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 Je marche à toi

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Lionel de Rivepierre
Lionel de Rivepierre

Âge : 38 ans.
Messages : 102
Points : 57
Nation : Déméria
Rôle : Brigadier au service de la matriarche Gaïane, comte de Rivepierre
Familier : Veillantif, étalon Trakehner
Avatar : Tom Ellis (c) Malbe
Pseudo web : deadpool

Feuille de personnage
Mes autres visages: Castiel, Louis, Octavie, Nour
Mes dieux tutélaires: Né sous Levor ; invoque Dana et Gwydion, murmure à l'oreille d'Abelion
Message(#) Sujet: Je marche à toi Je marche à toi EmptyDim 29 Mar 2020 - 0:16


Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

Je marche à toi

Géralt Clairsentier & Lionel de Rivepierre


19 avril 1000


Statut du RP : Privé
Résumé : Les derniers aurevoirs entre Géralt et Lionel ont laissé ce dernier troublé, plus que de raison. Les deux amis profitent de la présence de l'Audacia à l'Ancrage pour quelques jours et d'un déplacement professionnel du mage pour se revoir. Pour partager ce trouble qui les occupe, depuis un certain temps.
Recensement :

Code:
• [b]19 avril 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t132-je-marche-a-toi]Je marche à toi[/url] - [i]Géralt Clairsentier & Lionel de Rivepierre[/i]
Les derniers aurevoirs entre Géralt et Lionel ont laissé ce dernier troublé, plus que de raison. Les deux amis profitent de la présence de l'Audacia à l'Ancrage pour quelques jours et d'un déplacement professionnel du mage pour se revoir. Pour partager ce trouble qui les occupe, depuis un certain temps.
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Lionel de Rivepierre
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyDim 29 Mar 2020 - 3:00

Le tapis absorbe le bruit de ses pas, alors qu’il parcourt de long en large son salon depuis plusieurs minutes. Les seuls arrêts effectués sont pour se poster à l’une des fenêtres, puis à l’autre, à la recherche d’une personne qui n’est pas encore apparue. À chaque déconvenue, la moue se plisse un peu plus, et la valse recommence, sans fin. Le front, aussi, plissé d’anticipation et d’inquiétude, à l’idée que l’autre ne vienne tout simplement pas.

On pourrait croire que Lionel et Gearald se sont habitués, avec le temps, à ne pas se voir, et la chose est vraie. Leur métier respectif obligeant, leur amitié est une chose de distance et d’attente, ponctuée de lettres et à l’occasion, de rencontres. Ces dernières de plus en plus fréquentes, au cours de l’an 999, jusqu’à la dernière, il y a quelques semaines à peine. Dès l’Audacia reparti Atal sait où piller les bonnes gens, Lionel s’est retrouvé tourmenté. Par l’absence de son ami. Par la brûlure ressentie dans tout son corps, dans son esprit et son cœur, par l'évidence de ce brasier.
La missive qu’il a fait parvenir à la Taverne de la Rose, signée du simple L habituel, débordant de sous-entendus sentimentaux à demi esquissés.

Ainsi, dès qu’il a reçu une réponse de la part du pirate, le brigadier a aussi rapidement que possible arrangé un déplacement à l’Ancrage, pour affaires. Affaires bien réelles, tout de même ! Un professeur de l’académie - Rodrigue Belorme, un ancien camarade de la police edienne - l’a contacté afin de savoir si une sortie scolaire serait possible, au cours du moi de mai, avec quelques-uns de ses élèves. Il est là pour régler les détails de cette sortie hautement encadrée.
Pas aujourd’hui, toutefois. Pas alors qu’à la tour de Rivepierre, dans la Ville Haute, Lionel attend Gearald, plaçant et replaçant nerveusement ses boucles du bout des doigts, tel un galant attendant sa fiancée.

L’intendant de sa tour connaît Gearald. Enfin, oui et non. Il connaît Géralt, le faux marchand aux habits propres, quoiqu'un peu élimés, qui vient périodiquement à la tour de Rivepierre afin de parler affaires avec le comte, lorsque celui-ci est de passage à l’Ancrage. De quelles affaires, seul Erelf le sait, semble-t-il, mais à chaque fois, le whisky est bu généreusement et les rires résonnent entre les murs du salon privé du maître des lieux. Il ne connaît pas Géralt Clairsentier le pirate ; et encore moins Gearald.

Il ne connaît pas l’homme qui a tout fuit, celui qui s’est réinventé.
Il ne connaît pas son rire, le bleu de ses yeux.
Il ne connaît pas non plus l’angoisse de Lionel à l’idée que l’Audacia ait déjà quitté son port d’attache, le médecin à son bord, et qu’il soit ici… certes, pas pour rien tout à fait, mais pas pour sa réelle raison de son déplacement, de ce zèle soudain pour quelque chose d’aussi simple qu’une sortie éducative.

Quelle fière allure que celle du comte de Rivepierre, guettant l’arrivée de son compagnon par une fenêtre dérobée, afin de ne pas avoir l’air de l’attendre !

Il n’en est pas moins le premier à repérer la silhouette du pirate et c’est bien mal qu’il se retient d’aller l’accueillir lui-même à la porte de la tour, dès son arrivée. Son coeur pulsant jusque dans sa gorge d’une étrange anticipation, le ventre si tordu que la seule idée de boire un verre, de manger un morceau, suffit à lui donner la nausée. Une nausée qu’il a appris à associer à autre chose que la maladie, lorsque reliée à la pensée de Gearald. Ou sinon, à une maladie dont il n’a pas envie de guérir. Tout ira bien. Je suis persuadé qu’il est dans le même état que toi. La voix calme de Veillantif l’apaise quelque peu. J’espère que tu as raison. Ne le sais-tu pas déjà ? J’ai toujours raison. Lionel ne peut retenir un petit rire, à voix haute, tout juste avant que quelques coups à la porte de son salon, annonce de la présence d’un domestique derrière celle-ci, le fasse sortir de ses pensées.

La porte ouverte à la volée sur le domestique, qui lui introduit son invité. « Merci de vous être déplacé, pour cette rencontre, Géralt, accueille-t-il chaleureusement l’homme, d’une poignée de main absurdement protocolaire. Jamais une seconde de trop, juste ce qu’il faut de pression et de force. Il tourne la tête vers le domestique, alors qu’il reprend sagement sa main. Ian, va nous chercher quelque chose de léger à manger et boire. Par la suite, prière de ne pas nous déranger, nous avons des choses sérieuses à traiter. Bien monsieur le comte, je reviens tout de suite. » Le garçon s’incline et laisse les deux compères entrer dans le salon, dans un instant soudain de silence chargé de malaise autant que de tension. D’attente que le domestique revienne, puis les laisse véritablement seuls. « ... comment vont les, les affaires ? » Ça n’ira pas du tout s’il bégaie dès la première phrase.


