L'effigie de la vanité

(#) Sujet: L'effigie de la vanité Ven 16 Oct 2020 - 13:20

Livre I, Chapitre 2 ▬ Trois petits tours

L'effigie de la vanité

Bartholomé de Bellancre & Mélusine de Séverac

8 septembre 1000

• Statut du RP : Privé
• Résumé : Bartholomé se fait construire une nouvelle vivenef, qu'il est tout fier de présenter à sa maîtresse.
• Recensement :

Code:

• [b]8 septembre 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t446-l-effigie-de-la-vanite#5185]L'effigie de la vanité[/url] - [i]Bartholomé de Bellancre & Mélusine de Séverac[/i]
Bartholomé se fait construire une nouvelle vivenef, qu'il est tout fier de présenter à sa maîtresse.

(#) Sujet: Re: L'effigie de la vanité Ven 16 Oct 2020 - 13:21

D’accord, c’est impressionnant, tous ces ouvriers qui s’affairent dans les chantiers navals de Port-Liberté ; et tu dois bien admettre que voir le squelette d’une vivenef émerger de nuages de copeaux est un spectacle inédit qui t’a un peu remuée. Les ouvriers mettent un tel soin dans leur travail du bois ! Tu as bien compris qu’ils tenaient leur langue devant toi (ce n’est pas tous les jours qu’une très noble dame étrangère visite les ateliers en compagnie du ministre des armées en personne), mais Précieuse a laissé traîner ses oreilles et t’informe que les travailleurs semblent aimer leur mission. Tu n’as jamais été attirée par les activités manuelles, de ton côté ; même petite, quand vos précepteurs vous faisaient jouer avec de la peinture à doigts, Mélisende peignait des fresques murales avec tout le sens artistique d’une enfant de quatre ans débordant d’enthousiasme, tandis que toi, tu refusais ne serait-ce que de toucher la substance colorée, refusant de te salir ! Alors, la sculpture sur bois, bon… Mais cela ne t’empêche pas d’apprécier à sa juste valeur le talent des artisans de la capitale ansemarienne, le ministre délivrant une foule de détails à ton oreille, du ton monocorde de celui qui réalise cette visite vingt fois l’an avec des dignitaires différents. Tu ne sais pas exactement s’il honore la sœur du roi Castiel ou la maîtresse de l’amiral Bartholomé, mais tu apprécies quand même la sortie organisée à la suggestion de ton amant.
Qui n’est nulle part en vue ; sûrement occupé avec les affaires d’État que tu trouves si fastidieuses et auxquelles il est enchaîné. C’est d’ailleurs sûrement pour pouvoir gérer les affaires quotidiennes tranquillement qu’il t’a proposé de faire cette sortie avec son ministre. C’est tout de même intéressant, et tu l’en remercieras – tu ressens même une pointe de culpabilité de voir les efforts déployés pour concevoir un bâtiment que vous allez sûrement réduire en allumettes, avec le reste de l’équipage de l’Audacia, dès que l’opportunité s’en présentera.
Pauvres ouvriers.

« Et dans cette partie de l’arsenal, se trouve l’atelier du maître-sculpteur qui réalise actuellement la figure de proue du navire, qui… » Le monologue du ministre continue, et tu lui emboîtes machinalement le pas, perdue dans tes pensées, observant distraitement les artisans au travail dans les différentes salles que vous traversez. C’est un grand honneur, que d’assister à l’assemblage de la nouvelle vivenef personnelle de l’amiral, tu en as bien conscience ! Vous finissez par arriver devant les portes de l’atelier où officie l’homme chargé de sculpter la figure de proue, et le ministre s’embarque dans de nouvelles explications débitées toujours sur le même ton. Un sourire poli sur le visage, tu attends qu’il t’ouvre les doubles portes de la grande salle, et tu y entres d’un pas léger, adressant un signe de tête gracieux à l’artisan qui te salue avec moult salamalecs. Il a l’air extrêmement fier de te présenter son travail, et en effet, il y a de quoi : toi-même, tu en restes bouche bée.

