait ? S’il s’en prenait à elle ? Il en aurait tous les droits. Pourtant, cette idée la rend folle et pousse Hortense à ouvrir la porte, elle a besoin du grand air. Elle invite Rodrigue à la suivre. « Allons faire un tour, je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire. » Elle ponctue ses mots de toute la tendresse dont elle est capable, avec l’envie sous-jacente d’apaiser le coeur de Rodrigue, et sa rancoeur. « Je suis désolée. Je te le répèterai mille fois s’il le faut mais je suis désolée. Pour tout. Pour tes élèves, pour cette situation, pour le mal que j’ai fait. Que je t’ai fait. J’aurais voulu que ça se passe autrement. » Si c’était à refaire, elle le referait. Elle le sait maintenant. Malgré tout, elle le ferait différemment.
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyMar 7 Juil 2020 - 23:28

Mon coeur bat la chamade. La colère me rends aussi froid et sec qu’un arbre mort. Je regarde Hortense. Elle est aussi bien habillé que moi, c’est d’ailleurs étrange de la voir ainsi. J’ai l’habitude de la voir apprêtée bien plus simplement que cela. Moi même, j’ai l’impression d’être un autre homme dans ces habits. Je me demande comment font les nobles qui doivent supporter de tels accoutrements tous les jours. Fengo, qui avait décidé d’attendre dehors, me dit qu’il a trouvé le mouton de mon amie. L’animal paraît heureux dans l’herbe, et Fengo, malgré la colère que je ressens et qu’il partage, est quand même heureux de revoir le mouton. Après tout, Syrah n’est pas responsable de la mort de mes élèves, il n’a aucune raison de se montrer agressif. Par contre, avec Hortense, je ne compte pas être très indulgent. Elle est mon amie d’enfance, presque une sœur, mais ce qu’elle a fait est trop grave pour que je lui pardonne aussi facilement. Je vois ses yeux se remplir de larmes quand elle m’aperçoit, mais cela ne suffit pas à m'attendrir. Elle me dit d’une voix comprimée par les larmes qu’elle ne pensait pas me voir ici. Je reste silencieux, ne préférant pas répondre tout de suite. J’ai tellement de choses à lui dire...

Elle et moi restons silencieux quelques instants, et elle me demanda d’aller marcher avec elle. Toujours silencieux, je lui emboîte le pas. Hortense me dit une fois de plus qu’elle était désolée, qu’elle aurait voulu que ça se passe différemment. Elle était désolée pour tout, pour les élèves, pour la situation dans lequel je suis, et pour tout le reste. Je serre les dents mais ne réponds pas. Nous sortons du palais et rejoignons nos familiers dans le jardin, nous marchons un peu. Fengo marche à ma droite. La main sur son encolure, je passe les doigts dans ses poils pour me calmer. Ne pas être insultant, ne pas être offensant, elle reste mon amie. Je finis par ouvrir la bouche et par lui dire, sur un ton que je trouvais étrangement calme compte tenu de la colère qui me ronge :

« - C’est facile, d’être désolée. Mais être désolée ne ramènera pas ces gosses à leurs parents. Être désolée n’effacera pas ces marques de griffures que je porterais désormais à vie. Tu aurais voulu que ça se passe autrement ? Comment alors ? Tu aurais voulu qu’on se pose gentiment dans la jungle et qu’on se fasse tous bouffer tranquillement ?  »

Ça y est, je suis lancé, rien ne pourra m’arrêter, désormais. Il faut que ça sorte, sinon je vais exploser et me montrer méchant, et ce n’est pas ce que je veux. Je reprends donc, sans lui laisser le temps de répondre :

« - Dans la jungle, je t’ai posé une question. Je t’ai demandé si tout cela en valait la peine, si cela valait le coup que des gamins y laissent leur vie. Tu vas pouvoir me répondre maintenant ? Je pourrais l’expliquer aux parents de ces gosses.   » Je reprends ma respiration, sentant cette fois ci le chagrin m’envahir. Je lui dis « : J’ai rencontré les parents, il y a quelques jours. Ils m’ont reprochés la mort de leurs enfants.  » Je prends un autre ton, plus sec, comme pour imiter la voix de ces pauvres gens « Comment pouvez vous continuer à vivre alors que eux ne le sont plus ? Vous auriez dû être à leur place, ça aurait dû être vous. Ils n’étaient que des enfants, ils avaient toute la vie devant eux. Vous n’avez pas su les protéger.  » Je m’arrête et essuie mes yeux. Merde, je n’ai pas su les protéger. J’aurais du être là... Tout est de ma... Non, tout n’est pas de ma faute. Je me tourne vers Hortense et la regarde, les yeux encore larmoyants. Je lui souffle : »- Excuse moi. C’est pas facile.   »

