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 En tout bien, tout honneur [Chasteté]

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Gauthier Coeurbois
Gauthier Coeurbois

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Message(#) Sujet: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptySam 25 Avr 2020 - 19:56


Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

En tout bien, tout honneur

Chasteté la Veilleuse & Gauthier Coeurbois


25 avril 1000


Statut du RP : Privé
Résumé : Rencontrée suite à un assassinat effectué par lui-même, Gauthier cherche à revoir la dame de l'Ancrage. En tout bien tout honneur, évidemment. Après tout, il s'agit uniquement de s'assurer que la cliente a été satisfaite de sa prestation - et non de revoir une dame qui l'intrigue grandement.

Recensement :

Code:
• [b]25 avril 1000:[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t227-en-tout-bien-tout-honneur-chastete]En tout bien, tout honneur[/url] - [i]Chasteté la Veilleuse & Gauthier Coeurbois[/i]
Rencontrée suite à un assassinat effectué par lui-même, Gauthier cherche à revoir la dame de l'Ancrage. En tout bien tout honneur, évidemment. Après tout, il s'agit uniquement de s'assurer que la cliente a été satisfaite de sa prestation - et non de revoir une dame qui l'intrigue grandement.  


Dernière édition par Gauthier Coeurbois le Sam 25 Avr 2020 - 20:02, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptySam 25 Avr 2020 - 20:02

Il a encore les mains tâchées de son sang.
Lorsqu’il replie les doigts, lorsqu’il baisse le regard sur ses phalanges nues, burinées par des années à manipuler avec une certaine précaution fioles et autres contenants, il peut voir les gouttes sombres séchées qui se sont incrustées là. Tâches de rousseur indélébiles, souvenirs d’un assaut si violent qu’il laisse sa trace sur le corps de l’agresseur.
A ce compte-là, tout son corps est constellé de ces tâches : certaines sont d’un brun si sombre qu’il en est noir, sang croûté, sang vicié de bien vingt ans. Là, son visage est baigné de carmin vif comme s’il avait plongé le visage dans une bassine remplie. Son dos, ses poignets, ses chevilles, ses cheveux : ce ne sont pas ses mains seules qui sont ornées de gouttelettes, c’est tout son être qui à chaque respiration exhibe fièrement les marques de la vie de ses victimes.
L’impression passera. Il lui faudra quelques temps, mais elle passera.

Il n’y a rien sur les mains de Gauthier Coeurbois alors qu’il pose le pied dans la ville aux mille tours au crépuscule, sortant avec agilité d’un portail payé bien trop chèrement pour ce que c’est. N’allez pas lui dire que les mages sont rares en Déméria, il pourrait vous en foutre une. Son pas est léger et quasiment joyeux. Il n’y a rien mais il le sent, il s’en souvient. La chose dans son esprit n’a pas quinze jours. Les souvenirs sont réveillés par la nuit avançant autant que par l’endroit, peut-être encore plus par la raison de sa présence : le Démérian est ici pour revoir la commanditaire d’une mission effectuée il y a de cela quelques semaines.
Et il ne compte pas, exactement, la revoir pour affaires.

C’est le meurtre à l’origine de leur rencontre qui résonne sur son corps, tandis que ses pas le guident vers la porte de la guilde des compagnes. L’assassinat, un de plus à la longue liste de ses actes de foi, lui a permis de rentrer en relation avec une sommité du monde actuel – de ce monde un peu trop aveugle pour qui a vu la véritable lumière divine. Il a oeuvré pour la dame de l’Ancrage, sur les terres des fleurs.
C’est pour elle et pour ses filles que le sang a coulé au début d’avril. Les résultats lui ont été présentés peu après par l’Ecoutant lui-même à visage découvert : comment pourrait-elle le reconnaître, de toute manière ? Lui qui n’est rien qu’un visage parmi tant d’autres, au coeur de la masse démériane. Il a bien souvent oeuvré sans se masquer. Il est insignifiant, il n’est personne. Il le sait. On l’oublie, dès que l’on passe en sens inverse la porte du commerce où il a ses habitudes ou qu’on ne s’intéresse pas à lui… Il n’est qu’un homme parmi tant d’autres. Un pégus vieillissant auquel personne ne prête plus attention depuis le temps.

La nuit tombe doucement entre les tours, embrasse d’obscurité ses pas alors qu’il se dirige sans problème vers la guilde des compagnes. Il a averti de sa venue la concernée en prétextant vouloir s’enquérir de son avis sur sa prestation. (La chose, accompagnée d’un magnifique bouquet de fleurs pour la « remercier ». )
Elle a quelque chose, dans son caractère, qu’il a senti percer lors de leurs rencontres et qui l’a intrigué, beaucoup trop. C’est une curiosité humaine, un besoin de rencontre tout à fait sain – son coeur qui se remet doucement ne voit ici encore rien de plus qu’un intérêt qui ne le fera pas souffrir. Il est joueur, galant avec celles qui ainsi l’intriguent, respectueux toujours.

C’est d’un nom d’emprunt qu’il demande à la voir, une fois arrivé à l’entrée de la guilde. « Je suis le père de Sylvain Folherb. » ajoute-t-il simplement à son identité factice. Se faire passer pour le père de sa victime. Il n’est plus à ça près.
Tu as le sang de ton fils sur les mains. Il en serait fou si c’était vraiment le sien. « Je viens plaider en sa faveur auprès de sa Grâce dame de l’Ancrage. Celle-ci a du être avertie de ma venue. » Son calme tranquille n’est pas feint : au pire, si on lui refuse l’entrée, il lui suffira de passer par une fenêtre.
Ne sois pas stupide, Gauthier. Tu n’es pas assez souple.
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptySam 2 Mai 2020 - 17:46

C’est une journée comme les autres, à l’Ancrage. Chacun mène sa petite vie paisiblement dans la Ville Haute, et par les grandes baies vitrées de son bureau, la dame de l’Ancrage suit pensivement du regard le ballet des caravelles qui vont de terrasse en terrasse. Il est tard, le soleil commence sa longue descente sur l’horizon, et les couleurs flamboyantes du crépuscule allument des reflets chatoyants lorsque les rayons de l’astre couchant s’en viennent caresser le haut des tours. La journée a été longue. Rien d’extraordinaire, juste le quotidien ; et après quelques mois à son poste, Chasteté a pleinement pris conscience que le prestige vient avec moult responsabilités, et qu’elle ne peut s’en sentir honorée que si elle parvient à toutes les honorer.