Dernière édition par Lionel de Rivepierre le Sam 1 Aoû 2020 - 5:36, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyJeu 16 Avr 2020 - 4:54

Il est nerveux, Géralt. Comme il ne l'a plus été depuis longtemps. Il est incapable de réfléchir correctement à sa tenue. Il sait qu'il doit être présentable pour se rendre aux étages occupés par Lionel d'ordinaire, mais, là, c'est hautement plus important. Il se sent un peu ridicule, à chipoter pour un détail aussi superficiel, mais il veut être à son avantage, il veut attirer l'œil et charmer, il veut montrer combien tout cette affaire lui tient à cœur, il veut rendre fier. Il veut que Lionel pose son regard sur lui, note les détails et voit combien il mérite la place que le Rivepierre lui a fait dans son cœur. Bien entendu, il sait que l'apparence ne fait pas tout, que leur relation n'aurait pas mené à grand-chose si le brigadier avait pour habitude de s'arrêter à ça. Malgré cela, il veut être sur son 31, Géralt. Il veut voir le brasier s'allumer dans les yeux de son ami. Il veut voir ses pupilles se dilater, sa pomme d'Adam marquer des déglutitions nerveuses. Il veut perturber Lionel, le voir se battre un peu contre lui-même et reprendre la main dans leur échange, que Géralt lui laissera avec un plaisir non feint. Puis, il ne peut s'empêcher de repenser à la lettre du Rivepierre, celle qui a retourné leur monde à demi-mot, celle qui a fait comprendre définitivement à Géralt qu'il n'était pas seul dans ces sentiments. Il avait des doutes, il espérait fort, mais Lionel a tout confirmé en une lettre si belle, si précieuse que Géralt a alterné entre affection, désir et soulagement intenses tout le reste de la journée. Alors, oui, c'est important, cette affaire de tissus.

Tu seras à croquer, rassure-toi. Lionel ne saura pas par où commencer tant il y a à voir. Géralt laisse échapper un rire aussi surpris que gêné. Vaque à tes vols planés, au lieu de te foutre de moi, Sylphe. Un vague ricanement résonne dans sa tête, puis plus rien.
Son familier est resté sur l'Audacia aujourd'hui, là où il a ses habitudes, ses nids cachés un peu partout sur le bâtiment et où le cuisinier devra sûrement lui courir après parce qu'il aura essayé encore de voler à manger. Géralt, quant à lui, s'y est rendu en matinée afin de pouvoir prodiguer des soins à un pirate blessé, installé en convalescence sur la vivenef. Il en a profité pour vérifier ses stocks en prévision du départ prochain. Quelques heures ont suffi et, après une discussion avec le second, il a rallié la Taverne de la Rose, où il loue une chambre à l'année comme nombre d'autres collègues. Il a pris son repas dans la salle en bas, avec ses camarades, puis est allé prendre des nouvelles d'amis qu'il n'avait pas revu depuis un bout de temps. Il a répondu à une missive de Joshua également, qui l'invitait à venir manger le lendemain, mais il s'est empressé de repousser au 22, dans le doute. Au cas où la rencontre avec Lionel se prolongerait. Sait-on jamais. Mieux être prévoyant. Voilà, oui.

Quelques heures plus tard le trouvent en plein dilemme, donc. Il est lavé, la barbe et la moustache sont taillées, son sac patiente sur une chaise dans le coin. Il lui suffit simplement de se décider. Maintenant, maintenant, maintenant. Géralt fronce les sourcils, ne répond rien, mais il se décide enfin pour ce qui lui semble le plus somptueux dans ce qu'il possède. Ca n'atteint pas la qualité des tenues qu'il avait à Bauverne, mais c'est bien plus que ce dont il a besoin en tant qu'honorable pirate de l'Audacia. Il sait que ses camarades vont se foutre de lui quand il passera par la salle principale, mais la proximité de Lionel vaut largement les moqueries bien grasses qui le suivront quelques jours durant. Une fois habillé, il vérifie le résultat dans le miroir et estime – espère – que ça suffira. Un dernier coup d'œil vers le tiroir qui contient LA lettre, une inspiration pour se donner du courage et le voilà parti vers l'aventure la plus terrifiante et la plus merveilleuse de sa vie.

***

Il est légèrement en retard. De peu, mais il connaît Lionel. Il sait qu'il va s'inquiéter et l'idée que cela arrive aujourd'hui l'agace contre lui-même. Il accélère la cadence, évite aussi habilement que possible les passants, alors qu'il compte les passerelles restantes jusqu'à la tour de Rivepierre. Quand, enfin, il arrive à la porte d'entrée, une bouffée d'adrénaline l'envahit d'un coup et il a l'impression de voir des étoiles aux coins de ses yeux. Il inspire et expire profondément, doucement, plusieurs fois, tout en se focalisant sur un seul point : le fait qu'il va revoir son ami et qu'il n'y a pas d'autres endroits où il souhaiterait se trouver en cet instant. Quelques secondes passent et son cœur, qui bat toujours fort, ne souhaite cependant plus se faire la malle. Victoire.

Il frappe le heurtoir contre la porte une fois, claire et assurée, et patiente. C'est le même domestique que d'habitude qui l'accueille et il se permet de lui offrir un sourire, même s'il sait qu'il n'en obtiendra pas forcément en retour. Plus besoin de présentation, depuis le temps. Les deux hommes échangent rapidement puis voilà Géralt en route vers le petit salon qui a été le témoin de leurs soirées privées plus ou moins alcoolisées. La pression monte, son pouls se démène comme un fou, il déglutit difficilement. Il a quelque peu l'impression de se retrouver en 998, pour leurs retrouvailles, à la différence près que, cette fois, ils savent vers quoi ils se dirigent, les deux amis, et c'est aussi déstabilisant qu'exaltant. Fort heureusement, le manque de courage ne les a jamais caractérisés.