J’attends de voir ce qu’elle va me répondre, et j’espère que cela suffira pour me calmer, même si j’en doute. La blessure est encore trop vive, les souvenirs trop douloureux. Je lui en veut terriblement, mais je ne veux pas perdre cette amie si chère à mon cœur. J’ai promis à ses frères de veiller sur elle, et c’est ce que je ferais, quoi qu’il m’en coûte. C’est en partie pour cela, en plus de l’affection que je ressens pour elle, que j’ai témoigné en sa faveur pour lui éviter la mort. Et s’il faut la remettre dans le droit chemin, je prendrais toutes les mesures nécessaires.
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyJeu 16 Juil 2020 - 18:23

Il y a des silences qui font du bien, qui apaisent, qui régénèrent. S’éloigner du bruit pour se recentrer sur soi, sur ses émotions, sur sa vie. Et il y a les silences qui blessent, ceux qu’on voudrait combler, ceux qui sont plus virulents que des mots. Le silence de Rodrigue est de ces silences là. Hortense n’a plus rien à dire d’autre. Elle a fait sa part. Elle est désolée, elle a des remords, elle aurait aimé que fil des événements se déroule autrement. Mais ce qui est fait est fait. Elle ne peut prétendre vouloir revenir en arrière, ne peut supplier Rodrigue de la pardonner. Elle a fait ce qu’elle avait à faire. Rodrigue a sûrement des choses à lui reprocher, mais pour le moment pas un mot ne se fait entendre de sa part. Il y a de ces silences qui sont pesants.

Les mots, quand ils sortent enfin, sont sur un ton étonnamment calme. Pourtant, ils semblent tout aussi agressifs à Hortense que s’ils avaient été hurlés à plein poumon. La jeune démériane peut presque deviner une boule, coincée dans la gorge de Rodrigue, et sentir la compression de sa poitrine tandis qu’il se retient de crier sa peine. Le jeune homme ne s’arrête plus, il met Hortense devant le fait accompli, devant ce qu’il croit être une accusation, tandis que cette dernière y voit bien un manque de compréhension. Ce n’est pas autre chose : Rodrigue ne parvient pas à se mettre à sa place, il ne comprend ni la douleur que ressent son amie d’enfance, ni son désespoir. Soudain, c’est comme si un mur s’était élevé entre eux deux, opaque, impénétrable. Soudain, c’est comme s’ils parlaient des langues différentes, inconnues, alors qu’ils avaient toujours su s’épauler et se soutenir jusqu’ici. Et pourtant, malgré tout, Hortense sait que Rodrigue a témoigné en sa faveur. Elle sait que beaucoup l’ont fait, notamment des arcanistes présents sur l’Astrolabe tel que Lionel, des voyageurs qui se sont pris de sympathie pour Hortense, tel que Mélisende. La demoiselle n’a d’abord pas bien compris pourquoi, et puis elle a cessé de se poser trop de questions : elle est parvenue à son but, en quoi cela importe-t-il de savoir comment elle y est parvenu ? En ce qui concerne Rodrigue, en revanche, les questions fusent et demeurent en suspens. Il lui en veut, ça crève les yeux, mais il continue à la défendre coûte que coûte. Amitié ? Fraternité ? Stupidité ? Il a beau répéter qu’il ne comprend pas les choix de son amie, Hortense doit avouer qu’elle ne comprend pas non plus les siens.