Pour le moment, c’est le cas.
Difficilement, mais elle tient bon.

La précédente dame l’avait prévenue, certes ; et avoir une dauphine à ses côtés les trois dernières avait notablement allégé la charge de travail de ce poste. Peut-être est-il temps de modifier l’organigramme de la guilde ? Une assistante permanente à ses côtés ne serait pas superflue. Il y a bien une gouvernante pour la maison des compagnes de l’Ancrage, mais elle a ses propres tâches à accomplir et trop peu de temps déjà. Pourquoi pas ? Distraitement, elle jette quelques mots sur le papier, établissant une liste de pour et de contre. Il est malaisé de confier une partie des missions cruciales à une tierce personne quand il s’agit de l’espionnage, mais peut-être peut-elle se délester d’une partie de la charge administrative des compagnes… ? Mais c’est ce qu’elle préfère. Se tenir au courant des nouveautés, rencontrer les jeunes apprenties de chaque nation au fil de ses déplacements, s’assurer que tout fonctionne harmonieusement. Pourrir un peu la vie à ses ex-camarades de Hacheclair. Indécise, Chasteté remet la décision à plus tard, et quitte son bureau. Descendant quelques étages, elle traverse le réfectoire, salue les compagnes et les apprenties qui y prennent leur dîner, et poursuit son chemin jusqu’à la conciergerie. Au coucher du soleil, a dit la missive reçue la veille. Une enquête de satisfaction. Et un bouquet de fleurs en remerciement. Sérieusement, qui aurait pu penser que les assassins offraient des fleurs à leurs clients ? La surprise était considérable, mais en lisant la carte accompagnant le bouquet, la compagne a trouvé ça charmant. Les assassins semblent réellement très dévoués à leur cause, s’ils poussent le souci de qualité jusqu’à recueillir l’avis de leurs clients… « J’attends un visiteur, Fernand. » explique-t-elle au majordome. « Un monsieur Folherb. Vous le ferez monter dans mon petit salon et viendrez me prévenir de son arrivée. Je serai dans mon bureau. » Le pontifiant domestique acquiesce, et Chasteté remonte vers son bureau après un détour stratégique par les cuisines pour y chiper un morceau de fromage en attendant son propre dîner.

Dans son antre personnelle, la légère brise du soir a laissé entrer les odeurs du crépuscule, et la pénombre a envahi la pièce. Chasteté allume les chandeliers – des bruits de pas dans le salon mitoyen laissent à penser que Fernand est venu personnellement s’assurer que la pièce était prête à recevoir la dame de l’Ancrage et son visiteur. Le cliquetis des chandeliers qu’il allume, quelques tapotements indiquant que les coussins seront tout à fait convenablement douillets, les rideaux qui glissent sur leur tringle pour tenir la noirceur de la nuit à l’écart… Elle entend même un marmonnement de satisfaction, avant que son pas ne s’éloigne dans le couloir en direction de l’escalier. Elle voudrait lire, passer quelques minutes entre les pages d’un ouvrage familier, mais la pensée de cette visite tourne dans sa tête, résonnant sans fin de mille échos songeurs. Ce n’est pas l’idée de recevoir un assassin, qui la préoccupe – non, c’est le souvenir des faits qui ont mené à ce contrat.

Une apprentie. Cet idiot s’en est pris à une apprentie – pensait-il donc que son statut de client régulier le dispensait de suivre les règles de la guilde ? Et elle s’en veut, Chasteté, qu’un tel drame ait pu arriver ! Depuis, les mesures de sécurité de la maison des compagnes ont été renforcées, et des guerriers veillent maintenant à la sécurité, mais le mal est fait. Un crétin lubrique a pensé que ses fleurons lui donnaient le droit de s’en prendre à des enfants. Et qu’en a dit la justice corrompue de l’Ancrage ? Qu’il était innocent. Mais comment le croire ? Alors qu’il a bel et bien passé deux heures avec la compagne qu’il avait payée, et que c’est en partant qu’il s’est sciemment rendu à l’étage des apprenties, se glissant dans la chambre de sa malheureuse victime ? Et elle s’est défendue, Judith, pourtant : des coudes, des genoux et des ongles, elle a lutté pour se dégager – mais la menace d’une lame l’a obligée au silence, et c’est le lendemain matin seulement qu’elle a été retrouvée, recroquevillée dans l’angle du mur, tremblant de tous ses membres, le sang sur ses cuisses ne laissant aucune place au doute. Il a fallu dix jours pour qu’elle puisse désigner son agresseur… et la justice n’a rien fait. Relaxé faute de preuves.

Judith s’est pendue.
Au lendemain du verdict, ses consœurs apprenties l’ont trouvée, déjà froide. La haine qui s’est brusquement enflammée dans les veines de Chasteté n’a trouvé aucun exutoire. La couronne de fleurs envoyée avec une carte de condoléances, de la main même de l’infâme, avec une hypocrisie suintante de jubilation, a été la goutte d’eau de trop. Un contrat a été demandé par la dame de l’Ancrage elle-même, pour l’exécution d’un abominable Démérian, coupable de viol et responsable du suicide d’une femme si jeune qu’elle en était encore presque une enfant. L’assassin venu quelques jours plus tard négocier les termes du contrat a été tout à fait d’accord avec la vision des choses qu’en avait la rouquine ; et l’accord a été conclu.