La porte s'ouvre, Lionel entre dans son champ de vision et Géralt oublie momentanément le monde extérieur. Il avance par automatisme quand le domestique l'annonce. Il tend sa main par réflexe, « Merci de votre invitation, monsieur le comte. » et la reprend quand la paume du Rivepierre se retire. La seule chose qui occupe ses pensées, là, c'est l'amour qu'il ressent pour l'homme élégant et digne qui lui fait face. Ce sont tous les mots qu'il aimerait utiliser pour l'exprimer avec le plus de précision possible. Tout cela vient en vagues fortes et presque étourdissantes. Alors, Géralt fixe Lionel pour ne pas se perdre, pour ne pas les trahir en la présence d'un étranger, et il attend, fébrile, impatient, euphorique, tout à la fois.

Quand le domestique s'éclipse, le silence s'installe, mais Géralt n'a pas besoin de chercher comment le combler. Lionel s'en charge gracieusement : « … comment vont les, les affaires ? » L'hésitation dans sa voix, la situation tendue, les mots si anodins, ses propres mains qui tremblent, c'est trop pour lui : un battement passe et Géralt éclate d'un rire nerveux devant l'incongruité de la scène. Il plaque instinctivement une main sur sa bouche pour tenter d'étouffer le bruit, mais le succès est mitigé. « Pardonne-moi, je- Le rire revient un instant et il déteste le fait qu'il n'a aucun contrôle sur sa nervosité en cet instant. Ce n'est pas drôle, je sais. Pardon, pardon. C'est juste que, la tension, elle est presque palpable. Je suis dans tous mes états et… Il fait un geste comme pour dire oublie ce qu'il vient de se passer et inspire profondément, une expression sérieuse sur le visage, ses yeux se fermant un bref instant. Laisse-moi recommencer. Il lie ses mains dans son dos, comme si cela pouvait l'aider à mieux maîtriser les réactions de son corps et ses émotions (il est vrai que l'envie de toucher Lionel est plutôt forte en cet instant). Les affaires se portent bien, ma foi, merci. Il s'éclaircit la gorge et prend appui sur son autre pied. La pêche a été bonne ces dernières semaines, je dirais, même. Son sourire se fait légèrement malicieux au sous-entendu. Et de votre côté, Brigadier, les affaires ? Ont-elles amené de quoi faire des négociations intéressantes ce soir ? » Il hausse un sourcil, la tête légèrement penchée sur le côté, tout en priant ardemment pour que le domestique s'active. Il a vraiment hâte de pouvoir parler librement, d'apaiser la tension entre eux et d'enfin s'emparer de la main que Lionel garde égoïstement contre son flanc, le mufle.
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyJeu 23 Avr 2020 - 3:44

Difficile pour lui de quitter Gearald des yeux, serait-ce une seconde, pour s’adresser à son domestique. Difficile de cacher qu’il le dévore du regard, même, alors qu’il remarque le moindre petit détail de sa tenue et de son allure. Il lui semble encore plus beau qu’à l’habitude (un véritable record), avec ses yeux qui pétillent de malice et ce sourire impossible à faire disparaître, autant que le sien (il en a presque déjà mal aux joues - depuis combien de temps sourit-il, juste à l’idée de voir le pirate, aujourd’hui ?). La moustache discrètement taillée, la barbe entretenue, les cheveux qui semblent si doux, les vêtements dont la facture est admirable, qui mettent si bien en valeur… tout. Ses épaules musclées, sa silhouette élancée. Et ces yeux, doux dieux, ces yeux !
C’est même étonnant qu’il réussisse à parler, en ces circonstances, bien que son bégaiement de circonstance trahisse son véritable sentiment.

La question est accueillie par le silence, puis… par un rire.

Un rire !

Gearald rit et Lionel, lui, pâlit à vue d’oeil devant l’homme qu’il a invité ici, chez lui, afin de lui avouer ses sentiments.
Le pirate rit et le brigadier, lui, se décompose petit à petit, la gorge serrée, le souffle coupé sous le choc de cette réaction aussi inattendue que… que… que tout ce qu’elle fait naître en lui de désagréable et de désespoir.
« Pardonne-moi, je- Et il rit encore, devant un mage qui a oublié comment respirer et dont la tête tourne, soudainement, du manque d’oxygène. Ce n'est pas drôle, je sais. Pardon, pardon. C'est juste que, la tension, elle est presque palpable. Je suis dans tous mes états et… L’inspiration qu’il prend est bruyante, presque douloureuse, comme s’il avait passé trop de temps en apnée. La tension. La nervosité. Oui. Nous ne réagissons pas tous de la même façon. (l’inquiétude de Veillantif, malgré le rassurant de son ton) Laisse-moi recommencer. »

Recommencer.
Le brigadier ferme les yeux, pendant quelques secondes, afin de se calmer et de… recommencer. Reprendre cet échange à zéro. Il les rouvre au son de la voix de Gearald : « Les affaires se portent bien, ma foi, merci. La pêche a été bonne ces dernières semaines, je dirais, même. Lionel ne peut pas s’empêcher de rouler des yeux à peine ceux-ci rouverts, sans toutefois réprimer un petit sourire, qui tremble un petit peu. J’espère que cette pêche s’est déroulée sans anicroches, gronde-t-il faussement, les prunelles à la recherche d’une blessure apparente, d’une nouvelle cicatrice, d’un bandage encore en place. Rien pour l’inquiéter, pour l’instant. Et de votre côté, Brigadier, les affaires ? Ont-elles amené de quoi faire des négociations intéressantes ce soir ? Sa bouche est sèche et il s’humecte les lèvres nerveusement avant de répondre, échouant complètement à prendre un ton qu’il veut nonchalant et détaché (il est toujours aussi peu doué pour la comédie) : Plus qu’intéressantes, j’ose croire, mais je ne veux pas vous gâcher la surprise davantage, notre correspondance a été suffisamment… riche, à ce sujet. » La porte entrouverte se rouvre tout à fait, laissant passer le même domestique, les bras cette fois chargés d’un plateau de victuailles. Enfin, ce n’est pas trop tôt ! Lionel passe quelques doigts autour de son col afin de dégager son cou, pris d’une soudaine chaleur. « Merci, Ian », marmotte le comte, alors que le garçon dispose le pain frais, le vin léger et le fromage sur un plateau, ainsi que quelques fruits d’hiver pour alléger le casse-croûte. Deux coupes sont remplies, puis celui-ci s’incline et disparaît, refermant la porte derrière lui. Les portes de construction ansemariennes sont lourdes et bien isolées, mais Lionel et Gearald les connaissent à la perfection : ainsi, les deux hommes tendent l’oreille jusqu’à ne plus entendre le moindre son. Jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux convaincus qu’ils sont enfin bien seuls.

