Histoire
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22 mars 955A la fin du mois de mars 955, Gauthier Coeurbois naît d’Adrienne et Anselme Coeurbois, à Haut-Orge, village profondément enfoncé dans les terres et proche de la dense jungle démériane. Autour du village s’étendent des champs à perte de vue, majoritairement d’orge. On brasse d’ailleurs par ici une bière réputée.
Gauthier grandit en enfant unique au sein d’une famille d’artisans : en effet, sa mère tient avec son père une apothicairerie aux produits plus ou moins… Exotiques. Si la frontière démériane avec Sombreciel peut se targuer d’enrichir sa production de certains produits cielsombrois, dans l’atelier des Coeurbois, on fabrique onguents et décoctions tirées de plantes dangereuses et exclusives à la bordure de la jungle démériane. C’est une renommée toute relative qui leur est ainsi accordée.
Dans la famille, Adrienne, sa mère, s’occupe principalement de la gestion du commerce. Son époux élève Gauthier avec tendresse, et lui inculque très jeune les valeurs qui guideront sa vie : la droiture d’un homme se mesure au mal qu’il se donne pour respecter une parole donnée.
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9 janvier 964Gauthier a autour de neuf ans quand sa petite sœur Gisèle, héritière des Coeurbois, naît. Le petit garçon se prend immédiatement d’affection pour la minuscule chose braillarde et lui promet au-dessus de berceau de la protéger de toutes les misères du monde.
A neuf ans, Gauthier sait plus ou moins lire et écrire : enfant unique, il a bien fallu se préparer à l’éventualité qu’il devienne le seul Coeurbois à perpétuer le nom. C’est pourquoi l’enfant a été instruit par ses parents de rudiments de lecture et d’écriture – un apprentissage qui continuera tout au long de sa vie. On ne lui apprend que le nécessaire, afin qu’il puisse aider au maximum au commerce familial. Au fil des ans s’ajouteront aussi des cours plus orientés pour la tenue d’une demeure démériane, mais Anselme ne se fait pas d’illusion : son fils a beaucoup trop d’intérêt pour le métier d’apothicaire – que lui même pratique – pour se contenter d’être père au foyer… Malgré toute l’attention bienveillante qu’il porte à sa petite sœur, dont il s’occupe avec passion.
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Mai 970Gauthier est appelé pour effectuer un noviciat auprès du temple local. Celui-ci est un temple de campagne, le clergé en place n’y est pas fixe mais varie en fonction des saisons et des différents événements. En mai, c’est la déesse Cerah qui l’appelle à lui. Jeune homme pieux d’une quinzaine d’années, Gauthier est honoré de se rendre là-bas et effectue avec joie son mois de noviciat. Amical et ouvert, dévoué, fidèle, le Démérian noue quelques relations avec les prêtresses et prêtres qu’il a l’honneur d’assister.
Il est testé négatif à la magie dans le même temps.
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Juin 970Au retour de son noviciat, Gauthier entame auprès de son père un apprentissage d’apothicaire. Au sein du couple, Anselme a toujours été le fabriquant. Gauthier se révèle extrêmement doué et intéressé : il a baigné dans ce monde depuis tout petit. Les plantes et leurs propriétés le fascinent, le métier qu’il apprend également.
Cependant, le jeune de quinze ans ne peut s’empêcher de douter un peu : le noviciat a réveillé chez lui une passion qu’il n’a encore jamais connue, une forme de paix intérieure qui pendant un mois l’a constamment habité. Il en fait part à son père, lui confie que s’il ne s’était pas engagé auprès de lui en tant qu’apprenti, il se lancerait dans une carrière religieuse. Jamais Gauthier ne briserait un serment ou une promesse : il ira au bout de son apprentissage, et honorera les dieux avec la ferveur du croyant qui ne peut se vouer entièrement à eux.
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Octobre 972On l’appelle pour un second noviciat durant son apprentissage, à ses dix-sept ans. Sithis, si proche de la Samhain, a investi le temple local. Etrangement, c’est au contact d’un clergé regardé avec quelque peu d’inquiétude que Gauthier se sent mieux. Il appréhende pleinement la dévotion des hommes et des femmes au service de ce dieu bien trop souvent associé à un nom plus dangereux. Le jeune en ressort grandi : plus sage, peut-être.