Elle a hâte de connaître les détails. Elle a besoin de savoir – pour faire son deuil, pour retrouver confiance en elle. Pour que plus jamais quoi que ce soit de similaire n’arrive aux jeunes filles sous sa responsabilité. Cela ne devrait plus tarder – on toque à la porte menant au petit salon, et la voix compassée de Fernand résonne, annonçant son visiteur. « Merci, Fernand. Faites-nous porter des rafraîchissements. » Lissant les plis de sa robe des deux mains, s’assurant d’un dernier coup d’œil dans le miroir fixé au mur qu’elle est présentable, Chasteté replace une mèche de ses cheveux et passe dans la pièce adjacente, laissant Philémon poursuivre sa sieste sur le coussin de son fauteuil dans le bureau. « Bonsoir, messire. », salue-t-elle le visiteur d’un sourire. « Soyez le bienvenu à la maison des compagnes. Une… nouvelle fois ? », ajoute-t-elle, interrogatrice. S’agit-il du même homme ? Elle n’en est pas sûre – il portait un masque, lors de la négociation du contrat.
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyMer 13 Mai 2020 - 19:38

Les regards qu’on lui jette sont au mieux apitoyés, au pire plein d’une haine que Gauthier comprend et ne peut que partager. Ils sont peu les clients dont le nom résonne pour de telles affaires ! Ca ne l’étonne qu’à moitié que beaucoup imaginent, sans doute, le père à l’image du fils. Il faut dire que l’allure du Démérian – même s’il a soigneusement dompté la crinière qui lui sert de chevelure ordinairement lâche et entièrement hors de contrôle – peut amener à de nombreuses réflexions. Il y a quelque chose dans la posture de l’assassin, quelque chose de mortel et d’inquiétant que même vingt ans de camouflage ne savent effacer. Il sait mentir, il sait jouer, mais il ne sait pas effacer entièrement cette aura quelque peu inquiétante qui l’entoure. Il peut en devenir proprement terrifiant, lorsqu’il y met de la bonne volonté. Certains disent que cette impression vient de son regard perçant, glacé, qui vous sonde et en met plus d’un mal à l’aise.

(Ou peut-être que ça vient seulement de cette foutue coiffure, ou de sa lourde barbe qu’il n’a pas jugé utile de raser cet hiver. Peut-être est-ce un tout. )

Droit et détendu, il affronte les regards des femmes et des hommes qui passent tandis qu’il attend qu’on veuille bien le conduire à la dame de l’Ancrage. Même le long des couloirs de la maison de la guilde – décorés avec un goût qui ne saurait que ravir l’oeil d’un Démérian, quoi que ce Démérian-ci soit bien peu esthète il faut l’avouer – il a l’impression d’encore sentir les regards brûlants sur lui. Tous dirigés vers sa fausse identité, vers cet alias qu’il a forgé en quelques secondes et n’a même pas travaillé. Ils sont loin ses cours, loin ces visages qu’il a usurpé au cours des années lorsqu’il le fallait.

Enfin on l’introduit et derrière le Coeurbois, la porte se referme quasiment immédiatement. Il se tourne à peine pour remercier celui qui l’a escorté que déjà l’homme s’est évanoui derrière le battant, ses pas silencieux l’emportant pour répondre à la requête de sa supérieure. Supérieure que l’assassin ne tarde pas à voir arriver. Il n’est pas aussi important qu’elle. Aux yeux du monde, il n’est personne. Avec une grâce toute relative il s’incline quelque peu.
« Votre Grâce. C’est un honneur que de vous rencontrer. »

Un sourire vient ourler les lèvres de Gauthier alors qu’il affronte le regard de la dame de l’Ancrage durant un long instant. « De vous rencontrer face à face, tout du moins. L’on converse bien mieux à visage découvert. » Face à masque a été leur dernière rencontre, si tant est qu’une telle expression ait du sens. « Je tenais à vous tenir informée en personne de la tournure qu’ont pris les derniers évènements…  » Un style un peu détourné, un peu trop ampoulé par rapport aux mots qu’il emploie d’ordinaire : il a une fausse et bien légère couverture à maintenir.

A peine ébranlé par la porte qui s’ouvre pour laisser entrer l’homme qui l’a accompagné jusque ici, Gauthier enchaîne. Il n’a pas spécialement l’habitude de mener une conversation – d’autant plus face à une femme de pouvoir, combinaison qui dans l’esprit démérian lui impose indirectement de la laisser mener. Il ne s’est jamais considéré sur un pied d’égalité – mais il préfère prendre les devants. C’est avec un air sombre, quoi que serein d’une certaine manière (il a le deuil tranquille car la mort ne l’effraie plus), qu’il enchaîne.
« Je suis ici pour vous entretenir de… De ce que Sylvain a fait. » Pour vous raconter, les mains ensanglantées, qu’il n’est déjà plus de ce monde et que justice a été faite. « Et une conversation est bien mieux menée en personne, pour ce genre de choses.  »
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyMar 16 Juin 2020 - 0:29

Ce visiteur ne semble pas très coutumier des cours policées, mais nul ne pourrait nier la tranquille dignité qui suinte de chacun de ses mouvements tandis qu’il s’incline devant Chasteté, et la dame de l’Ancrage ne peut s’empêcher d’être quelque peu impressionnée devant sa contenance. Beaucoup seraient obséquieux de s’entretenir avec une des femmes les plus puissantes du continent ; d’autres se montreraient dédaigneux envers la petite vertu de celle qui a vendu son corps aux désirs des hommes pour s’élever dans le monde. Lui ? Il est poli. Respectueux de son poste – il lui donne du Votre Grâce, il s’incline. Et l’instinct de la rouquine lui souffle que l’honneur qu’il mentionne n’est pas qu’une jolie figure de style, mais un fait réellement ressenti. Il y a de la sincérité, dans cet homme venu à elle sous un faux nom, et l’espionne en elle ne peut retenir sa curiosité alors que le Destin la confronte à une telle contradiction.