Là seulement les épaules du mage se détendent, d’un coup, alors que ses bras s’ouvrent pour prendre l’autre homme dans une étreinte sincère. À sa hauteur, Gearald a le visage au niveau de son cou, et son souffle fait naître quelques frissons chez Lionel. « Enfin », soupire-t-il, avant de s’écarter, les deux mains posées sur les épaules du médecin-chirurgien. Son expression digne devenue tellement plus chaleureuse, plus ouverte, tout son corps relaxé, autant qu’il était précédemment tendu comme un arc. Oh, la nervosité est encore là ! Elle lui mord le ventre, lui soulève le coeur, lui coupe le souffle, mais enfin ! Ils sont là, tous les deux, enfin seuls. Tu m’as tellement manqué, c’est presque ridicule, qu’il rit, la voix encore tremblante. Et ce… ce rire, Gearald ! Quel mauvais sens dramatique, tu aurais une carrière théâtrale désastreuse. » Une nouvelle gronderie, bien plus légère. Encore un peu effarée de ce rire inattendu qui lui a donné l’impression de mourir un peu, de s’être trompé affreusement. Mais ils sont là. Tous les deux. Seuls. Et il n’a jamais été aussi sûr de quoi que ce soit.
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptySam 9 Mai 2020 - 3:10

Il voit le visage de Lionel reprendre des couleurs et cela atténue la pointe de culpabilité qu'il ressent, mais de peu. Maudits nerfs… Il veut s'approcher et prendre sa main, simplement, pudiquement, exercer une pression pour lui dire qu'ils sont là, ensemble, dans le même bateau. Regarde combien je suis ridicule, à rire sans raison, alors que, toi, au moins, tu as la décence de feindre contenance. Lui faire comprendre combien il n'est que nerfs et hâte et émotions.
Seulement, ce n'est pas encore le moment. Bientôt. Inspire fort. Il s'exécute et accueille le soutien de son familier avec reconnaissance. Cela lui donne la force de glisser un sous-entendu sur les récoltes récentes de l'Audacia et… miracle, les lèvres de Lionel s'étirent rien qu'un peu. Une vague d'affection pour l'homme l'envahit à cette vue. « J’espère que cette pêche s’est déroulée sans anicroches. » L'expression sur le visage de Géralt se fait plus douce et, en même temps, il serre ses propres mains plus fort pour ne pas avoir un geste regrettable. « Comme vous pouvez le constater, je suis revenu entier. » Il s'en est passé des choses, évidemment, mais le pirate n'a pas récolté de blessures et c'est tout ce qui compte.

Géralt lui demande ensuite l'état des affaires de son côté. Il y a un léger temps de latence qui lui permet de percevoir plus nettement la nervosité, l'appréhension, l'impatience chez l'autre homme. Cela fait écho à sa propre fébrilité. Et, si on s'arrête une seconde, c'est presque inconcevable, tellement c'est irréel. Il y a quatre ans à peine, jamais il n'aurait imaginé que les choses tourneraient ainsi. Ils vivent dans des mondes tellement différents. Contrairement à lui, Lionel est une personne respectable, qui a suivi ce qu'on attendait de lui sans faire souffrir ses proches. Outre cela, c'est aussi quelqu'un de droit, séduisant, attentif, courageux, solide, modeste, et respectueux. Il possède un regard si doux, si intense, par moments, que Géralt en perd la notion du temps et des circonstances. Il est également pudique, méfiant, intimidant, inflexible, imprévisible, parfois insaisissable. Géralt se rappelle encore de 996, leurs retrouvailles, son maintien aussi digne que hautain, et les flammes féroces dans ses yeux qui ne voulaient dire qu'une chose : Rien ni personne ne me fera capituler.
C'est cet ensemble complexe, imparfait, entier qui donne à Lionel toute sa valeur, qui fait de lui une âme si noble, si remarquable. Dire qu'il a choisi de planter sa dévotion aux pieds de Géralt, dire qu'il l'a laissé grandir de manière tellement merveilleuse, de manière tellement émouvante, jusqu'à en arriver à ce moment précis. Géralt se demande parfois ce qu'il a fait pour mériter ne serait-ce que son amitié. Alors, son cœur ? Prions pour que le Destin et Mirta ne décident pas de reprendre ce présent en milieu de route, quel que soit leur destination finale.

Les mots du Rivepierre lui parviennent en décalage, mais il hoche la tête une fois pour montrer qu'il a bien entendu et son sourire s'élargit discrètement. Il n'a cependant pas le temps de formuler une réponse car Ian entre à nouveau dans la pièce, les bras chargés d'un petit festin. Les yeux du pirate sont attirés par le mouvement nerveux de Lionel et son sourire s'adoucit. Ses propres mains tremblant légèrement n'indiquent pas plus de calme. Le pirate rebondit même légèrement sur ses talons, pendant que le domestique installe tout, faute de savoir quoi faire de l'énergie qui le parcourt.
L'homme n'est pas plus long que d'ordinaire, au contraire : le personnel de Lionel est toujours professionnel et efficace. Cependant, le temps semble s'écouler de manière affreusement lente, là. Ian passe aux verres et Géralt expire doucement, fébrilement. Il décide de s'occuper, même une seconde, en déposant sa besace au pied de l'une des chaises. Quand il se redresse, Ian est en train de saluer le brigadier et de s'éclipser.

La porte se referme enfin et Géralt est incapable de ne pas la fixer, comme pour la mettre au défi de se rouvrir et de venir gâcher le moment qui va suivre. La pièce semble bloquée dans le temps alors qu'aucun des deux hommes ne bouge, que leurs respirations sont à peine audibles. Il n'entend presque que les battements sourds de son cœur contre ses tempes. La chaleur qu'il associe à Lionel grandit, grandit, grandit dans son ventre, là, jusqu'à exploser merveilleusement quand Lionel ouvre ses bras avec une tendresse lisible dans tout son corps. Géralt ne se fait pas prier, même s'il oublie momentanément ce qu'est respirer. Il s'engouffre dans l'espace que le Rivepierre crée rien que pour lui, puis, à son tour, l'enserre dans ses bras.