Il a les yeux humides, le coeur battant d’avoir débité si vite son discours, il la prie de l’excuser. Hortense sait pourquoi : il n’a jamais été du genre à s’emporter. Le temps est venu de s’expliquer. « Il n’avait jamais été question de se poser dans la jungle. On voulait mettre la pression aux arcanistes pour pouvoir signer un accord avec la couronne démériane. L’accord signé, on rentrait au bercail. Tout le monde était sain et sauf, on obtenait une expédition. Point final, tout le monde avait ce qu’il voulait. » Hortense prend une profonde respiration, parce que ce qu’elle s’apprête à dire fait remonter de vieux souvenirs heureux et douloureux à la fois. Les nombreuses réunions avec les Violette. Leur ambition. Leur espoir. Leurs sourires. Ils étaient des parents, des frères, des soeurs, des amis. Ils avaient une vie. Ils sont devenus comme une seconde famille pour Hortense, ceux avec qui elle pouvait rêver à un avenir meilleur pour Déméria et pour elle-même. Et plus de la moitié d’entre eux ont péri dans cette jungle. « Regarde autour de toi Rodrigue. Tu en vois beaucoup des gens comme moi dans ce palais ? Eux non plus n’ont pas eu la vie sauve. La plupart de mes compagnons sont morts pour leurs revendications. Moi, j’ai eu de la chance, beaucoup de chance. Mes amis sont morts, ou sont activement recherchés par la couronne démériane. Quant à moi ça fait longtemps que je suis morte de l’intérieur. J’ai perdu mes frères, mes parents. Tout ce que j’ai fait ce n’est pas vivre, c’est survivre. Survivre pour pouvoir être là le jour où on obtiendra gain de cause, et ce jour est arrivé. Oui, ça en valait la peine Rodrigue. »

Elle se sent un peu fautive de l’attaquer alors que ce sont des choses qu’elle lui a volontairement cachées depuis des années. Hortense n’a jamais été très douée pour parler de ses sentiments. Seul Côme connaissait ses plans de vengeance, ses envies profondes d’aller plus loin pour montrer son désaccord avec la couronne. Jamais elle n’aurait pu en parler à Rodrigue, parce qu’elle savait qu’il l’aurait dissuadée d’aller jusque là. Alors elle ne disait rien de sa douleur, de son envie de retrouver ses parents, de sa colère contre un pouvoir qui n’a pas su mener sa mission à bien. « Ce n’était pas notre rôle de les protéger. C’était et ce sera toujours le rôle de la couronne. Ils ont échoué à bord de l’Astrolabe comme ils ont échoué à protéger mes parents, et tous ceux qui se sont aventurés dans la jungle depuis des années. Et c’est contre ça que nous nous sommes battus. Contre l’injustice. Contre la vulnérabilité qui frappe sans cesse les classes inférieures, les plus faibles, les plus démunis. » Et au fond, elle est révoltée Hortense. Révoltée de voir qu’on s’indigne et qu’on s’insurge pour la mort de ces gosses, mais que personne n’a levé le petit doigt pour ses parents. Une question d’âge, certes, mais n’y avait-il pas aussi une question de condition derrière ? Parce que ces enfants étaient de futurs mages tandis que ses parents n’avaient rien de particulier ? Y a-t-il véritablement des vies qui comptent plus que d’autres ? « Je n’ai pas eu le temps de te le dire, mais j’ai appris que mes parents étaient morts pendant tout ce chaos. Ils sont morts dans l’exercice de leurs fonctions. Ils sont morts pour la vérité, pour l’histoire, pour la recherche. Ils sont morts dans l’oubli et dans l’indifférence de tous. Y compris la tienne. » Nulle accusation, simple déception. Eustache et Violette avaient été comme des parents pour Rodrigue. Elle n’attendait pas de lui qu’il se batte bête et ongle pour leur mémoire, comme Hortense l’avait fait durant toutes ces années, mais elle s’attendait au moins à un peu de compassion. A ce qu’il soit aussi peiné et aussi fou de rage de leur mort que de celle de ses élèves.
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyJeu 16 Juil 2020 - 20:18