Tu es encore stupéfaite quelques heures plus tard, en fin de journée, lorsque, de retour au palais, l’amiral en personne s’en vient te rejoindre dans le petit salon privé du luxueux appartement mis à ta disposition le temps de ta visite. Congédiant d’un revers de la main la domestique qui s’affairait, tu te lèves pour l’accueillir, le sourcil délicatement froncé. « Pourquoi as-tu commandé une vivenef à l’effigie de ma sœur ? » demandes-tu, croisant fermement les bras devant toi.

(#) Sujet: Re: L'effigie de la vanité Mer 4 Nov 2020 - 4:02

Il aurait pu accompagner Mélusine pour la visite qu’il lui a organisé. Il aurait pu lui faire faire la visite lui-même, tellement il connaît sa vivenef par coeur déjà. Le bâtiment qui se dresse, déjà bien avancé, dans les chantiers navals de Port-Liberté, est son oeuvre. Tout comme il a passé de nombreuses heures - souvent à la lueure de la flamme des chandelles - sur les plans de la Blanche-Ardoise, celle-ci, encore sans nom, à eu droit à son lot de nuits blanches passées devant des plans et des esquisses. Il n’a pas besoin qu’on lui explique, pour comprendre ce que les lignes et les chiffres portés sur papier deviendront une fois sur l’eau. Il sait. Il sait de toute l’expérience qu’il a, il sait des années passées en mer, mais aussi de celles sur terre à organiser la flotte, commerciale et militaire. Il aurait sans doute pu répété chacun des mots du ministre des armées ; peut-être auraient-ils été teintés d’une nuance plus délicate qui auraient fait écho à ces souvenirs que seulement Mélusine auraient compris.

Mais il avait effectivement à faire. Et il souhaitait aussi un peu laisser à sa maîtresse la découverte seule de la surprise qu’il lui faisait. Et en totale vérité, il n’était pas certain de sa réaction. C’était le problème, avec elle. Elle n’était pas l’une de ces Ansemariennes qu’il pouvait prédire. C’était le problème, mais c’est aussi là le charme, n’est-ce pas? En serait-elle ravie? Il l’espérait, oui. Il n’était pas trop tard pour changer les traits, le cas échéant, ou bien tout recommencer. Mais si le choix était quelque peu impulsif - leur relation ne s’étirait même pas encore sur une année entière - c’était aussi un message. Pour elle, pour sa femme, pour le peuple, pour Castiel de Sombreflamme peut-être même un peu. C’était sa soeur, après tout, et il n’avait pas la moindre idée de comment ce dernier prenait leur relation - était-il seulement au courant? Ils avaient été relativement discrets, jusqu’à maintenant… Ce serait impossible de le cacher une fois sa vivenef dévoilée, malgré tout.

C’est en fin de journée qu’il se doit de la rejoindre dans les appartements qui lui sont offerts pour sa visite au palais. Bartholomé a eu le temps de se changer : troquer les apparats officiels pour une chemise de lin brodée. Il a fait préparé un petit festin qui devrait leur être servi un peu plus tard, mais s’est assuré que pour patienter à sa venue aie été servi à sa dame un délicieux plateau d'huîtres. C’est la saison, elles sont délicieuses à ce temps de l’année après tout !