Momentanément, tout s'enflamme, tout s'apaise ; il ne reste ensuite que Lionel, contre lui, autour de lui. Juste l'espace d'un instant, rien d'autre n'existe. C'est bref, ça se joue dans son esprit, il le sait. Il le savoure cependant à sa juste valeur tandis que ses doigts agrippent le tissu au niveau de ses omoplates avec ferveur et qu'il prend conscience de chacun des points de contact entre leurs deux corps. Il n'est peut-être pas suffisamment doux, mais cela fait si longtemps qu'ils ne se sont pas touchés sans restreinte, sans pudeur. Depuis l'enfance, assurément, même si le baise-main volé la dernière fois est probablement l'exception à la règle. Il rougit, caché dans le cou de Lionel, alors qu'il revoit, ressent à nouveau même, les lèvres du brigadier s'approcher de sa main, ses yeux ancrés dans ceux de Géralt. Puis l'effleurement, délicieux, frustrant, audacieux, et son cœur qui bat presque douloureusement dans sa poitrine.

« Enfin. » Le Clairsentier ne répond pas ; il se contente de hocher la tête et de resserrer son étreinte pour lui communiquer combien lui aussi est heureux d'en être là, à cet endroit, au creux de ses bras. Bien trop vite, cependant, Lionel s'écarte et, s'il n'était pas un minimum fier, le pirate aurait sûrement protesté. En l'occurrence, il tient sa langue. Il laisse passer la vague de légère frustration sans difficulté quand il constate la douceur peinte sur les traits du Rivepierre. Géralt sourit sans même s'en rendre compte et frisonne légèrement quand ses mains viennent s'installer sur ses épaules, faisant se contracter ses muscles par réflexe. L'un de ses mains se cale sur la hanche du mage, l'autre remonte doucement le long d'un de ses bras jusqu'à s'installer sur une de ses mains, affectueusement. « Tu m’as tellement manqué, c’est presque ridicule. » Un léger gloussement lui échappe en réponse au rire de l'autre, alors que les émotions lui montent à la gorge. « Et ce… ce rire, Gearald ! Quel mauvais sens dramatique, tu aurais une carrière théâtrale désastreuse. »

Cette fois, c'est un rire qui échappe au pirate, oscillant entre l'embarras et l'affection. Il attrape la main de Lionel et la retourne avant d'appuyer un baiser dans sa paume, ses yeux se fermant momentanément sous le contentement. Il fixe ensuite son regard sur l'autre homme, sa joue prenant la place de ses lèvres, tendrement. Comme si elle y avait toujours eu sa place. Et c'est peut-être le cas. « Pire que ça, je confirme. Pardonne-moi, c'était déplacé, mais la nervosité a pris le pas sur le reste. » Il se retient de dire qu'elle est encore bien là : son ami n'est pas dupe. Il redresse ensuite la tête et récupère la main de Lionel pour la serrer fort entre les deux siennes, entre leurs corps. Il fronce légèrement les sourcils et dit avec un sérieux teinté de détermination et d'affection : « Sache que pas un jour en mer n'a passé sans que je ne pense à toi ou à ce baiser. » Une légère rougeur lui monte aux joues, aggravant son embarras. Il baisse les yeux alors qu'il replace délicatement ses mains autour de celle du Rivepierre. Il déglutit difficilement. « As-tu idée de combien tu as marqué mon âme, Lionel ? Avec ça, mais avec tout le reste, aussi. Depuis tant d'années. Depuis ce jour où je te suis rentré dedans par inadvertance. » Il rit doucement au souvenir alors que son pouce va délicatement caresser la peau de son poignet. Un frisson remonte le long de sa colonne à la réalisation de ce qu'il a le droit de faire, à présent.

Il lève à nouveau les yeux vers l'autre homme, déterminé à vaincre sa nervosité et sa gêne du mieux qu'il peut, pour Lionel, pour qu'il comprenne combien tout ce qui se passe actuellement est aussi monumental pour lui que pour le brigadier. « Sais-tu, mon cher ? » Les deux derniers mots brûlent sur sa langue, avec un léger goût d'interdit, souvenir d'un passé révolu. Paradoxalement, ils sont libérateurs. Ils sont emplis de promesses à peine articulées mais toutes aussi importantes les unes que les autres.
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyMer 20 Mai 2020 - 21:41

Lionel se sent… à la fois ridicule et euphorique. Le rire de Gearald lui donne envie de rire encore plus ; sa main sur sa hanche, l’autre déposée sur sa propre main, tout cela devrait le gêner (les hommes ne se touchent pas comme ça, en Ansemer), mais de ça aussi, il veut uniquement en avoir encore plus. Son estomac se tord de plus belle et il a chaud, alors que la température est parfaitement idéale.

Jamais le brigadier n’a ressenti ces sursauts amoureux, avec Erin, pendant les courtes années de leur mariage. Il avait de l’affection pour la délicate Outreventoise et ils étaient devenus amis, mais jamais ses sentiments n’étaient devenus plus profonds. Une déception amère qui l’avait fait considérer avec moquerie l’enthousiasme délirant des Cielsombrois autour des choses de l’amour.
Ce n’est que maintenant qu’il lui semble comprendre serait-ce une parcelle de tout cela. Même son dangereux attachement de jadis pour Liam n’a jamais été si intense. Et surtout pas partagé, ce qui confère une saveur supplémentaire à cette relation avec Gearald.

Le pirate est aussi nerveux que lui, en témoignent son rire, son corps qui ne semble pas vouloir connaître de position de repos, ses mains qui cherchent les siennes, le baiser déposé au creux de sa paume, sa joue qui y prend la place à la perfection. Comme si elle y avait sa place depuis toujours (il se sent si niais et si incapable de penser autrement, en même temps). « Sache que pas un jour en mer n'a passé sans que je ne pense à toi ou à ce baiser. » Il baisse les yeux brièvement, timide. Né de son impulsion, ce baisemain l’a lui aussi hanté depuis le départ de Gearald. Pour tout ce qu’il annonçait, tout ce qu’il cachait, tout ce qu’il avouait, dans la simplicité du geste.
Il ne lui était jamais venu à l’esprit, de baiser la main d’un homme, et pourtant, ça lui avait aussi semblé tout naturel. « As-tu idée de combien tu as marqué mon âme, Lionel ? Avec ça, mais avec tout le reste, aussi. Depuis tant d'années. Depuis ce jour où je te suis rentré dedans par inadvertance. »