Elle ne comprends pas. Elle ne peux pas comprendre à quel point la vie est maintenant difficile pour moi depuis mon retour. Non. Il n'y a qu'elle, ou plutôt eux, ces maudits pirates de l'air et leur fichu projet ! Ils ont tués des gens, des enfants, et ils s'en foutent ! Je devrais les venger, là maintenant, l'envoyer rejoindre ses "amis" puisqu'il n'y a plus que ça qui compte à ses yeux. Ou alors, je la laisse juste ici, et je l'efface de ma vie, je l'oublie, tout simplement. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Pas de violence, mais un départ digne et définitif. La colère me rends quasiment sourd à ses explications. Ce n'est que quand Fengo me marcha pratiquement sur le pied que je repris mes esprits. Je jette un regard noir vers le cerf qui m'ordonne d'écouter. Fengo est ma raison, mon âme, je ne peux l'ignorer. Je me décide alors à écouter Hortense. Après tout, je lui avais demandé des explications, alors à quoi cela servirait de l'avoir fait si je ne les écoute pas. Elle m'avoue qu'ils n'avaient pas pour objectif de nous faire écraser, ni même poser dans la jungle. Tout ce qu'ils voulaient, c'était faire pression sur la couronne démériane, et on serait rentrés, sains et saufs. Mais tout ne s'est pas déroulés selon leurs plans, Azalée et Clarence peuvent le confirmer... Ou plutôt, ils ne le peuvent plus. Elle me dit qu'elle avait perdu ses frères, ses parents et qu'elle n'avait fait que survivre jusqu'à pouvoir obtenir gain de cause. Et ce jour était finalement arrivés, donc oui, elle estime que tout cela en valait la peine. Je lâche un rire jaune, essuie mes yeux et la regarde avec un sourire qui était tout sauf joyeux, j'écarte les bras et lui dit :

"- Tu as perdu ta famille, tes amis, et d'autres aujourd'hui connaissent le même sort. Toi et tes "amis" avez arrachés ces enfants, ces hommes, ces femmes à leurs familles, même si vous ne le vouliez pas à l'origine. Et tu me dis que ça en valait la peine ? Ils m'ont crachés leur désespoir à la figure, je ne sais pas si cela va leur suffire. "

Je me calme quand Fengo me pousse doucement du museau. Il est resté calme depuis le début, voyant bien que je n'étais pas dans mon état normal depuis mon retour de la jungle. Le regard baissé, je l'écoute me dire que tout cela était la faute de la couronne démériane. Elle n'avait pas su protéger les voyageurs, comme elle n'avait pas pu protéger ses parents. Je serre les poings, me sentant étrangement visé par cette attaque. Quand je servais dans la police, c'était la couronne que je servais également, je lui ai juré fidélité et aujourd'hui encore, si elle m'appelle, je viendrais sans hésiter. J'ai été, en partie, le bras qui servait à protéger les sujets de la couronne, à défaut de le faire pour la couronne elle même. J'aurais demandé à rejoindre les arcanistes, si mes blessures ne m'en avaient pas empêchés. Je jette un regard noir à Hortense. Elle me le renvoie, déterminée, révoltée qu'on ignore les gens de sa classe. Elle ne supporte pas qu'on a ignoré la disparition de ses parents pendant tant d'années, alors que celle d'enfants est montrée du doigt. Je lâche un soupir et lui réponds :

"- Tu t'insurge contre les classes supérieures car ils vous ont ignorés ? Hortense, j'ai servi dans la police pendant bon nombres d'années. J'ai combattu et saigné pour la couronne. J'ai emmené aux cachots des gens qui tenaient à peu prêt le même discours que toi.  Je voyais ces injustices, et j'ai sans doute contribué à les dissimuler. Mais tu dois comprendre qu'il y a des choses contre lesquelles on ne peux rien faire. C'est comme ça. "

Elle m'avoua maintenant le décès de ses parents, qu'elle avait appris pendant notre "aventure". Je lève le regard vers elle, mais je ne suis pas surpris. Après tant d'années, il était peu probable qu'ils soient encore en vie, surtout après une escapade dans la jungle. Ils étaient morts dans l'exercice de leurs fonctions, pour la vérité et dans l'indifférence de tous. Quand elle m'attaqua sur le fait que, moi aussi, j'avais ignoré tout cela je me contente de froncer les sourcils. Que dire, d'abord ? Que faire ? Elle venait de perdre ses parents ! Qu'aurait fait un ami digne de ce nom ? Qu'aurait fait un frère ? Je finis par m'avancer et par l'enlacer doucement. Sentir sa chaleur contre moi me fait prendre conscience de ma bêtise. Ce n'est sans doute pas de cela dont elle a besoin, idiot fini ! Je recule et lui murmure :

"- Je suis désolé pour tes parents, Hortense. Je les respectais beaucoup, et je suis sincère... " Je prends une inspiration et reprends : "- Ce que je vais te dire ne va pas te plaire, mais ma famille et moi pensions souvent à eux. Nous n'avons pas ignorés leur disparition, mais nous n'avons rien fait. Pourquoi ? Car nous étions résignés. Même pour rechercher la vérité, c'est de la folie de s'aventurer dans la jungle, encore plus en y allant seuls. " Je déboutonne le haut de ma chemise, et desserre ma lavallière pour lui montrer mon épaule et ma gorge, maintenant marqués par les crocs et les griffes du fauve : "-  Personne ne sait à quoi s'attendre en y allant. Quand nous avons appris ce qu'il s'était passé, nous savions, au fond de nous, qu'ils ne reviendront jamais. Nous prions souvent pour eux, crois moi... Mais nous n'avons rien fait de plus, car nous savions que c'était inutile. Nous avons accepté cette vérité, et nous nous en contentions."