Chasteté est une femme puissante, au statut reconnu de tous – encore plus dans l’ombre, quand il est question des petits murmures de la nuit. L’homme qui soutient son regard avec une fermeté paisible l’est tout autant qu’elle – elle perçoit un caractère serein mais forgé d’acier, une prestance discrète qui s’efforce de se contenir pour préserver le déguisement dont il s’est revêtu comme d’une armure. Il prétend être le père du criminel, devant tous et notamment les œillades curieuses de Fernand venu servir à boire et qui s’attarde, avec une indiscrétion qui fait hausser le sourcil à la compagne. Le domestique finit par se retirer devant les lèvres pincées de la maîtresse de la guilde, et elle attend en silence encore un instant, le temps d’écouter décroître le bruit de ses pas dans le couloir attenant.

« Je vous remercie d’avoir pris la peine de parcourir tout ce chemin pour venir m’entretenir en personne des… circonstances… qui entourent les actes de ce misérable, messire. » répond-elle enfin, inclinant gracieusement la tête en signe de gratitude. Elle est sincère : elle ne s’attendait pas à ce que les sombres exécutants d’Arven se déplacent en personne pour rendre compte des actions qu’ils mènent dans l’accomplissement de leurs contrats ! Mais le sérieux de la Cour des Miracles n’est plus à prouver, et Chasteté ne peut que se féliciter d’avoir affaire à des professionnels. « Je dois bien vous avouer qu’il me peine d’évoquer les menées criminelles de cet homme, perpétrées sous ce toit même. Je frémis à la simple idée qu’il puisse à nouveau commettre ce geste scandaleux en d’autres lieux, savez-vous… ? » Elle sait bien qu’il ne le pourra jamais, étant vraisemblablement très convenablement décédé à l’heure actuelle – elle en veut simplement la confirmation. Pour porter le deuil de Judith comme il se doit ; pour donner aux proches de la malheureuse disparue un semblant de réconfort, si tant est que cela puisse réellement les consoler. Après tout, cela ne ramènera pas la pauvre victime à la vie qu’elle s’est elle-même ôtée…
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyVen 26 Juin 2020 - 21:17

« Ce misérable reste ma responsabilité, votre grâce. » S’amuse un père d’un ton faussement navré, protecteur. On y croirait, ou peu s’en faut ! Il joue à merveille le rôle du paternel protecteur… Ce qui n’est guère surprenant, lorsque l’on connaît la floppée de gamins qu’il traîne derrière lui. La mort des Coeurbois a sans aucun doute impacté lourdement sa psyché, au point tel qu’un besoin maladif d’avoir une famille s’est engravé en son esprit et son coeur. C’est sans doute pour cela que Gauthier prend tellement soin de ses sœurs et de ses frères du Pas de l’Ombre – pour ça que même les ressortissants voleurs viennent autant à lui qu’à sa consœur doyenne : d’un naturel protecteur et paternel, il a besoin de ne pas se savoir le dernier. De ne pas se savoir seul. Ca n’a rien à voir avec la compagnie physique ou mentale, juste avec le vide prégnant qui quelquefois sait ravir votre âme si vous n’y prenez pas garde. Cette perspective d’une éternité à laquelle on n’aurait jamais contribué : un futur qui s’étire où, petit à petit, votre nom s’évanouit loin de vous. Lorsque tout le monde vous oublie, et que votre lignée s’éteint, voilà le genre de futur qui fait trembler Gauthier.

Il a donné sa vie à celle qu’il considère désormais comme sa Mère, et n’oserait jamais la trahir. Faute d’enfant avant, il n’en aura jamais – sa foi n’est pas de celles dans lesquelles on peut élever une descendance. Alors il adopte, par procuration. Les gamins des rues, les petites perdues.
Ou ses victimes, ne serait-ce que pour jouer un jeu. « Il le reste jusqu’à ce que la mort délivre votre conscience du fardeau de son existence. » Des mots graves, sentencieux, qui résonnent avec une profondeur dont Gauthier ne se pensait pas capable.
Remettant calmement une mèche de ses cheveux derrière son oreille – il a arrêté d’avoir la vaine envie de les couper il y a de cela de nombreuses années -, l’Ecoutant se délecte d’entendre l’interrogation sous ses mots, la question qui n’ose pas sortir et ne devrait pas sortir. Il n’a que peu l’habitude de voir ses clients après, faut-il avouer : cette visite est loin d’être conforme à tout ce qu’il se fait, ordinairement.
(Mais il a une raison d’être ici. Stupide, mais une raison. Une impulsion, une injonction intérieure, lui qui n’est pas connu pour sa maîtrise de lui-même n’a pas su y résister. )
« Il est mort. »

La nouvelle tombe. La voix grave, teintée de l’accent démérian, rend la brièveté et la concision de la phrase presque incongrues. Son visage est de marbre, lisse et pur – pour la partie qui n’est pas mangée par sa barbe élégamment entretenue pour une fois – et rien ne saurait trahir une quelconque émotion chez lui. Il n’en a pas. Pas pour son ancienne victime, chanceuse d’avoir été absoute de ses torts et d’avoir gagné le Purgatoire en mourant pour ses fautes ; pas pour la dame en face de lui, vengeresse désormais sans but et dont l’âme devrait s’apaiser.
Le quadragénaire ne s’est jamais intéressé à l’après. Ce que deviennent ses commanditaires, si le poids d’une fausse culpabilité pèse sur leurs épaules… Il n’en a rien à faire. Il n’a jamais, non plus, contemplé de si près l’annonce de l’exécution de l’un de leurs contrats.