Leurs regards se fuient, que pour mieux se rejoindre. Si longtemps ?, s’étonne-t-il en son for intérieur. N’avais-tu pas compris ? oui et non. Il s’est voilé la face si longtemps, Lionel. « Sais-tu, mon cher ? » Ses deux mains viennent prendre celles de Gearald, les envelopper dans ses paumes larges, pour le plaisir d’en sentir la chaleur, les cals des voyages en mer, à la fois la douceur et la rudesse. Il aimerait les embrasser encore. « Je crois le comprendre, avoue-t-il à voix basse. Pardonne-moi d’être si lent, dans ce domaine. D’avoir tant tardé à comprendre… tout ? », hasarde le brigadier, à la recherche des mots qu’il possède si peu. Il sait que Gearald est patient et celui-ci le laisse trébucher, hésiter, étirer les silences sans que ceux-ci ne deviennent chargés de malaise. Il est patient, il est là, et il ne s’en ira pas. « Le temps a été long, avant que j’accepte ce que j’aime vraiment, mais depuis nos retrouvailles, je n’ai jamais douté. Il marque une pause avant de rajouter : Enfin, tout de même un peu que tu décides de m’égorger dans une ruelle pour ramener mon scalp à tes ami.e.s, glisse-t-il avec un petit rire, moins fort que celui du pirate plus tôt, mais définitivement tout aussi nerveux. Peut-être aussi étrangement taquin, sous l’effroi face à ces pensées de jadis. Mais pas vraiment, en fait. J’ai douté de moi, mais jamais de toi. »

L’aveu n’est pourtant pas total. Il s’arrête encore, en cours de route, en cours de discours, pour reprendre son souffle. Une de ses mains se libère pour aller volontairement cueillir la joue de Gearald, en caresser la courbe de ses doigts, de sa paume, et se déposer ensuite tout juste à la base de son cou. Là où, si son propre pouls ne battait pas la chamade, il pourrait sentir le sien. « Et maintenant… je ne doute plus de moi non plus. Ni de nous. »

Nous.
Qu'il est bon d'être fou.
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyMer 29 Juil 2020 - 20:03

La première réaction de Lionel est de déloger sa main et d'envelopper à son tour celles du Clairsentier des siennes. Ce dernier suit du regard le mouvement inconsciemment, avant de réaliser combien les mains du brigadier sont plus grandes : elles recouvrent presque les siennes, sous cette angle, et cela fait se répandre plein de petites explosions, là, dans sa poitrine. Ca l'émeut pour une raison qu'il ignore. Il déglutit rapidement, pris par surprise, confus d'une telle réaction face à un geste, certes, loin d'être banal compte tenu des circonstances, mais, tout de même, d'une simplicité anodine.

Il relaie cela en fond du mieux qu'il peut ; les émotions restent cependant sous la surface, prêtes à resurgir à tout moment. Son instinct lui souffle, emprunt de sarcasme, que la réponse de Lionel risque de ne pas arranger les choses. « Je crois le comprendre. Pardonne-moi d’être si lent, dans ce domaine. D’avoir tant tardé à comprendre… tout ? » L'hésitation, le trouble sont audibles dans sa voix mais Géralt demeure silencieux. Ils seraient prêts si besoin, les mots rassurants, là, sur le bout de sa langue. Pour que Lionel sache combien il est parfait, que le pirate ne changerait rien de lui, pour rien au monde. Il sait, cependant, que Lionel n'a pas toujours besoin de ces mots. Il s'épanouit dans les silences, dans les regards qui se confrontent, avec ou sans animosité, dans les gestuelles discrètes mais significatives, dans les contemplations sobres. Géralt l'a compris il y a longtemps, même si, parfois, jeune, c'était plus compliqué à respecter.

Seul un bruit lui échappe, au final, quelque chose de discret, pour contredire le fait qu'il est lent. C'est un encouragement aussi, un pardon qui n'est pas nécessaire pour le pirate mais l'est probablement pour le brigadier. De la même manière que Géralt a appris à rester silencieux quand il le fallait, Lionel sait sans doute ce que ce son à peine formé signifie, que c'est sa manière de contribuer sans rien interrompre. Ils se connaissent depuis longtemps, après tout.

« Le temps a été long, avant que j’accepte ce que j’aime vraiment, mais depuis nos retrouvailles, je n’ai jamais douté. » Il lui offre un petit sourire d'encouragement et son pouce va caresser doucement la surface de peau qui lui est accessible. Il comprend, Géralt, tellement. Il a aussi conscience du fait que les choses ont traîné pour Lionel. Le poids du déni a dû être plus lourd chaque nouveau jour sur ses épaules ; le chirurgien imagine combien cela a dû empoisonner l'esprit de son ami. « Enfin, tout de même un peu que tu décides de m’égorger dans une ruelle pour ramener mon scalp à tes ami.e.s. » Géralt laisse échapper un rire surpris et bref en réponse. Il secoue la tête : comme s'il pouvait faire du mal à Lionel intentionnellement. Puis, écorcher un tel visage, quel gâchis ce serait. « Mais pas vraiment, en fait. J’ai douté de moi, mais jamais de toi. »

Vous savez, les émotions qui étaient juste sous la surface ? Elles profitent de cette aveu monumental pour le prendre d'assaut. Il en a le souffle coupé une seconde, deux, avant que ça reparte difficilement, une boule se formant dans sa gorge. Géralt se bat, tellement fort, parce que, malgré toutes ces années dans la piraterie, libre, il n'arrive pas à se débarrasser de certaines idées reçues par moments : il ne doit pas se laisser troubler et ne doit pas exprimer ses émotions. Il aurait l'air fin s'il avait les yeux humides, là, devant Lionel. Ils ont été élevé au même endroit. Ca ne se fait pas ; ils le savent tous les deux. C'est stupide, réellement, cette façon de penser, il le sait, mais certaines habitudes ont la vie dure.

A priori pas suffisamment pour résister entièrement à la main qui se pose sur sa joue avec une tendresse qui donne envie à Géralt de se rouler en boule au sol et de pleurer. C'est pire lorsque les doigts frôlent sa peau et que sa paume s'installe dans son cou, là où il est le plus vulnérable.

Il cligne des yeux, le pirate, parce qu'il combat encore, même si plus faiblement. Il ravale la boule d'émotions, la frêle lueur de désir que les caresses ont fait naître, et il se râcle la gorge. La pause dont a besoin le Rivepierre est la bienvenue, sincèrement. Imaginez davantage de mots qui amèneraient davantage d'émotions donc davantage de perte de contrôle ? Il a besoin de reprendre contenance et fissa. Il doit laisser de côté l'atmosphère tamisée, la chaleur corporelle de Lionel, le velours de sa voix et le sens de ses mots.