Tout en me rhabillant, je croise son regard et me sens affreusement mal. Oui c'est vrai, nous n'avons rien fait pour ses parents, à part penser et prier pour eux. Mais quoi faire d'autre ? Nous révolter contre la couronne ? Et puis quoi encore ? Mais peut être que, si nous avions un peu plus soutenu Hortense, nous n'en serions pas là. Mais jusqu'à aujourd'hui, j'ignorais tout de ses intentions. Hortense était une amie que j'ai toujours connue insouciante, souriante, qui travaillait à la ferme avec sa tante. Je me décide alors à lui poser cette question :

"- Hortense... Pourquoi ne m'as tu jamais parlé de tes projets ? Pourquoi m'as tu caché tout cela ? Nous ne sommes que des amis d'enfance, certes, mais je te considère comme bien plus que cela. Je t'aurais soutenu, Hortense, sincèrement, et je t'aurais aidé. Il y avait forcément un autre moyen que de commettre cette folie ! "
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptySam 19 Sep 2020 - 23:35

Hortense s’était toujours sentie proche de Rodrigue. L’avait toujours considéré comme un frère. Mais après toutes ces années, en se tenant là, aujourd’hui, devant lui, en entendant ses arguments et sa pensée face à toute cette histoire, elle ne s’était jamais sentie aussi loin de lui. Aussi déconnectée. Ils avaient toujours eu leurs différences, certes. Elle, l’intripide. Lui, le réfléchi. Elle, l’aventureuse. Lui, le pragmatique. Mais Hortense n’avait qu’une seule envie, là, tout de suite : le secouer et le réveiller. Le faire changer d’avis. Lui faire comprendre. Faire en sorte qu’ils soient un peu moins différents. C’était peine perdue.

« Donc si le monde sombre, tu resteras les bras croisés, sans essayer de changer les choses. Bon à savoir. »

Elle tentait du mieux qu’elle pouvait de garder son calme. Elle n’avait nulle envie de crier sa haine sur celui qu’elle avait toujours considéré comme un ami, tout en sachant que si n’importe quelle autre personne lui avait tenu ce genre de discours, elle n’aurait pu se contenir. Elle comprend ses peurs, elle comprend sa douleur, en revanche elle ne comprend pas qu’il n’ait pas cette chaleur brûlante lui dictant d’agir. Celle qu’Hortense avait toujours eu au coin du coeur. Celle qui avait guidé chacun de ses pas depuis treize ans.

« J’avais déjà tout tenté avant d’en arriver là. J’ai d’abord préféré la méthode douce : des pétitions, des protestations pacifiques. Rien n’a changé. Et contrairement à toi, je ne pouvais plus renoncer. Une fois le combat lancé, on ne fait pas machine arrière. Et toi, le combat, tu ne m’aurais pas laissé le mener. »

Il ne l’aurait pas soutenue, il l’aurait dissuadée. Il l’aurait empêchée. Et il aurait même été prêt à employer les grands moyens si elle n’avait pas voulu mettre un terme à ses inepties. Intérieurement, Hortense avait l’impression d’avoir toujours su qu’il fallait qu’elle garde ses projets pour elle. N’en parler à personne : ni à sa tante, ni à son oncle, ni à Rodrigue, ni à ses cousines. Personne. Personne hormis Côme qui partageait cette fougue, et l’aurait suivie si elle l’avait laissé faire.