Ses amis au village ne disent rien devant lui, mais ils murmurent dans son dos : jamais encore un novice n’avait été appelé si jeune pour Sithis, pas dans leur village. Est-ce un mauvais présage ? En cette période de guerre on voit le mal partout : certains en viennent à croire que cela signifie la mort prochaine de soldates démérianes au combat – alors que la nation n’est pas officiellement en guerre, juste soutien d'Ansemer.
Le temps leur prouvera qu’ils avaient tort.
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Mars 973Viennent les premières amours, les flirts innocents dans l’air du soir. Elles sont peu, les damoiselles de Haut-Orge et des environs de son âge. Quelques baisers volés, quelques sourires ambigüs, mais jamais le brun ne se laisse aller à commettre l’irréparrable auprès d’une jeune femme. Celles qui refusent ses avances le font avec délicatesse, et il s’excuse auprès d’elles. Ses amis le trouvent quelquefois trop galant : à quoi bon vouloir s’émanciper, prendre un véritable métier, si c’est pour se comporter face aux dames comme un homme tout juste en quête d’une épouse pour fonder un foyer ?
(Ils n’ont pas compris, encore, que ça n’a rien à voir. Dans un village aussi reculé, ils ne savent pas bien faire la différence entre la liberté et l’indépendance relative dont jouissent les époux qui savent exercer un métier. )
Il termine son apprentissage auprès de son père et finit par demander la permission de se faire itinérant pendant quelques temps. Malgré les inquiétudes ses parents acceptent : la carrure naturellement imposante et un certain goût pour régler ses différends par les poings devraient tenir à l’écart la plupart des entités hostiles.
Le jeune homme ne cherche pas à fuir, juste à découvrir. Il parcourt ainsi Déméria, suivant le Dragon, en vendant ses propres créations ici et là. Il en profite également pour, plaisir coupable et secret, lier amitié avec les membres de certains temples bien spécifique. Ceux-ci n’hésiteront pas dans le futur à faire appel à lui. Il reste soigneusement loin de la frontière ansemarienne.
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973 à 975Deux ans sur les routes. Deux ans à parcourir sa nation rongée par une fausse guerre qui ne les concerne pas, à vendre ici et là onguents et filtres faits de sa main, potions, poudres. Deux ans à découvrir le monde et à se découvrir lui-même.
Deux ans à prier à chaque temple croisé. La religion a toujours été importante dans sa vie : lors de ce voyage, elle devient un point de repère. Gauthier prie avec dévotion des dieux qui, il en est sûr, entendent sa voix. Reviennent Volga, Levor, Cerah dans ses mots – trinité qui protège ses choix, son âme, son métier.
Le Coeurbois discute avec les Démérians. Le soir, dans les tavernes, il leur demande de lui raconter les légendes et les histoires qu’ils connaissent : il veut savoir des dieux ce que les prêtres ne racontent pas, les variantes à la création du monde et les récits locaux. Ici, une déesse mineure est vénérée car elle a protégé un pan du village d’une nuée d’insectes, bien des siècles en arrière. Là, Dana a béni toute la berge gauche du Dragon : les premiers-nés de chaque famille sont prédestinés à devenir des mages d’exception raconte-t-on.
Ce sont ces histoires-là qui le fascinent. Ces histoires-là, il les rapportera avec lui.
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Juin 975Retour chez lui. Gisèle a bien grandi, et le houspille d’être parti si longtemps. Elle commence à tenter de lui arranger des mariages avec ses amies de onze ans. (la chose ne se fera pas, comme on peut s’en douter. ) Sa mère est heureuse de le savoir de retour, ainsi que son père. Il prend auprès d’eux la place du paternel, par ailleurs, en tant qu’apothicaire officiel.
Au cours de ses pérégrinations, Gauthier a su se faire bon nombre de contacts qui passeront de temps à autre, si la route n’est pas trop longue, à l’apothicairerie. Il s’arrange également pour demander au temple de faire de leur famille le fournisseur officiel de ce temple-ci. Il sert les dieux à sa manière.
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1er juin 976Un autre noviciat, Sithis l’appelle à nouveau à lui. Dans son dos, on murmure qu’être l’élu du seigneur du Purgatoire par deux fois n’est pas la meilleure des choses. Peu lui importe. Ses convictions valent mieux que les racontars. Comment n’a-t-il pas pu y voir un présage ?
