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 En un souffle, la douleur

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Message(#) Sujet: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptyMar 7 Juil 2020 - 14:53




Livre I, Chapitre 1 ▬ Le Renouveau

En un souffle, la douleur

Samuel le Sulfure & Hortense la Crételle


10 juin 1000


Statut du RP : Privé
Résumé : Lors de l'exploration du temple, Samuel découvre deux squelettes et un carnet. Lors de la lecture de ce dernier, il se rend compte qu'il a en réalité découvert les restes des parents d'Hortense. Il est donc de sa responsabilité de lui annoncer la triste nouvelle.
Recensement :

Code:
• [b]10 juin 1000 :[/b] [url=http://arven.forumactif.com/t336-en-un-souffle-la-douleur]En un souffle, la douleur[/url] - [i]Samuel le Sulfure & Hortense la Crételle[/i]
Lors de l'exploration du temple, Samuel découvre deux squelettes et un carnet. Lors de la lecture de ce dernier, il se rend compte qu'il a en réalité découvert les restes des parents d'Hortense. Il est donc de sa responsabilité de lui annoncer la triste nouvelle. .
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Message(#) Sujet: Re: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptyMar 7 Juil 2020 - 14:53

Faute d’avoir de quoi recopier ce qui est inscrit sur les stèles, Hortense se décide à remonter rejoindre les autres, toujours escortée du comte de Rivepierre. Ils auront peut-être plus de matériel, là-haut. Une chose est sûre, ils ne peuvent pas passer outre cette incroyable découverte. Hortense se sent revigorée, une vraie aventurière. Elle a plongé dans les fins fonds d’un vieux temple et découvert une énigme qui pourrait retracer l’histoire d’Arven. Il ne leur restera plus qu’à déchiffrer ce que tout cela signifie, à percer les mystères de ces étranges écritures. Hortense ne s’est jamais sentie aussi euphorique : une découverte, sa première ! Elle a comme l’impression d’être devenue en quelques secondes une vraie aventurière, mieux, une vraie archéologue.

A son retour à la surface, elle voudrait courir vers Rodrigue pour lui faire part de ses découvertes, mais elle n’ose plus parler au jeune homme pour le moment. Il leur faut du temps, beaucoup de temps. Si d’autres ont été plutôt prompt à pardonner Hortense, ou du moins à lui parler un peu, elle a bien peur qu’en ne laissant pas assez d’espace à Rodrigue il finisse par lui sauter à la gorge. Et elle ne pourrait même pas lui en vouloir. Alors Hortense attend plutôt le retour de Mélisende pour lui raconter ce qu’il s’est passé, quelques étages plus bas.

Le temps passe, d’autres groupes finissent par remonter à la surface. Certains s’étaient enfoncés plus loin dans les profondeurs (quelle chance, ne peut-elle s’empêcher de penser !). Au fur et à mesure, on entend plusieurs récits, des détails sur ce que renferment les étages du dessous. L’image d’un temple riche en histoire, en traditions, en ressources commence à se dessiner à mesure que les groupes d’exploration reviennent. Une vraie mine d’or. Il parait même que des squelettes ont été retrouvés. Tout de suite, Hortense imagine de multiples scénarios : se pourrait-il que ce soient deux personnes qui vivaient autrefois près du temple ? Qui ont participé à sa construction ? Voire pour qui ce temple a été érigé ? Sans contexte, la demoiselle se laisse aller à son imagination en espérant que toutes ces découvertes provoqueront aussi un élan d’enthousiasme chez les autres survivants et que de véritables historiens pourront alors prendre le relais, revenir ici, et leur donner plus de précisions et de réponses quant à ce qu’ils ont trouvé.

Plus tard, dans la soirée, alors qu’on commence à préparer le dîner, Hortense voit un homme s’approcher d’elle. Elle le connait de vue. A force, elle commence à connaitre par coeur l’ensemble des visages qui l’accompagnent dans cette étrange expédition improvisée depuis le crash. Elle ne lui a, en revanche, jamais parlé. Elle ne semble même pas connaître son prénom. Hortense lui sourit, il semble vouloir lui dire quelque chose. Intriguée, elle l’invite à s’asseoir à ses côtés tandis que le dîner est sur le point d’être servi.
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Samuel le Sulfure
Samuel le Sulfure