« Ne fais pas semblant. Tu sais pourquoi je ne t’ai rien dit, Rodrigue. Parce que tu m’aurais mis des bâtons dans les roues, dès le départ. Mais puisque tu tiens à tout savoir, désormais, mon projet ne s’arrête pas là. J’ai été désignée par Gaïane de Demeria pour représenter la nation lors d’une expédition dans la jungle. Mon départ est imminent. J’y vais pour comprendre, apprendre, et participer à cette aventure que j’ai moi-même demandée depuis tant d’années. Et je ne te demande pas d’approuver. »

Parce qu’après lui avoir montré sa blessure, parce qu’après tout ce qu’ils avaient enduré dans cette jungle, elle pouvait difficilement imaginer Rodrigue la laisser partir là-bas sans au moins essayer de l’en dissuader. Mais elle n’était pas prête à avoir cette conversation. Ni maintenant, ni jamais.

« Tu ne vois pas, Rodrigue, que tu es désormais de leur côté ? Que tu continueras à les défendre coûte que coûte ? Tu fais partie, en quelque sorte, de ceux contre qui je m’insurge. Tu fais partie d’une vie qui fut la mienne, mais que j’ai quitté il y a bien longtemps. Une vie calme. Une vie de paix. Je ne peux plus revenir à ces moments là. Et je peux encore moins te laisser me ramener à cette vie. »

D’ailleurs, tout autour d’eux lui rappelle cette vie là. Courte accalmie : la tiédeur d’un après-midi de début d’été ; un courant d’air balayant les cheveux lâchés d’Hortense ; les bruits ambiants du calme. Avant la tempête. Hortense ne serait jamais résignée. Hortense ne serait jamais défaitiste. Ni fataliste. Ni pessimiste. Alors, au fond, qu’est-ce qui la rattachait encore à cet homme, si ce n’est le passé ?
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Rodrigue Belorme
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Message(#) Sujet: Re: Le temps du pardon Le temps du pardon EmptyVen 25 Sep 2020 - 20:37

Décidément, tout me pousse à la dépression. Cette aventure dans la jungle, la mort de mes élèves, les reproches de leurs parents et maintenant, Hortense. Je ne la reconnais plus. Où est la petite fille que j'ai vu naitre et grandir ? En vérité... Peut être que je ne la connais pas vraiment. Je ne connais d'elle que ce qu'elle a bien voulu  me raconter. Elle m'a caché tant de choses... Et jamais je n'ai cherché à me renseigner un peu plus sur sa vie. Elle connait tout de moi, je ne connais rien d'elle. Je serre les poings, mal à l'aise. Est ce la que l'on ressent lorsqu'on se rends compte que, depuis le début, tout n'est qu'illusion ? Dans quel monde vivons nous ? Un monde où rien n'est vrai ? Où la vérité se cache habilement derrière le mensonge ? Arrête Rodrigue, ne prends pas le cas d'Hortense pour une généralité. Cette fille est perturbée, traumatisée par la perte de ses parents et par l'indifférence générale. Aurais-je réagi de la même manière si j'avais été à sa place... Non, sans doute pas. Hortense, le regard décidé, me demanda si je devais rester les bras croisés le jour où le monde sombrera. Malgré moi, je lui renvoie un regard noir et lui réponds sèchement :

"- Je fais peut être partie de cette catégorie de gens que tu détestes, Hortense, mais ne me prends pas pour un lâche ! J'ai toujours agi pour le bien du plus grand nombre ! C'est pour cela que je suis devenu policier, pour protéger la population, j'ai versé mon sang pour le peuple démérian ! Si le monde venait à sombrer comme tu le dis, je ferais tout pour le sauver. Mais, et excuse moi si ces mots te font mal, j'estime que quelques personnes allant s'aventurer dans la jungle ne font pas partie "du plus grand nombre". "

Elle a réussi à allumer la flamme, et même Fengo commence à la ressentir. Cette colère que nous partageons maintenant tous les deux. Le cerf racle le sol de son sabot. Il se calma lorsque ma main caressa lentement son encolure. Non mon frère, Hortense ne me menace pas. Je me suis senti offensé, alors que je n'avais sans doute aucune raison de l'être. Hortense était lancée, et il n'y avait aucun moyen de l'arrêter, elle me dit qu'elle avait essayé la méthode douce, mais que rien n'avait changé, et que "contrairement à moi" elle ne pouvait plus renoncer. Je fronce une nouvelle fois les sourcils. J'aime de moins en moins le ton qu'elle prends pour s'adresser à moi. Je comprends qu'elle soit en colère, mais j'espère qu'elle va se calmer... Ou je risque de ne plus répondre de rien. Je ne serais pas violent, pas envers ma presque sœur, mais je peux être très con quand j'en veux à quelqu'un. Quand elle affirma que je ne l'aurais pas laissé mener le combat, je répondis :

"- Bien entendu ! Tu crois que je t'aurais laissé te mettre ainsi en danger Hortense ? Crois-tu que je t'aurais laissé être impliquée dans cette tragédie ? Ne m'en veux pas parce que je ne t'ai pas soutenue dans cette voie là. J'ai promis à tes frères de veiller sur toi, mais pas de t'aider à mener des enfants à leur mort !