C’est le douze juin que lui parvient la nouvelle de la mort de ses parents et de sa sœur, assassinés sur les routes alors qu’ils se rendaient à la ville voisine.
Gauthier le vit mal. Il ne quittera le temple qu’entouré de prêtres, pour aller célébrer la cérémonie de leur mise en terre. Ceux qui le croiseront et tenteront de lui parler ne pourront que témoigner d’un homme éteint, vide et pâle. Du fantôme du jeune homme joueur qui a été.
Il terminera tout de même son mois de noviciat. Il s’est engagé, on ne rompt pas une promesse.
A la fin de celui-ci, Gauthier rentre au village pour annoncer vendre l’affaire et partir en tant qu’apothicaire itinérant. Il ne se sent pas capable, dit-il, de rester ici.
Personne ne sait que la nuit du vingt-et-un juin, au pied de l’autel, Gauthier a juré au dieu de la Rédemption et à sa compagne, souveraine vengeresse, une entière allégeance. Personne ne sait qu’il a accepté la main tendue d’une forme de noir vêtue venue lui proposer de rejoindre les ombres – de se vouer à la vengeance et à la mort.
Personne ne sait la marque tracée sur sa hanche.
Personne ne sait, non, personne, que l’homme qui quitte Haut-Orge pour s’engager sur les chemins est depuis le solstice un assassin.
S’ensuivent trois ans de formation le long des routes de Déméria qu’il connaît déjà bien. Gauthier noue rapidement des liens avec les membres du Pas de l’Ombre, croisés sur leur chemin – voleurs comme assassins. Dans cette organisation aux allures de famille, il trouve une forme de réconfort. Lorsqu’il n’est pas en formation, c’est aux côtés de son adepte qu’il arpente les routes pour un commerce bien plus légal.
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Juin 979Il est intronisé assassin confirmé, lors du solstice de 979. Gauthier a 24 ans. Il se retrouve alors livré à lui-même, libre. Gardant sa casquette d’itinérant sans domaine, profitant ici et là de sa liberté et de sa mobilité, il vagabonde jusqu’à connaître de Déméria les moindres chemins.
C’est une vie un peu sauvage, entre le camelot et l’intriguant voyageur, mais cette existence lui plaît. Il lui arrive de croiser la caravane des arts, quelquefois, de partager leur compagnie pour quelques lieues.
Jamais plus.
Ses prières dans la nuit les feraient fuir. Le sang répandu sur le sol, son sang, les mots qui glissent et se mêlent à l’obscurité les feraient hurler.
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Février 982Gauthier ne se sent plus de lien particulier avec la population de Déméria : cette sensation a toujours été là, diffuse, indistincte, alors qu’il était en apprentissage. Elle s’est faite, dans les derniers mois, impossible à ignorer. Sa famille, sa nation, ce sont les assassins.
Il ne sert que la déesse et son consort, désormais. De se l’avouer, de l’avouer à tous – de renier cette nation dans laquelle il vit – lui fait un bien fou.
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25 Avril 986Il devient adepte de Déméria à la demande de son Ecoutant.
Ses voyages à la capitale se font plus fréquents.. Et, en route, il ne peut s’empêcher de croiser bien souvent ses sœurs et frères, liant un lien bien plus puissant avec eux que ce qu’il aurait pu croire. C’est un adepte apprécié, connu notamment au sein du Pas de l’Ombre pour être le fournisseur officieux de pâtisseries d’à peu près tout le monde. Démérian bien au fait de l’art du gâteau, il aime ainsi occuper son temps libre… Et prendre soin des autres. Reliquat de son éducation : à défaut de s’occuper d’une maisonnée, il se fait le père ou le grand frère des jeunes en perdition du Pas de l’Ombre.
Certains de ses collègues, assassins surtout, le connaissent aussi pour être l’un des leurs qui porte dans son âme une dévotion lourde et dangereuse. Les dieux s’expriment par eux, c’est Leur justice divine qu’ils apportent – les rares qui savent son engagement savent que c’est sa foi qui maintient son esprit en un seul morceau.
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21 juin 989Gauthier renouvelle ses vœux sans l’ombre d’une hésitation, entouré de ses amis les plus proches. Aucun d’entre eux n’en a douté une seule seconde.
Au bout de dix années d’expérience, et de bon nombre de missions réussies avec brio, il est un curieux homme : si on aurait pu le penser expert en poisons, ce qu’il est, il garde une forme d’affection presque malsaine pour ces morts violentes au fil de la lame.
