Contexte

Au début des temps, le continent était vierge de vie.

Puis sont arrivés les empereurs-mages, d’une contrée fort lointaine, et ils nommèrent leur terre Arven.
Ils installèrent leur palais parmi les nuages au-dessus du désert, et ancrèrent leur domaine céleste à la montagne. Ils peuplèrent le continent de leurs esclaves, et récompensèrent les plus méritants de leurs serviteurs en leur donnant la liberté de commander leurs semblables.
Ainsi, les empereurs-mages régnèrent sur Arven pendant des siècles, retranchés dans le cénacle de leur palatinat, loin des hommes qui foulaient la terre au-dessous d’eux.

Puis vint l’Âge Noir - apparue soudainement, une épidémie impitoyable ravagea le continent et plongea la population dans une anarchie qui dura près d’une décennie, noyant dans son sillage toute l’histoire passée d’Arven.
Lorsque la maladie finit par s’éteindre, la capitale des seigneurs souverains était silencieuse - les premiers courageux à oser s’y rendre, bravant l’interdit des empereurs, découvrirent une cité merveilleuse… et complètement désertée. Impossible de savoir où les empereurs s’en étaient allés : le peuple des hommes était soudain livré à lui-même, et le Palatinat de l’Ancrage était vide de toute vie.

Dans les décennies qui suivirent, les différents territoires émergèrent et se définirent par leurs coutumes et leurs traditions. L’Ancrage restait vide, car nul n’osait braver le courroux des empereurs-mages en s’attribuant leur domaine abandonné… jusqu’à ce que, finalement, les souverains du continent ne finissent par en décider autrement. C’est du désert d’Arhab, veillant sur l’Ancrage depuis des décennies, que vint la proposition de faire du palatinat un territoire libre, réunissant toutes les nations pour éduquer conjointement leurs enfants dans les arts raffinés de la magie et du savoir.
Et tandis que des guerres secouaient le continent au fil des années, l’Ancrage sut rester libre de tout conflit, gouverné par ses échevins élus à intervalles réguliers. Il continua à assurer la sécurité de ses habitants, prospérant tout autant grâce à l’Académie qu’avec l’appui de la Guilde de la Nuit. La tradition de neutralité d’Arhab permit la circulation des biens et des êtres, et tout le continent profita d’un commerce plus aisé entre les nations concurrentes.

Mille ans après la transformation du palais des empereurs-mages en Académie, le continent a évolué et ses habitants ont grandi. Chaque nation a suivi son propre chemin.
• En Déméria où la magie brille plus fort qu’ailleurs, les champs et les vergers nourrissent le continent de leurs récoltes, et l’art sous toutes ses formes est fort prisé, déguisant la cruauté sous un vernis raffiné. Traditionnellement gouverné par les femmes, le Matriarcat est, depuis quelques années, dirigé par la reine Gaïane, femme forte et indépendante, dotée d'une poigne renommée.
• En Ansemer où l’océan est tout aussi important que les forêts denses, c’est un trio qui dirige le Triumvirat : un amiral pour les flots et les navires marchands qui les arpentent, un consul pour toutes les questions juridiques et civiles de la vie au quotidien, et un tribun pour les armées qui défendent le royaume contre les pirates. Le profit est placé au centre des décisions politiques, et il arrive parfois que la cupidité des hommes provoque l’instabilité.
• En Sombreciel où l’esprit resplendit tout autant de génie que de folie, les excès en tout genre provoquent tout autant de progrès que de désastres. Les ingénieux inventeurs côtoient les déviants les plus extrêmes ; mais la famille royale a toujours réussi à sauver la nation. La grandeur et la décadence de la Polyarchie ont toujours amusé ses voisins, tout aussi fascinés que révoltés par les multiples mariages des souverains.
• En Abyme où la sombre menace tapie dans les profondeurs a créé une nation de guerriers solennels, la dévotion aux dieux a toujours permis aux hommes de se réconforter dans leur foi. Entêtés et loyaux, leurs ingénieurs méticuleux contribuent à sécuriser les routes qui traversent le sous-sol du continent entier. Constituée de plusieurs citadelles alliées, la Confédération souterraine accueille tous ceux qui souhaitent s’y réfugier.
• En Arhab, la mer des dunes s'étale au centre de tout, sertie au creux d’un anneau de montagnes. Imprenable et fortifié, gardé par ses sentinelles et l’union insolite de la magie et du savoir, veillant avec vigilance sur l’Ancrage qui flotte paisiblement dans ses cieux, le Sultanat est gouverné par un sultan prudent et rusé, qui place la sécurité de son peuple nomade au premier rang de ses priorités - quitte à devoir se méfier des étrangers.

Bénis soient-ils, ces hommes naïfs et insouciants, bienheureux ignorants des multiples périls qui pourraient bien planer sur le continent…