- Doucement mon frère, ce n'est pas de sa faute si ces petits ne sont plus de ce monde.

- Rectification, ce n'est pas de sa "seule" faute. Elle a participé à tout ceci."

C'est au tour de Fengo de tenter de me calmer. Il frotte son museau contre ma joue dans un geste purement affectif. Je ne peux l'ignorer et souffle bruyamment pour expulser ma rage. Cela reste vain, mais je me calme suffisamment pour reprendre mes esprits. Je lui demande alors de m'expliquer pourquoi elle ne m'a rien dit, et elle me répondit que c'était justement car je l'en aurais empêché. Elle ajouta ensuite qu'elle avait finalement pu obtenir une expédition dans la jungle, son départ est imminent et elle ajouta qu'elle ne me demandait pas d'approuver. A cela je soupire bruyamment. Il a fallu que des enfants meurent pour que les choses changent. C'est injuste, beaucoup trop injuste. J'ai plaidé en la faveur d'Hortense pour qu'elle échappe à une punition sévère, mais elle a même été récompensé pour tout ce qu'elle a fait. Je ne comprends plus rien. Que vais-je dire aux parents de mes élèves ? "Figurez vous que la survivante des pirates qui ont causé la mort de vos enfants a obtenu gain de cause, c'est une bonne nouvelle non ?" Ils vont avoir la même réaction que celle que j'ai en ce moment : le dépit, l'incompréhension, puis la colère.

Devant mon silence, Hortense continue sa tirade. Elle me dit finalement que je suis de "leur côté", que je fais partie de ceux contre qui elle s'insurge. Que je fais partie pour elle de son passé, un passé où la paix régnait, où la vie était calme, et qu'elle ne pouvait plus revenir à ces moments là, et qu'elle ne me laisserait pas la ramener à cette vie. Tels sont ces mots. Des mots synonymes pour moi de rupture, de trahison. Hortense devient à mes yeux un cas à part, un être qui lutte contre notre mode de vie, contre notre manière de fonctionner. Un être qui peut menacer nos existences. Elle est seule, j'ai envie de dire tant mieux. Mais si d'autres se joignaient à elle, et s'ils se décidaient à venir tout bouleverser, que vais-je faire ? Je suis un homme qui ne s'attache pas tant que cela au passé mais je ne suis pas de ceux qui viendraient faire une révolution. Je tiens à mon existence telle qu'elle est, et j'ai accepté notre système hiérarchique. Tout est normal, limpide, logique. Une harde a toujours son cerf dominant. S'ils venaient nous menacer, je viendrais défendre la harde aux côtés du dominant, rien de plus. Je serre les poings. Les mots d'Hortense résonnent comme une condamnation, et je m'apprête à en exécuter la sentence.

"- Tu as obtenu ce que tu voulais. Grand bien te fasse. Je ne comprends pas la décision de la Matriarche, mais je l'accepte car, comme tu le dis, "je suis de leur côté et je les défends". Tu veux m'écarter de ta vie, cela ne sera pas simple. Comme je te l'ai dit, j'ai promis à tes frères de veiller sur toi, et je ne reviens jamais sur une promesse. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance, et que tu trouveras toutes les réponses à tes questions. Et j'espère que tes envies de révolution s'arrêteront à la frontière de la jungle, quand tu reviendras. Car sinon tu me trouveras sur ton chemin. "

J'ai dis cela avec un sourire sans joie. Cela peut être pris avec de l'humour, du genre "j'espère que tu ne feras plus de bêtises ou je vais te gronder vilaine fille", mais également comme une menace. On ne provoque pas Déméria, et encore moins ceux qui ont juré de la protéger. J'ai beau ne plus faire partie de la police, je reste fidèle à la matriarche. Si elle venait à menacer notre équilibre, même si je tiens à elle, je ferais tout pour l'en empêcher.
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