Âge : 35 ans
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Nation : Sombreciel
Rôle : Dame d'Euphoria
Familier : Caliban, renard argenté
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Mes dieux tutélaires: Mirta, Abelion, Sigyn
Message(#) Sujet: Re: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptyMar 14 Juil 2020 - 12:08

Le cauchemar ne s’arrêtera jamais.  Epuisé, fourbu de tous les côtés, chaque geste, chaque pas depuis l’atterrissage en catastrophe – pour ne pas dire l’explosion, mot qui fait trop frissonner et embrase l’esprit d’un philosophe perdu d’images dangereuses – du zeppelin a été une torture pour celui qui est (croit-il) la dame d’Euphoria. Des jours et des nuits à se sentir misérable, à savoir son corps entaillé, brisé, malmené en des manières qu’il n’aurait même pas songé possibles. Il a dans la bouche l’arrière-goût perpétuel de son sang et l’impression de mordre à jamais un cri qui l’étouffe sans jamais pouvoir sortir.
Samuel n’en mène pas large, comme la moitié de leur équipage. Battu par l’atterrissage, grièvement blessé – encore qu’il se refuse à se considérer comme tel, sa mémoire va revenir, il le sait – le Cielsombrois fait de plus partie de ceux, sans doute, les moins adaptés à crapahuter parmi les fauves inconnus et la toxique flore. Il est une dame, enfin ! Une créature de raffinement et de douceur, de plaisirs et de tendresse. De propreté. Un fantasme à l’odeur de lys et à la peau soyeuse, doucement alangui sur du velours quand au-dehors le soleil couchant embrase le ciel et teinte la scène d’or et de sang.

Comme il en est loin, aujourd’hui. Ses cheveux vaguement peignés, retenus lâchement en arrière ; sa peau couverte ici et là de saletés, de suie, de terre, lui donnant l’air de sortir d’un combat contre un vaillant buisson. Sous son bras sont sécurisés deux carnets qu’il a remonté de sa récente expédition dans les profondeurs du temple où leur communauté de survivants a élu domicile.
Il a reconnu les noms, au fil des pages. Le nom qu’il a su associer – il y a une éternité – à une des terroristes infiltrées à bord de leur zeppelin. Une des responsables de leur démise. Rien que pour ça, Samuel voudrait conserver ces carnets et la tenir dans une ignorance la plus totale. Pour qu’le souffre. Pour qu’elle endure, qu’elle soit punie, et que Samuel par son action puisse la punir de tout ce que cette péronnelle leur a fait vivre par l’imprudence de son coup foiré.

Au fond de lui, quelque chose lui dit que ce n’est pas juste d’ainsi la faire souffrir, que la jeune démériane n’a pas mérité d’ainsi vivre dans l’ignorance. Au fond de lui, une petite voix renchérit que s’il veut vraiment la détruire, ces carnets sont là l’option rêvée.
Que la mort d’un être cher fait mal, si mal, qu’on ne peut jamais l’oublier.
(Et il a l’impression qu’il devrait se souvenir.)
(Mais il n’y arrive pas.)


Il lui faudra quelques heures, que tombe la nuit, pour lui permettre de se décider. Il lui faudra relire dans un coin, discrètement, encore et encore le nom griffonné entre les pages, de ses parents à lui convoquer l’image, se dire qu’il ne peut pas la priver d’une telle découverte. Il a emporté les preuves avec lui, c’est bien pour en faire quelque chose, pas vrai ? Pour les remettre à quelqu’un. Elle ou un savant, si jamais ils sortent de cette jungle…
Si.

Le Sulfure ne sait même pas si lui, il sortira de cette jungle.

Cette pensée est assez forte pour le libérer. A l’heure du repas, il finit par se rapprocher de la jeune pirate responsable, en partie, de leur déchéance. (Car il leur faut un coupable, et la masse de voyous des airs s’amenuise petit à petit. ) Avec une grâce toute à lui – ses os craquent et protestent, ses muscles le lancent – la dame d’Euphoria prend place à ses côtés sans un mot, juste un signe de tête.
Par où commencer ?