Pas sans son masque. Pas sur le visage si parfait d’une dame – à la lumière ambiante, tout chez elle attire son regard, et Gauthier a beau se douter que c’est là une déformation de ce métier qui est le sien, il se sent piégé, inconsciemment.
Le brun Démérian se relaxe quelque peu dans son siège. Les mots lui viennent naturellement. Parler de la mort avec cette dévotion qu’il a pour elle est naturel, après tout. « Selon les termes de notre arrangement, j’ai pris en charge votre supplique. L’homme a trouvé la mort il y a de cela dix jours. Justice a été rendue. » Ses yeux s’animent d’une flamme pure et glacée au rythme de ces quelques derniers mots. « L’affaire n’a pas fait trop de bruit, j’ai pris le soin de ne pas laisser cela devenir trop.. Grandiloquent. Certains décès attirent trop de questions de part et d’autres. » Et l’Ecoutant se doute que la dame de l’Ancrage ne l’aurait pas spécialement voulu.
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyDim 28 Juin 2020 - 18:36

Il joue bien son rôle, cet homme mystérieux venu sous un faux nom la rencontrer – si elle ne savait pas exactement à quoi s’en tenir, Chasteté pourrait tout à fait se convaincre être en présence d’un père honteux des actes de sa progéniture, venu présenter des excuses vides de sens pour exorciser des remords trop lourds à porter. Elle pourrait s’imaginer que le crime affreux perpétré sur une jeune fille trop vulnérable, que les conséquences tragiques engendrées par l’égoïsme et la convoitise d’un homme vain, auraient enfin trouvé un écho dans le cœur des puissants et des souverains. Hélas, elle sait qu’il n’en est rien – que le père du criminel sera sûrement bien plus prompt à crier vengeance contre l’assassin de son précieux rejeton, qu’à condamner l’infâme pour la faute impardonnable dont il s’est rendu coupable. Ainsi va la vie. Ainsi tourne le monde. Comment s’étonner ensuite que Lida et Sithis, tous drapés de ténèbres, les mains couvertes de sang, impitoyables et sans merci, soient si populaires auprès des petites gens ? Comment s’offusquer que certains se permettent d’usurper le nom de la justice pour la remplacer par des actes de vengeance violente, quand la justice elle-même protège les coupables, les voleurs, les meurtriers, les menteurs, les violeurs ? Les criminels.

Il est mort.

La nouvelle tombe, comme le couperet sur l’échafaud, et celui qui l’apporte est droit comme Elova, l’aveugle justice qui tranche et décide. La nouvelle tombe, et un frisson puissant court dans le sang de Chasteté. Sa nature d’Ansemarienne l’aurait voulue impressionnable et fragile, une telle information devrait la choquer, sûrement. Elle voit déjà les lèvres tremblotantes des femmes respectables de Port-Liberté et de Hachelair, la main qui leur est portée comme pour étouffer un cri de détresse, les yeux arrondis sous la surprise et la révulsion, les larmes qui s’immiscent au bord des cils. De tout cela, rien n’est sien. Ses lèvres laissent échapper un soupir ténu – de soulagement. Ses mains se lèvent – pour se joindre devant elle, en signe de recueillement devant l’exécution du châtiment. Ses yeux se baissent – témoignage de reconnaissance et d’humilité devant le bras puissant qui a frappé là où d’autres ont échoué. La seule larme qui coule est un adieu. A Judith, à sa jeunesse fauchée trop tôt, à cette âme si meurtrie qu’elle a préféré s’envoler pour ne plus affronter un quotidien de torture.
Adieu, ma fille. Tu étais mienne à protéger, et j’ai échoué. Je te fais le serment solennel qu’aucune autre n’aura jamais à subir un tel outrage sous ma garde. Adieu.

L’assassin rend compte de son office, et elle relève le regard vers lui. Leurs yeux se croisent, dans la pièce isolée, et Chasteté contemple la flamme froide qui brûle dans ceux de l’exécutant. Aucun remords, aucune fierté – juste la neutralité rigide des élus devenus agents d’une volonté bien plus grande que la leur, et un respect nuancé de circonspection envahit la compagne. Il est digne de foi, cet homme-là, d’avoir ainsi rempli un contrat délicat, et elle incline gracieusement la tête pour l’en remercier. « Je vous sais gré de votre discrétion. Judith a trop souffert de calomnies sur son nom après… son trépas. Je ne souhaite pas y ajouter la juste punition d’un crime innommable, qui aurait dû être jugé par les hommes et ne pas requérir l’intervention des dieux. Je rends grâce à Lida d’avoir permis que justice soit rendue à cette pauvre enfant, et je vous remercie, d’avoir accompli ce qui devait l’être, et de prendre la peine de venir m’en informer en personne. » Et dans le regard de Chasteté, qui n’a pas quitté celui de l’étranger, une timide hésitation s’insinue. Osera-t-elle demander ? Est-il permis de solliciter une faveur alors même que le contrat est accompli, que la mission est terminé ? Elle est courageuse, l’Ansemarienne, mais elle ne souhaite pas offusquer d’aussi terribles dieux. Cela dit, la cause qui l’anime est tout de même importante, et se taire serait sûrement égoïste. « Pensez-vous… messire, pensez-vous qu’il vous serait possible d’intercéder auprès de votre dieu, en sa faveur ? Judith ne méritait pas ce qui lui est arrivé, est-ce irrespectueux de me part, si je venais à prier Sithis de veiller sur son âme désolée, et d’ouvrir grand pour elle les portes de sa prochaine vie… ? »

Après tout, qui est elle, la dame de l’Ancrage, pour s’imaginer pouvoir dicter sa conduite à un dieu… ?
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Gauthier Coeurbois
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyVen 10 Juil 2020 - 22:56

Comme il aimerait savoir ce qu’elle pense à cet instant ! Pouvoir se glisser quelques secondes dans les pensées de celle qui est la dame de l’Ancrage, Dame parmi les dames, maîtresse souveraine des érudites et des raffinées. Il aimerait comprendre ce soupir qui s’échappe d’elle (le sentir rouler sur ses lèvres, la pensée ne le choque même pas), savoir ce que son esprit inaccessible aux simples mortels cache.
L’Ecoutant aimerait savoir ce que cela fait, d’apprendre qu’un contrat a été exécuté. Gauthier voudrait savoir comment la nouvelle vous affecte, comment la réalisation que votre âme est à jamais liée à la déesse et à son consort peut troubler un esprit. Il voudrait savoir ce que ses clients, aveugles naviguant la nuit du monde sans la lumière de la véritable foi pour les guider, ressentent en apprenant qu’une déesse impitoyable et magnifique a accédé à leur requête, sans rien demander en retour.