(Par Elova, comment est-il censé réussir ?)

Sauf que Lionel a décidé qu'était venu le moment de l'achever, a priori. « Et maintenant… je ne doute plus de moi non plus. Ni de nous. »

Nous.

Bien, bien, bien.

(Ci-gît Gearald de Bauverne, achevé dans la fleur de l'âge par des mots d'amour et de confiance impitoyables. Qu'il repose en paix. P.S. : si vous cherchez le responsable, allez à la cour d'Edenia, il y loge en toute impunité.)

Comment est-ce possible, que le monde continue de tourner comme si de rien n'était alors que Lionel vient de dire nous nous ? Il dramatise, Géralt, il le sait, mais en même temps, c'est tellement immense comme événement. Il a douté fort que ses sentiments soient partagés un jour. Il a cru qu'il ne verrait plus jamais son ami d'enfance. Il s'est demandé tellement de fois s'il avait fait les bons choix. Sa vie a été jonchée de doutes, de culpabilité et du sentiment de ne pas être assez. Jamais qui il fallait pour ses proches, ni pour lui-même. Pas à la hauteur, fugueur, décevant… traître ?
Il n'y avait que cette insensée et ridicule pensée à la base – quand il a pu rouvrir cette boîte : celle que, de tout son entourage, peut-être Lionel serait le plus apte à entendre, à donner une chance, à passer outre le monde pour voir réellement. Pas de suite, avec du temps, mais aussi avec libre-arbitre et courage. Cette idée est restée, comme une maigre bouée de sauvetage, mais les années l'ont fait grandir. Sans réel espoir, pas vraiment puisqu'il n' y a jamais eu de confrontation lors de sa fuite, mais comme une pensée pilier. Elle a été rejointe par bien d'autres en grandissant, avec les expériences, avec l'Audacia, avec la liberté, c'est vrai. Cependant, Lionel est resté une constante dans ses pensées, même lointaine, même quand Géralt ne pensait pas à lui tous les jours. C'était un pivot qui ne payait pas de mine, qui n'était pas toujours la solution, mais dont la présence permettait de conserver la solidité de certaines autres bases. Les bons moments, les phrases marquantes, les sourires, la tendresse subtile et les gages d'amitié… Leur passé commun a parfois fait la différence.
Alors, l'entendre prononcer tous ces mots, c'est comme si une poche de tristesse, de colère, d'anxiété, de doute éclatait soudain, dans ses côtes, près de son cœur, et se déversait aussi douloureusement que salutairement. Comme une brûlure pour cautériser et le baume frais pour calmer la douleur. Une sorte de libération inespérée dont il n'avait pas conscience d'avoir besoin.

En de telles circonstances, c'est inévitable que les yeux de Géralt se retrouvent embués. Il déglutit parce qu'il est hors de question qu'il se mette à pleurer pour de bon – même s'il n'est pas certain de gagner cette bataille, si Lionel lui réserve encore d'autres surprises. L'embarras lui fait porter la main libre à son visage pour cacher les preuves de son trouble, pour se protéger maladroitement de la vulnérabilité qu'il ressent. Il sait que Lionel ne lui fera pas de mal, qu'il sera patient à son tour, mais il a besoin de quelques secondes pour maîtriser son corps, ses émotions, son trouble, son existence. Il perd un peu pied, le pirate : le Destin vient de lui offrir un cadeau inestimable et tellement précieux qu'il ne sait pas exactement comment le manipuler ou en prendre soin. C'est en partie le choc qui parle car il sait, inconsciemment, qu'ils apprendront à deux, mais là, c'est beaucoup plus qu'il n'est capable de gérer.

Il inspire fébrilement, le regard caché, et un rire dérisoire lui échappe, humide lui aussi. « Bon sang, si tu me fais perdre tous mes moyens dès le début, je vais pas survivre à notre soirée. A notre vie. » Il renifle discrètement une fois et ignore délibérément ce que provoquent en lui ces deux derniers mots. Il libère ensuite sa main de celle de Lionel et entreprend de s'essuyer les yeux – de manière absolument pas discrète, étant donné la proximité avec Lionel. Il est gêné, le Clairsentier, au point qu'il n'ose pas croiser le regard de son ami. Par tous les dieux, peut-être même qu'il rougit ? Il libère ses yeux rougis malgré lui et annonce sans préambule, à moitié marmonné : « Donne moi à nouveau tes bras, Lionel. » Ce n'est pas un ordre, mais il en a vraiment besoin – et putain d'embarras.

Il s'avance sans attendre et prend place contre son torse. Ses bras s'enroulent autour de sa taille sans hésitation et il enfouit son visage dans son cou, où il inspire doucement, avec concentration. Il a besoin d'un cocon momentané, le temps que l'embarras le quitte, le temps qu'il se reprenne totalement, le temps qu'il puisse à nouveau supporter l'existence du monde en dehors de leur bulle à eux, le temps qu'il se recentre. Et honnêtement, en cet instant, il n'y a rien de plus apaisant que la pression du corps de Lionel contre le sien. Rien de plus exquis que sa chaleur et son odeur autour de lui. Rien de mieux pour l'ancrer dans la réalité sans qu'il ne panique.
Géralt n'a jamais eu besoin de personne pour survivre, il s'est construit seul une bonne partie de sa vie, il est indépendant, il sait se protéger seul. Pourtant, parfois, le contact d'un autre humain, son énergie, son affection font toute la différence. Lionel fait la différence, en cet instant.

Puis les mots sortent de nulle part. « Y a rien à pardonner, d'ailleurs. » Il resserre son étreinte autour de Lionel momentanément, histoire de puiser un peu plus de force, avant d'oser enfin s'écarter suffisamment pour lui faire face. Un léger sourire aux lèvres, le sérieux dans les traits, mais la tendresse dans la voix. « Les choses se sont faites comme elles devaient se faire. Je n'aurais pas pu espérer mieux. Ses yeux fouillent les siens en même temps et l'une de ses mains va se poser dans la nuque du Rivepierre, jusqu'à ce que ses doigts s'enfouissent à la base de ses cheveux. Est-ce que tu réalises à quel point j'ai de la chance de t'avoir contre moi en cet instant ? » Tellement de non-dits pourraient suivre cette phrase, mais ce n'est ni le lieu, ni le moment. Une caresse du pouce, les sourcils qui se froncent. « Je vais avoir l'air vraiment très niais pendant un instant, alors pardonne-moi d'avance, mais… Un raclement de gorge, le rouge qui monte doucement aux joues. Tout ça est parfait. Tu es parfait à mes yeux. Tes défauts, tes lubies, tes moments moins glorieux aussi. Tout en toi, du plus sombre dont je n'ai pas idée au plus lumineux que tu caches par modestie. Tout est parfait. Parfait pour moi. Et mes mots sont pesés, réfléchis et assumés. » Il grimace légèrement, un léger rire aux lèvres. Il sait qu'il est en train d'embarrasser Lionel – et lui-même –, mais il veut que les choses soient claires. Il a besoin d'exprimer à Lionel combien il compte pour lui, combien sa présence dans sa vie est précieuse. « C'est probablement aussi atrocement prétentieux de ma part. Mais je m'en contrefous. » Un sourire plein, cette fois, adressé directement à Lionel.
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Lionel de Rivepierre
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Âge : 38 ans.
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Rôle : Brigadier au service de la matriarche Gaïane, comte de Rivepierre
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Message(#) Sujet: Re: Je marche à toi Je marche à toi EmptyDim 9 Aoû 2020 - 8:59