« Je m’appelle Samuel. » Commencer par le plus simple, identifier son être quand soi-même on ne sait pas où l’on en est. « Pardonnez-moi de vous déranger. »
C’est risible, de ne pas avoir les mots. Il devrait savoir comment le dire, pourtant. (Pourquoi ? )
Ca fait si longtemps. (De quoi ? )
« Je vous ai vue descendre avec nous, plus tôt dans la journée. J’en déduis que vous n’avez pas fait partie des malheureux qui ont traversé des étages en catastrophe ? » Un regard en coin vers les blessés, un sourire stupide, effacé, au bord des lèvres. « Et que vos découvertes ont du être.. Intéressantes. »
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Message(#) Sujet: Re: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptyJeu 23 Juil 2020 - 15:24

Le jeune homme répond à son invitation. Il prend place. Et alors qu’Hortense ne connaissait rien de lui, voilà qu’il lui donne son prénom. Une première information qui confirme à la demoiselle qu’il souhaite bien engager la conversation. Elle ne juge pas nécessaire de mentionner le sien : le nom d’Hortense glisse sur les lèvres des apprentis aventuriers depuis le crash : elle les entend le murmurer, le faire passer entre eux. Etrangement, ça lui donnerait presque de l’importance à être ainsi connue de tous. Même si sa notoriété ne s’est pas construite sur les bonnes raisons. Mais Hortense continue de se demander ce qu’il peut bien lui vouloir cet homme. Elle se méfie. Elle sait que parmi les voyageurs, il y a de tout : de ceux qui la comprennent, de ceux qui lui en veulent, de ceux qui seraient prêts à lui faire du mal, de ceux qui s’interrogent sur les raisons des pirates. Dans quel groupe se situe ce fameux Samuel ? Peut-elle lui faire confiance ? Ravie à l’idée que quelqu’un lui adresse la parole, la démériane reste néanmoins sur ses gardes, espérant obtenir plus d’informations rapidement.

Et les premiers mots du jeune homme restent ambigus. Est-il en train de lui reprocher de s’en être encore sorti sans une égratignure quand d’autres se retrouvent blessés après l’exploration du temple ? Rodrigue fait partie de ces personnes-là, son expédition ne semble pas s’être déroulée comme prévue. Et elle, Hortense, continue de passer entre les mailles du filet. Accusation ou simple constatation ? Hortense s’interroge. Mais le ton employé par Samuel la rassure. Après tout, autant jouer le jeu et tenter de comprendre ce qui l’a vraiment poussé à venir s’installer ici, à côté d’elle. « Vous déduisez bien. » commence-t-elle. Les souvenirs de cette journée d’exploration lui remontent à la tête. Les stèles, les écritures, la protection que lui a apportée Lionel (que la demoiselle n’oublie certainement pas). « Tout s’est bien déroulé. Nous nous sommes rendu au quatrième étage sans encombres. Nous y avons trouvé des écritures malheureusement indéchiffrables mais qui promettent d’apporter des informations inédites une fois que leur mystère aura été percé à jour ». Elle embellit un peu Hortense. En réalité, elle ignore si ces symboles veulent réellement dire quelque chose. Et si c’est le cas, seront-ils d’une quelconque importance pour l’Histoire ? Mais elle ne peut s’empêcher de montrer qu’elle a su faire quelque chose de bien, en participant à cette découverte. Comme si le bien et le mal pouvaient se contrebalancer, et que cette découverte infime pouvait rayer ses erreurs passées.

On leur apporte une assiette avec de maigres victuailles dedans. L’expédition, ça creuse. Ils doivent pourtant se contenter de ce qu’ils ont pu trouver à l’extérieur. Trouver à manger n’est pas une mince affaire lorsque nul n’est capable de dire si une plante est comestible ou non. Hortense taquine un petit bout de viande, récupéré d’un oiseau lui semble-t-il. Entre deux bouchées, elle revient à sa discussion, pressée de pouvoir interroger le jeune homme à son tour. « Et de votre côté, qu’avez-vous trouvé ? Personne n’a encore fait de bilan de ce que ce temple recelait comme trésors. Y avait-il quelque chose d’intéressant à votre étage ? » Et comme il n’est pas dans sa nature de questionner ainsi un inconnu, même si c’est lui qui l’a abordée au départ, même si le contexte est bien différent de ce qu’elle a toujours connu, elle ne peut s’empêcher d’ajouter : « Pardonner ma curiosité, mais j’ai toujours voulu prendre part à une telle exploration. Je suis pressée de savoir ce qu’elle a donnée. Mes parents étaient archéologues vous savez, alors ça m’a toujours donné envie de faire pareil. Je me demande s’ils sont venus dans ce temple, un jour… »
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Message(#) Sujet: Re: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptyVen 31 Juil 2020 - 22:45