Il voudrait savoir comment on peut, après cela, ne pas croire. Comment ne peut-on pas révérer le Seigneur du Purgatoire avec autant de déférence qu’un autre dieu, comment ne peut-on pas réaliser les rituels sacrés avec autant de dévotion pour la maîtresse de la Vengeance ? L’ancien apothicaire errant qui a usé ses bottes sur les routes et ses genoux sur le sol des temples, celui qui s’est maintes fois prosterné devant les autels défraîchis et incliné devant les statues d’or et de grès, l’adolescent puis l’homme qui par deux fois a été mis au service du seigneur des morts, Gauthier sait que les cultes des déités qu’il adore comme le plus fervent des croyants ne sont pas aussi importants que d’autres. Que les hommes sur cette terre sont bien prompts à les haïr avec peur : elle, car elle représente les ténèbres en chacun d’entre nous. Lui, car il est la fin. Il est l’inconnu de l’après.  
(Sa foi le tient debout. )
(Sa foi l’empêche de devenir fou du sang qui inonde ses mains, de la mort omniprésente dans sa vie, sur son chemin. )

« Cette jeune ne méritait pas de perdre la vie, dame. » Gauthier en est convaincu. Le quadragénaire refuse de croire que la mort d’une jeune fille – de l’âge de Rhapsodie, de l’âge de Gisèle – puisse mériter d’avoir ainsi souffert. Il a accepté personnellement ce contrat pour cela. Un combat personnel mené trop tard, cette fois. (Il ne pourra pas toutes les sauver. )

La requête désarçonne brièvement le Démérian. Confus, il semble avoir été frappé par surprise : son visage reflète une incompréhension qui lisse ses traits – ou ce que l’on en devine derrière sa barbe et sa chevelure, qui encadre paisiblement son visage pour en brouiller les traits – ses yeux autrefois froids reflètent maintenant le tourment de son âme. Puis-je prier pour l’âme de cette jeune fille ? Ne l’ai-je pas déjà apaisée, n’ai-je pas purifié son chemin jusqu’au Seigneur, lui traçant la voie dans le sang de son meurtrier ? En quoi mes prières, dame, auraient-elles plus de poids que les vôtres ? Je ne suis qu’un fidèle, bras armé de la Vengeance, mais je ne suis qu’un homme.
Il n’est qu’un homme.
S’il est éclairé par la divine lumière de la foi absolue, il reste un homme – il reste inférieur à la femme qui, inquiète, attend sa réponse. Certainement pas aux yeux de Lida et de son consort, qui chérissent leurs enfants plus que les autres représentants de l’humanité, mais dans l’esprit encore trop démérian de Gauthier, il reste moins qu’elle.

Vraiment ?

Son orgueil s’indigne immédiatement. Il n’est qu’un homme mais il a la foi. Il a la certitude d’avoir été choisi pour sa mission, d’avoir été aimé suffisamment par le couple divin pour être promu Adepte puis Ecoutant. Il est choisi. Il est un élu, parmi l’humanité comme parmi ses semblables, l’un de ceux qui, à l’apogée, disent pouvoir sentir à leur côté la présence de la Mort elle-même lorsque justice est rendue. Une main glacée qui s’appuie sur l’épaule, le rassure, le remplit de fierté.
Son visage regagne en sérénité. Gravement, l’assassin hoche la tête. « Je prierai pour son âme, votre grâce. Je veillerai à ce que soient respectés certains rites pour honorer sa mémoire afin que le seigneur du Purgatoire lui accorde une attention toute particulière. »

La gravité, le sérieux de ses propos, pare le Démérian d’une fausse assurance et d’une prestance étonnante.
« C’est une requête… Peu usuelle, pour le moins. » Doucement l’humanité regagne ses droits sur l’assassin. Il semble moins raide, parcouru à nouveau par la vie. « Je n’ai pas eu l’occasion de l’entendre souvent. Nous sommes plus souvent congédiés sans autre forme de procès que remerciés réellement. »
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyLun 27 Juil 2020 - 1:20

La piété est venue tardivement à Chasteté. Plus jeune, dans l’arrogance de sa jeunesse, elle ne s’imaginait pas assujettie au bon vouloir des dieux – quelle emprise pouvaient-ils bien avoir sur le quotidien des mortels ? Prétentieuse, insolente adolescente. Elle qui s’imaginait meilleure que tous, plus douée, plus méritante, plus talentueuse… combien dure a été sa chute. La leçon s’est révélée douloureuse, pleine d’amertume et d’avilissement ; et c’est une compagne mortifiée, humiliée jusqu’aux tréfonds de son être, qui avait alors poussé les portes du temple d’Elova pour y accomplir son noviciat. Elle s’attendait à un mois de tâches dégradantes, à une servitude aveugle et misérable. À une prison emplie de rituels dénués de sens. Elle ne s’attendait pas à y trouver la lumière : elle y arrivait orgueilleuse, et voilà qu’on lui offrait la rédemption ! Au fil des années, la compagne n’a pas oublié ce qu’elle devait au panthéon veillant sur le continent, et chaque prière lui apporte depuis une part de réconfort, d’espoir. De grâce, même, parfois. Mais oser prier Sithis, le redoutable seigneur du purgatoire ? Oser s’adresser à Lida, l’impitoyable augure de la justice du sang ? Cela est encore trop hardi pour Chasteté, bien plus respectueuse des sombres déités qu’elle ne l’était dans son égoïste jeunesse.