Le regard de Gearald brille, embué au fur et à mesure que l’Ansemarien ouvre son coeur avec prudence, à demi-mots, craignant bien trop une terrible fatalité, en dépit de tous ses instincts qui ne font que le pousser vers l’avant. Le chemin qu’il parcourt à l’instant, il a eu tout le loisir de le quitter, de laisser ses pas le guider ailleurs, de ne jamais l’emprunter, même. Ne jamais répondre à la lettre ironique de Gearald, suite à sa nomination auprès de la matriarche Gaïane, laisser son amitié enfantine et adolescente avec le Bauverne dans le passé, les souvenirs se teinter d’amertume en regard d’un présent point à la hauteur de la noblesse d’âme de son ami. Ne jamais se laisser aller à sa curiosité, à leurs rencontres, à leurs confidences, à ce partage mutuel qui a reconstruit les ponts entre eux. Reconstruit ce qui déjà existait timidement, sans être dit, sans être avoué. Lionel aurait pu tourner le dos à tout cela il y a longtemps et il ne l’a pas fait. Il ne regrette pas. « Bon sang, si tu me fais perdre tous mes moyens dès le début, je vais pas survivre à notre soirée. A notre vie. » Le brigadier rit avec son compagnon, le coeur palpitant. Notre vie. Il a déjà la tête légère, même sans bière, sans whisky. « Donne moi à nouveau tes bras, Lionel. » Il ne peut pas lui refuser une telle demande et c’est sans davantage se faire prier qu’il ouvre les bras pour une nouvelle étreinte, plus étroite encore. Forte de tout ce qu’il vient d’avouer de ses mots tremblants et hésitants, pourtant portés par l’assurance tranquille que ce qu’il fait est la bonne chose. Que ce qu’il dit est vrai, sincère.

Cette étreinte est bien différente de la précédente, maintenant qu’il a dit… tout cela. Lionel a imaginé cette scène une centaine de fois, au bas mot, dans l’angoisse de cette rencontre, et aucune simulation n’arrive à la cheville de la réalité. De sentir le souffle redevenu paisible de Gearald, contre son cou.

Le chirurgien reprend la parole, sans prévenir, et c’est autour du comte de se faire patient et à l’écoute. Prêt à écouter ces fameuses niaiseries, un sourire doucement moqueur sur les lèvres, appréciant grandement la vue de son ami avec les joues rosies comme celles d’un adolescent. « Tout ça est parfait. Tu es parfait à mes yeux. Tes défauts, tes lubies, tes moments moins glorieux aussi. Tout en toi, du plus sombre dont je n'ai pas idée au plus lumineux que tu caches par modestie. Tout est parfait. Parfait pour moi. Et mes mots sont pesés, réfléchis et assumés. » Ah ! Il avait l’air bien malin, prêt à se moquer gentiment de Gearald, mais le voilà avec lui-même les joues empourprées, le Lionel ! Il ne sait plus où se mettre (potentiellement sous le tapis), voudrait se cacher quelque part pour se sauver de ces aveux aussi tendres que gênants. Seulement, ça impliquerait de se détacher de l’homme, de ne plus sentir sa main sur sa nuque. « C'est probablement aussi atrocement prétentieux de ma part. Mais je m'en contrefous. Le Rivepierre tente de garder son sérieux, ses yeux noirs plongés dans ceux si bleus du Clairsentier. Tu as raison. C’est très niais. » C’est à lui d’avoir un rire qui pourrait être déplacé, s’il n’était pas si doux. On dit bien que la perfection est dans l’oeil de celui qui regarde, n’est-ce pas ! Il irait bien taquiner Gearald que pour le coup, son regard est peut-être un peu bigleux, pour ne pas dire potentiellement aveugle, mais il est trop touché pour la blague. Le coeur tordu comme celui d’un adolescent. Lionel aime l’idée que ses failles et ses faiblesses puissent être embrassées avec autant d’ardeur que ses forces, et que cet homme incroyable l’apprécie ainsi.

Les prunelles descendent des yeux de Gearald jusqu’à sa bouche. La regardent trop longtemps pour que ça ne devienne pas gênant. « J’aimerais… » Sa voix casse, s’enroue autour de la demande qu’il n’ose pas formuler encore tout à fait. Il se redresse un peu et roule des épaules, comme pour y dénouer une tension particulièrement tenace, ceci alors que le désir se joue plutôt dans ses entrailles, au centre de son corps. Une boule de chaleur qui brûle avec tant de force, sans le consumer, sans le blesser. « J’aimerais… J’aimerais t’embrasser. » Gearald sait tout. Il sait qu’il n’a jamais été avec un homme, d’aucune façon. Pas même un peu, pas même pour essayer, pas même pour rire. Il sait que sa vie d’homme marié est loin et que sa vie de tous les jours en est une d’ascète, sur ce point précis, alors que sans aucune pression de chercher épouse et de faire des enfants, Lionel n’a pas besoin de se forcer à quoi que ce soit. Il connaît son éducation, ses réticences, ses limites, tout ce qui existe en conflit en lui et qui pourtant, ne l’empêche pas d’énoncer cette demande.

Le ton non pas timide, mais étrangement assuré. Le regard prudent, le corps tendu, aux aguets, alors qu’il demande la permission. Ou peut-être, d’une certaine façon, qu’il la donne à Gearald, la permission de l’embrasser lui. En supposant que lui aussi veut bien… veut bien, tout simplement. De lui, de ça.
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