L’état dans laquelle il la retrouve, quand il arrive finalement, n’est pas vraiment celui qu’il avait espéré. Pas du tout. L’incompréhension s’empare d’abord de ses traits, alors que la domestique quitte et les laisse seuls. « Ta soeur? » Mais aussitôt ces deux mots prononcés qu’il comprend. « Mélisende. » Elle sont jumelles. Le détail lui avait échappé. Échappé, parce qu’en vérité, il n’a jamais rencontré sa soeur ! Le questionnement sur son visage se mue en une certaine irritation. Il contourne la Cielsombroise, clairement agacé que la surprise qu’il lui ait fait n’ait pas eu l’effet escompté, et fait quelques pas dans le petit salon sans vraiment la regarder. « Mais vous êtes jumelles ! Et je n’ai jamais… » Il ne termine pas sa phrase, se refusant à une explication inutile, alors qu’il se retourne pour faire face à la jolie brune. Les épaules reculées, le menton redressé, prestance royale ; une guerre d’égo. « Je te fais un tel honneur et c’est tout ce que tu as à me dire? »

(#) Sujet: Re: L'effigie de la vanité Sam 7 Nov 2020 - 20:54

Tu t’étais fait une telle joie de revoir Bartholomé ! Tu ne saurais définir exactement votre relation – tu es une de ses maîtresses, mais une qu’il n’affiche pas, contrairement aux autres – mais il n’en reste pas moins que tu t’es attachée à cet homme charismatique, doté d’un tempérament tout aussi tempétueux que le tien. Peut-être est-ce là précisément ce qui t’attire chez lui, le fait qu’il sache te tenir tête avec tout autant de mauvaise foi que toi, et qu’il parvienne tout de même à faire en sorte que tu te sentes appréciée, même lorsqu’il a le dessus dans vos disputes ? Peut-être, entre autres choses.

Et il s’agace, le tout-puissant amiral des flots, fronçant le sourcil devant ta question que tu estimes pourtant fortement légitime. Quelle prestance ! Un vrai souverain, dans toute ta posture, et tu relèves le menton en réponse, tout aussi campée sur tes positions et déterminée à lui faire avouer la vérité. C’est ton ego, au fond, qui s’insurge et qui rugit : tu n’as jamais envisagé que Bartholomé puisse se détourner de toi avant que tu n’en aies toi-même décidé. Tu n’es pas de celles que l’on quitte, Mélusine ! Tu sais bien que votre relation n’est pas de celles qui aboutissent sur une union pour la vie, devant les dieux comme devant les hommes ; mais c’est toi qui décideras de son terme, il ne peut en être autrement ! Question de fierté. Même si tu n’as aucune envie que tout se termine maintenant, c’est trop tôt – beaucoup trop tôt, même, si ton cœur meurtri a voix au chapitre.

Sa réponse te coupe le souffle. Tu es forcée de reconnaître que celle-là, tu ne l’avais pas vue venir ! Tu es prise de court, et ta colère se volatilise dans ces revirements d’humeur dont tu es coutumière. « C’est moi… ? » demandes-tu dans un murmure incrédule. C’est bien la première fois qu’un geste aussi démesuré est accompli en ton hommage ! Incrédule, tu portes la main à tes lèvres – et tes doigts tremblent un peu. Tu connais l’investissement demandé par l’armature d’une vivenef ; tu sais qu’il faut un budget colossal, et que les figures de proue animées apportent un prestige considérable à leur propriétaire. Et lorsque l’effigie est à l’image d’un modèle humain – cet honneur est indescriptible.

Et le monde entier va savoir.
Dès que cette vivenef prendra la mer… Impossible de continuer à cacher ton statut de maîtresse. Les autres liaisons de Bartholomé connaissent sûrement ton existence, mais tu n’es pas une menace pour elles ; et tu n’es pas non plus un danger pour son épouse. Tu ferais une amirale désolante, elle le sait certainement. Mais dès que cela se saura plus largement… ! Là, tu prendras une place de favorite qui s’accompagne nécessairement d’une dimension politique impossible à nier, de par tes liens avec le souverain de Sombreciel. Un brin de panique vient enserrer ton cœur et tu braques un regard éperdu sur ton royal amant. « C’est moi. » émets-tu dans un souffle angoissé, forçant ta gorge serrée à fonctionner. « Bartholomé, tout le monde va savoir, est-ce que tu es sûr… ? » Sûr de lui ? Sûr de votre relation ? Sûr de t’aimer suffisamment pour le clamer aussi ouvertement au reste du continent ?