Et elle s’inquiète, l’Ansemarienne, d’avoir dépassé les bornes, en se permettant de solliciter une faveur en plus du contrat déjà exécuté. Mais c’est qu’il est tellement plus légitime qu’elle, cet homme si digne dans sa contemplation, quand il est question de prier ceux qui le protègent dans la nuit ! Elle n’oserait pas. Elle, c’est à Elova qu’elle est vouée, la justice des hommes, celle qui se repose sur des lois et des édits. Pas à la vengeance, pas à la faux qui tranche dans l’obscurité. Chasteté toutefois ne s’inquiète pas longtemps : une fois la surprise passée, l’assassin acquiesce à sa demande, et le sourire qu’elle lui dédie est tout à la fois gratitude que soulagement. C’est qu’elle l’aimait tellement, la pauvre malheureuse brisée sous son toit ! C’est qu’elle les aime tellement, toutes, ces jeunes filles attentives et ambitieuses, les douces et les discrètes, les fanfaronnes et les bravaches. Toutes, comme si elle les avait elle-même mises au monde – et quelle fierté elle peut tirer de leur excellence. Nul n’aurait dû lever la main sur l’une d’elles, et la dame de l’Ancrage s’estime coupable de n’avoir pas assez bien protégé ses ouailles. Alors, une prière pour l’enfant sacrifiée, c’est bien peu cher payer pour s’acquitter de sa dette.

La confession de l’assassin tire un hochement de tête compréhensif à la compagne. « Je l’imagine bien. Vous êtes, messire, d’une corporation qui effraie, même ceux qui vous sollicitent. Je vous en prie, ne prenez pas ma hardiesse pour de l’insolence – je vous crains tout autant que je redoute le courroux de vos dieux. J’éprouve un grand respect pour votre dévouement. Cela dit, l’on ne peut arriver à un poste tel que le mien sans avoir appris à ravaler sa fierté pour quérir l’aide nécessaire en chemin. » Un triste sourire vient étirer un instant les traits de Chasteté. L’humilité ne lui vient pas facilement, mais elle est suffisamment lucide à présent pour savoir très précisément la place qu'elle occupe exactement. « Parmi les puissants, beaucoup s’imaginent supérieurs à vous, simplement parce qu’ils vous paient ; mais en réalité, c’est moi ici qui vous suis inférieure. Le pouvoir que j’exerce me vient des hommes, mon influence est éphémère et versatile ; vous détenez votre autorité des dieux eux-mêmes. Qu’ils aient daigné accéder à ma requête est inespéré – en vérité, messire, comment pourrais-je vous congédier ? Je vous dois tant. Les fleurons que je vous ai remis me semblent une bien pâle compensation, pour une telle dette… Vous m’avez accordé la rédemption de Judith, la paix de la justice pour ses parents – et pour moi-même, l’apaisement de mes tourments. »
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyDim 9 Aoû 2020 - 16:46

J’étais aveugle, mais j’ai vu la véritable lumière, à l’inverse du continent qui vit encore les yeux bandés volontairement, voudrait expliquer Gauthier. Il voudrait lui parler de cette foi dévorante et inaltérable, de cette famille merveilleusement unie qu’ils forment ensemble, frères et sœurs adoptés par le seigneur du Purgatoire et son implacable épouse, leurs cousins sous la tutelle d’Isil et Udun. (Car il ne faut pas se leurrer : le Pas de l’Ombre a beau exister, les voleurs et les assassins cohabiter avec une aisance toute relative, ils ne sont pas de la même famille. Ils sont les parias, les dangers d’une société qui ne veut pas ouvrir les yeux, mais ils n’ont pas les mêmes croyances, le même but. Au fond de son coeur, Gauthier rattacherait peut-être même plus ses sœurs et ses frères, liés par le sang de leurs victimes, au culte même de Lida et de Sithis. Le clergé maudit, honni, ceux qui ont donné leur vie publiquement pour des dieux qui leur en sont bien plus que reconnaissants.
Lorsqu’il sera épuisé de la mort, que son corps ne le portera plus, lorsqu’il passera à son tour devant son Père pour être jugé – et accusera sans faiblir sa fierté ou sa déception envers ce que son fils a fait de sa vie à son service – il sait que c’est sa foi qui restera dans les mémoires.
Et que d’autres, dans son dos, le traitent sans doute de fou furieux dépendant de la souffrance et de la mort.

Car c’est ainsi que beaucoup comprennent les assassins : ceux qui ont abandonné la raison, des enfants de la folie ou de la cupidité, dégénérés à l’esprit vide réduits à l’état de bêtes. Des soudards en manque de sensation fortes, qui se repaissent du sang et de la mort. Des violents, des fous.
Aux mots de la dame de l’Ancrage, l’Ecoutant comprend qu’elle ne le pense pas. Et putain, ça fait du bien qu’aux yeux de quelqu’un il puisse se sentir un peu plus humain. « Et vous êtes, madame, d’une corporation qui à bien des égards est tout aussi impressionnante et effrayante que la mienne. »  Car les femmes et les hommes toujours seront impuissants face au désir. Lui le premier. (N’est-ce pas pour cela même qu’il est là ? )
Il n’a rien fait.
S’il a tué, il n’a rien apporté. Il est orgueilleux et fier, Gauthier, en de multiples occasions il pourrait le montrer ! Mais pas ici. Pas maintenant. Le Démérian secoue la tête. « De moi ou de toute ma guilde, vous n’avez rien à craindre, madame. Tant que vous n’attirez pas sur vous le courroux vindicatif de notre Mère, vous êtes en sûreté. Auriez-vous fait justice vous-même que Lida, et son nom est si lourd dans sa bouche, goûte le sang, goûte la mort, porte la fierté d’un fils, en aurait tout autant été avertie. » Ce n’est pas un secret que la mère des assassins veille sur chaque vengeance, chaque meurtre de droit. « Vous ne me devez rien. Je n’ai fait que mon devoir. Ce fut pour moi un réel plaisir que de m’acquitter d’une tâche en votre nom. »
Après un court silence, car ses paroles sonnent presque de circonstance et vides, il rajoute – avec cette chaleur dans la voix qui prouve sa sincérité. « Ce ne sont pas de simples paroles en l’air, ou une manière d’être courtois. Votre demande m’a touché. » Vous avez quelque chose en vous qui m’attire, inexplicablement. Au fond des yeux bleus bouleversés de l’assassin dansent les fantômes des non-dits. « Et, pour être franc avec vous, ce n’est pas votre rang qui a fait que j’ai personnellement pris en charge votre exécution. » Ce n’est pas qu’une histoire de beauté. C’est au-delà de ça.
C’est ce qu’il voit dans son âme, dans la force de son existence, qu’il croit deviner sans prétendre la connaître.
D’un murmure, comme on dévoilerait un secret, il termine : « Pas uniquement votre rang. On ne pourrait laisser le contrat d’une aussi grande importance à n’importe qui, Votre Grâce. » Une fausse distance. Un renseignement lâché, comme ça, au vent.
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Message(#) Sujet: Re: En tout bien, tout honneur [Chasteté] En tout bien, tout honneur [Chasteté] EmptyMer 14 Oct 2020 - 17:45