Samuel jette un œil à la petite. Est-elle vraiment plus jeune que lui ? Il n’en a aucune idée. Il n’a pas osé poser sur elle ce regard pourtant expert qu’il réserve aux femmes et aux hommes, d’ordinaire. Ce regard qui, en quelques instants, lui permet de deviner à quelques fleurons près leur dernière dépense, leurs goûts, leur nationalité. Leurs penchants aussi – mais on rentre là dans le domaine de l’intime, quelquefois, et  ce n’est pas ce que recherche la Dame d’Euphoria avec cette petite damoiselle.
Il pourrait la haîr, cette inconnue. La haïr avec une passion qu’il connaît bien : il sait, il sent qu’elle brûle déjà dans son coeur (mais pour quoi ? Mais pour qui ? ), et qu’elle embrase dans son esprit les images d’un frère curieusement jeune alors que bien des années ont du passer. Il pourrait la haïr comme son esprit lui souffle, comme sa raison abîmée par la chute lui hurle. Il devrait lui en vouloir, quelque part, il lui en voudra toujours. De nobles desseins ne rendront jamais d’horribles conséquences plus supportables…

Eux, ils ont la chance d’être en vie. On ne peut pas en dire autant des enfants présents à bord, ou de certains autres membres de la basse noblesse et fonctionnaires qui ont péri sur la route ou lors de l’écrasement du zeppelin.
Eux ils ont la chance de pouvoir continuer, le coeur lourd, à exister. La peine n’est-elle pas suffisante, Samuel, pour elle, de se savoir responsable de la mort de tant de personnes ? (En a-t-elle seulement conscience ? )

En tout cas elle ne semble pas plus amochée que lui. Quelques membres en piteux état, la crasse incrustée ici et là sur sa peau en des constellations indéchiffrables, mais elle est loin d’être à l’article de la mort. Elle a pu descendre avec elle – Samuel se souvient.< font class=samuel>« Nos linguistes sauront aider à les déchiffrer, si vous en avez pris note. » sourit-il aimablement. Par nos, il entend ceux de Sombreciel. Evidemment. Quelle autre nation pourrait-il promouvoir ? Quels autres fous, sur ce continent, pourraient vouloir déchiffrer des graffitis d’un autre autre temps dans une langue inconnue, lorsque seul l’Arvennois est en vigueur d’est en ouest ? (La langue des sables incompréhensible des barbares d’Arhab ne comptant bien évidemment pas. Samuel refuse son existence. )

De serein, son sourire se pare d’une forme de tristesse. Sous son bras les carnets se font lourds – pierres, pavés, rochers, montagnes. « Nous sommes descendus au sixième. Je ne sais pas si il était possible d’aller plus loin, notre torche avait déjà bien assez faibli, nous ne voulions pas tenter l’expérience de rester dans le noir. » La descente a été longue. Epuisante, pour celui dont le dos criblé de verres il y a deux semaines et au bras fragile le font encore souffrir. « La descente n'a pas été vaine pour mes coéquipiers. Quant à moi... »

Avec toute la délicatesse dont il sait faire preuve, ses gestes ayant cette grâce éthérée digne d’un mirage – ou d’un mensonge – il lui tend les deux carnets dont les bords ont visiblement pris l’humidité. Ici et là, la couverture est piquetée par de la mousse, s’affaisse, se tord. L’intérieur est en bon état, mais les ravages des quelques années écoulées dans un environnement aussi humide et lourd ont été faits. « Je pense que vous êtes plus légitime que moi à les lire. »
Après un petit silence, d’une voix aussi douce que possible – de celle qu’il use lorsqu’il veut à tout prix se faire pardonner, de celle qu’il use lorsqu’il souhaite se faire oublier. « Je suis désolé. »
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Message(#) Sujet: Re: En un souffle, la douleur En un souffle, la douleur  EmptySam 3 Oct 2020 - 22:10

Elle observe son visage. Des traits qui se ferment. Un air grave qui prend forme. Soudain, c’est comme si un voile s’était déposé sur Samuel. Soudain, Hortense a peur. Peur qu’il soit arrivé une autre catastrophe dont elle ne soit pas au courant. Peur que l’expédition de Samuel ait été un désastre. Il raconte. Il raconte comme si quelque chose de grave allait se produire. Elle n’existe plus que pour ce récit, Hortense, elle est aussi concentrée qu’on puisse l’être. Elle attend son point de chute. Elle sait qu’il arrive. Puis un temps d’arrêt. Le coeur d’Hortense manque un battement. Samuel transpire la tristesse, mais aussi un peu… de tendresse ? De compassion ? Quelque part, Hortense a l’impression que ce n’est pas son propre chagrin qu’il ressent, et elle ne saisit toujours pas ce qu’il fait là, à côté d’elle, à lui raconter cette histoire. Une histoire qui lui semble désormais complètement destinée. Elle ne comprend pas. Jusqu’à ce qu’elle les voie.