(#) Sujet: Re: L'effigie de la vanité Lun 9 Nov 2020 - 19:03

Elle se calme. Il le voit aussitôt, dans la posture de son corps qui change légèrement, dans le geste de ses doigts portés à ses lèvres, dans le questionnement qu’elle prononce comme un murmure. La surprise est évidente, mais la réalisation de ce qu’elle implique rapide. L’affirmation suivante est plus angoissé, et il décèle le poids du cadeau qu’il lui fait.

Lui-même ne se calme pas aussi rapidement. Ils sont différents, sur ce point. Si leurs colères et leur entêtement peuvent rivaliser, Mélusine est changeante. D’une émotions à l’autre, comme si chacun de ses ressentis étaient une note et qu’elle même était la musique. Mais l’amiral est océan, et les tempêtes font des vagues qui mettent un temps à se calmer. Le regard de Bartholomé se fait encore dur sur elle. La question est légitime, évidemment. « L’es-tu? » Pourtant il n’y répond pas.

Est-ce que lui l’est? Il ne s’est pas posé la question. Il a pris la décision dans un élan d’impulsivité - assurément au lendemain d’une nuit agréable en compagnie de la Cielsombroise. Mais il n’a pas reculé. Et il ne compte pas le faire.

Il a déjà droit aux regards désapprobateurs de Liam et d’Ermengarde alors qu’il s’affiche de plus en plus au bras de ses maîtresses. Mais jamais ils n’ont osé lui faire la remarque. Ce qui n’est pas le cas de Bacchus, mais la réponse de Bartholomé a suffit à ce que son oncle ne reprenne plus le sujet. Pourtant, Mélusine a raison. Cette fois, le chemin qu’il s’apprête à emprunter n’est plus simplement que de petites rue de campagnes qui suivent la grande route. Mélusine n’est pas seulement noble, - ses maîtresses le sont également après tout - elle est surtout la soeur du polyarche. Afficher ouvertement leur relation de la sorte se veut à la déclarer favorite, ce qui est la plus haute distinction qu’il peut lui offrir sans la marier. Ce qui est impossible puisque l’on ne divorce pas en Ansemer. Et si en la nation de la guerre et de la conquête Guenièvre officierait toujours comme amirale, en Sombreciel ce serait à présent elle, Mélusine, qui représenterait l’amiral. Ce serait sa favorite qui serait à son bras, lors des visites diplomatique, chez leur voisin cielsombrois, mais possiblement aussi en Déméria et en Arhab, où elle possède d’ailleurs un domaine.

Est-ce que lui est sûr? Oui. Non. Jamais il ne le sera vraiment. Mais il a déjà choisi.

« L’es-tu, Mélusine? » qu’il répète. Son regard se fait encore dur, ses bras croisés devant lui dans une pose qui rappelle celle que sa maîtresse présentait quelques instants plus tôt. Mais s’il pose la question, il ne lui donne pas vraiment le choix. Elle a déjà choisi, l’instant qu’elle est revenu auprès de lui. Le moment où elle a répondu à sa demande de le retrouver, cette seconde fois où ils s’étaient croisés. Elle a choisi encore et encore, chaque fois qu’ils se sont vus, chaque fois qu’ils se sont enlacés, chaque fois que malgré les arguments et les disputes, elle soit restée. Et c’est bien à cause de tout cela, qu’il lui offre à présent ce qu’il n’a jamais offert à aucune de ces autres femmes. Parce qu’elle n’est pas comme elles ; elle n’est pas l’une de ces Ansemariennes qui se contente de ce qu’il donne. Sa façon de lui tenir tête, sa façon de devancer ses envies et de le surprendre. Sa façon de s’offusquer de ce qu’il lui offre, même ! Sans le savoir, c’est elle, qui l’a poussé à ce qu’il s’apprête à faire.