Il décide de faire jouer ses anciennes relations et réussit à décrocher une place dans une apothicairerie proche des temples de la capitale. Celle-ci emploie assez de personnel pour que les horaires, flexibles, permettent à Gauthier d’aller et venir à sa guise. La paye y est correcte, et, avec ses économies ainsi que la somme touchée par ses contrats, l’homme réussit rapidement à louer une demeure en la capitale…
Non pas que les routes ne lui aient pas plu. Il a juste besoin de se poser. De ne pas vivre avec l’impression d’être entièrement décalé du reste du monde.
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992Gauthier entame une relation avec l’un de ses amis, Shahryar. Rencontré lors d’une transaction entre les assassins d’Arhab et ceux de Déméria, ils ont rapidement noué une forte amitié, des lettres fuyant dans un sens comme dans l’autre.
Lui qui se croyait pourtant fermement hétérosexuel n’a pas cherché : leur amitié est devenue plus, et leurs rencontres éparses se sont finalement parées d’une intensité à la hauteur de leur passion. Ils s’aiment. Comme des cons.
(Et dépensent pour se voir des fortunes, autant que faire se peut. Un investissement que de tomber amoureux d’un autre si loin. )
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3 septembre 995Son Ecoutant décède, des suites d’une maladie fulgurante. Gauthier est nommé à sa place. Il prend en tant qu’adepte Aquilée, son ancienne égale, désormais subordonnée.
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Juin 996Shahryar prend sous son aile sa première protégée… Et ne trouve rien de mieux à faire que de l’épouser pour sauver les apparences. Gauthier le vit mal. Mortellement jaloux, il pique une crise auprès de son amant – il l’aime trop, craint de le perdre chaque jour, et voilà qu’on en vient à lui proposer un mariage blanc pour encore plus l’éloigner de lui.
La solution sera un autre mariage.
Officieux et secret, qui ne se nommera même pas comme ça. Juste une cérémonie entre eux, le mieux qu’ils puissent faire pour se rappeler que jamais cette union ne sera un obstacle à leur couple. De cette union, Gauthier retire un second tatouage lové sur son dos.
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Août 996Au retour d’un contrat dans une bourgade bien proche de la jungle, Gauthier manque d’être attaqué sur la route pas une fossa surgie des fourrés.
Sa fossa.
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Mars 997 Gauthier, ordinairement plus occupé à de la gestion plus qu’à de réelles missions, retourne de manière exceptionnelle sur le terrain, mandaté par la couronne démériane.
Lorsque la matriarche fait une demande, le contrat ne peut qu’échoir à l’Ecoutant en charge de sa nation.
C’est lui qui sera responsable de l’exécution de deux arcanistes opposés à la nomination du nouveau brigadier. La chose se déroule sans anicroche et sera exécutée avec autant de propreté que possible.
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Courant 998Son adepte ne fait que des catastrophes en série. Lassé, Gauthier la menace de lui retirer son grade si la chose ne s’améliore pas. Elle ne sert pas les dieux, à ses yeux, ne fait tout que pour elle.
Et c’est un péché bien grand pour celui qui ne vit que pour Leur service.
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Octobre 999Gauthier prévoit, sans aucune influence cielsombroise d’un de ses meilleurs et énervants amis, Gabriel, de demander Shahryar en mariage d’une manière ou d’une autre. Tout est préparé, mis en place.
Plus qu’un renouvellement de leur cérémonie d’il y a trois ans, il veut quelque chose de vrai. D’éternel.
Un dérapage lors d’une sortie entre amis voit cependant la mort dudit Gabriel, en des circonstances dramatiques autant que troubles. Leur couple n’y résistera pas, chacun rejetant la disparition du jeune sur l’autre. Depuis, leurs relations sont plus qu’orageuses, faites de reproches et de non-dits.
Il est dur de se remettre de sept ans d’un amour intense, tout comme il est dur de perdre à la foi un ami et un amant.
Il se plonge dans le travail, alors. Brisé, en peine.
Noie ses larmes dans le sang.
Rétablit une justice dans le monde, au nom de ces dieux qui guident sa vie. Pour sanglantes et criminelles que soient ses dévotions, il croit en la déesse et son consort, se sait investi d’une mission.
Miséricorde, ô Lida, pour tes enfants qui t’aiment et t’honorent.
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