Hortense a toujours attaché beaucoup d’importances aux objets. Parfois uniques traces d’un passé révolu, relique d’un autre temps. Ils sont le passé dans l’avenir, la marque d’un autrefois. Elle aime à les observer, à les analyser, comprendre à qui ils pouvaient appartenir. Sont-ils passés de main en main ? Sont-ils récents ? Ont-ils un vécu ? Et puis, ils sont aussi l’incarnation du souvenir. Cette mémoire vaporeuse et intangible qui s’inscrit inévitablement dans notre quotidien. Quand elle pense à ses parents, ce n’est pas uniquement à leur apparence qu’elle songe. C’est aussi à tous ces artefacts qui les distinguaient. Un pinceau, que son père maniait toujours avec précaution pour retirer même les infimes particules de poussière qui pouvaient se déposer sur leurs précieuses découvertes. Une sacoche en cuir, dont la couleur avait passée, que sa mère portait sans cesse autour de la taille. Les carnets de ses parents, qui restaient dans leur bureau quand ils revenaient de leurs explorations. Des carnets déjà un peu abîmés par le temps, rangés sur une étagère dans l’ordre chronologique. La couverture affichait fièrement les initiales de Violette et Eustache, V. E., tracées à la plume par sa mère. Ces carnets qu’ils apportaient parfois le soir, avant que les enfants n’aillent se coucher, pour les lire avec eux et les aider à se remémorer les infimes détails de leur précédent périple.

Les deux carnets que Samuel lui tend sont différents, altérés par le temps, rongés par la nature, et pourtant il y a un peu de l’enfance d’Hortense dedans. Un peu de cet objet-souvenir. Un peu de tous ces carnets, entassés dans sa cabane : ces carnets qu’elle a récupérés, qu’elle ne s’est jamais résolu à jeter. Hortense passe mécaniquement son doigt sur les initiales, effacées par le temps, mais qu’elle n’a aucun mal à reconstituer. Son visage se lève vers Samuel. De l’incompréhension semble habiter son regard, mais en vérité, elle a compris Hortense. C’est plutôt un déni qui s’empare d’elle, avant qu’elle ne se rende compte qu’il n’y a pas d’autre explication possible. Ils n’auraient jamais abandonné leurs précieux écrits au beau milieu d’un temple. Si ces carnets sont restés là, dans l’humidité et l’obscurité de ces murs, c’est que ses parents sont là aussi. Morts. Comment ? Pourquoi ? Mille questions traversent l’esprit de la jeune fille, mais elle ne peut en formuler aucune : des larmes roulent sur ces joues, viennent s’écraser sur la couverture déjà gondolée. Voilà tout ce qu’il lui reste. Voilà pourquoi elle a fait tout ça. Et quelque part n’y a-t-il pas une part de destin dans tout ceci ? La voilà ici, à l’endroit même où ont péri ses parents. La boucle est bouclée. Son voyage n’aura pas été vain, et sa folie non plus.

« Je crois qu’au fond je le savais. Je le savais depuis longtemps. » Malgré l’espoir. Malgré sa volonté de ne pas y croire. Croyant naïvement qu’ils se pointeraient à Haut-Orge, un jour. Oui, qu’un jour elle pourrait revoir le sourire de sa mère, et se réfugier à nouveau dans les bras de son père. « S’ils sont ici c’est qu’ils sont morts de leur passion ». N’y avait-il pas de plus belle mort ?

« Merci de me les avoir ramenés » souffle-t-elle, la gorge nouée, ne sachant trop si elle parle des carnets ou de ses parents eux-mêmes. Elle aurait aimé que Côme la prenne dans ses bras. Elle aurait aimé qu’il soit là. Elle aurait aimé pouvoir en parler avec Syrah. Mais autour d’elle, il n’y a que des murs froids, l’obscurité et quelques fantômes du passé.
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