La mort effraie, depuis la nuit des temps. L’homme redoute la noirceur de l’oubli, la fin de la conscience ; mais les croyances de Chasteté et la foi qu’elle place en ses dieux la protège de toute crainte. Ses angoisses se portent plutôt sur l’échec d’efforts durement menés, sur le gâchis d’un potentiel inexploité, sur un choix maladroit ou inavisé. C’est la vie, qui l’effraie – toutes les mauvaises surprises de l’existence, tous ces événements imprévisibles contre lesquels il est impossible de se prémunir. La mort ? Ce n’est qu’une étape de plus, un pas supplémentaire sur le long cheminement de son âme. N’est-il pas admis que Sithis ouvre les portes d’une nouvelle vie aux âmes ayant pleinement vécu la leur ? Alors, elle vit, Chasteté – elle brûle à chaque instant de savourer la moindre parcelle de l’existence, d’extraire de ses expériences toute leur essence, la moindre goutte de leur substance. Elle veut pouvoir dire sans mentir qu’elle a vécu. Qu’elle a pleuré, qu’elle a ri, qu’elle a vibré, qu’elle s’est sentie… exister. Non, la mort ne l’effraie pas ; et pour ceux qui se drapent de son sombre manteau, pour ceux qui offrent son implacable cadeau, elle n’a qu’un profond respect. Elle n’est pas sûre d’avoir en elle la résilience nécessaire à un tel engagement.

Elle sourit, l’Ansemarienne, lorsque l’assassin évoque la puissance de la guilde des compagnes. Oui, le désir effraie, lui aussi, tant il échappe au contrôle, à toute notion de volonté. À toute idée de choix. D’un signe de tête gracieux, elle remercie l’homme de ses paroles, qui sonnent un peu creuses. Sûrement son dieu exige-t-il qu’il proteste de son dévouement à chaque nouveau client – elle ne s’en formalise pas, la dame de l’Ancrage, bien familière avec les exigences relationnelles de tout commerce, qu’il s’agisse de celui du désir ou de celui de la mort. En retour, le sourire de la compagne est un peu vide, tout autant de circonstance en cette occasion singulière. Elle n’attendait pas la chaleur qui se glisse dans ses paroles ensuite – le regard de la rouquine se réchauffe en réponse, le sourire se double de profondeur. Est-elle flattée, d’avoir su retenir l’attention d’un individu visiblement haut placé dans la hiérarchie de la plus redoutée des guildes du continent ? Ce serait mentir que de le nier, et Chasteté s’autorise cet orgueil tout féminin, la fierté résonnant un instant dans son maintien, savourant l’étrange éclat qui scintille dans le regard que son énigmatique visiteur pose sur elle. Elle a toujours voulu être remarquée, elle a toujours désiré l’attention ; et même si elle s’en corrige de son mieux, il reste parfois dans ses journées quelques instants où elle laisse son tempérament s’exprimer.

Ce qu’il ajoute ensuite lui fait arquer un sourcil délicat. Pas uniquement son rang ? Quoi d’autre, alors ? La vanité d’une jeune Chasteté arrogante voudrait suggérer sa beauté ; mais elle connaît les femmes de Déméria et sait que bien d’autres sont d’une perfection qu’elle n’égalera jamais. L’expérience de celle qui est devenue dame de l’Ancrage que c’est autre chose, de moins tangible, mais de plus profond. La curiosité s’agite en elle, et elle retient la question qui lui brûle les lèvres. Quoi d’autre ? Qu’a-t-il remarqué en elle qui retienne ainsi son attention ? Doit-elle s’inquiéter que le fil d’un poignard anonyme ne vienne abruptement trancher le cours de ses jours ? Non, elle ne demandera pas. S’il s’agit de son trépas, elle préfère ne pas savoir – et continuer à vivre, intensément, chaque jour comme s’il devait être le dernier. C’est une autre question qui se présente alors – tout aussi interdite, tout aussi dangereuse, mais qu’elle s’arroge le droit de poser, avec un brin d’impertinence glissé au coin de ses lèvres. « Il m’a semblé évident dès le premier instant que vous n’êtes pas n’importe qui, messire. » énonce-t-elle doucement pour commencer, comme une confidence, se permettant un regard appréciateur. Oh, il est bel homme, bien sûr – elle a toujours eu un faible pour les cheveux longs – mais ce n’est pas que ça. Il y a une profondeur dans son regard, comme mille secrets enfouis qui font briller son âme d’une infinité de reflets chatoyants. La noirceur qui abrite ses pas résonnerait presque dans l’air, à chacun de ses mouvements – comme une présence vigilante qui ne fait que renforcer son aura de danger, et à laquelle Chasteté se constate particulièrement réceptive. Nouant les mains sur ses genoux, elle laisse sa question s’échapper. « Me direz-vous qui vous êtes, alors… ? Que je prenne pleinement conscience du privilège dont vous avez consenti à honorer ma demande, messire. »

Et qu’elle sache, éventuellement, à qui adresser son courrier si jamais elle se trouvait dans l’obligation de reprendre contact.
Pour des motifs purement professionnels. Bien évidemment.
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